Surtout paraître cool, comme si aucune des choses qu'il me disait ne me surprenait.

« Ça te plaît d'être un loup-garou ?

– Oui.

– Et de vivre ici ?

– Oui. »

Il regardait toujours ses chaussures et me répondait par des réponses précises mais laconiques.

« Pourquoi tu ne me regardes pas quand je te parle ? »

Il arrêta de marcher et se tourna face à moi, les yeux toujours baissés.

« Je suis un peu particulier dans l'organisation de la meute et je ne veux pas que tu te sentes provoquée.

– Et si je te le demande ?

– Comme à chaque fois que tu poses une question, je répondrai. Si tu me demandes de te regarder, Je te regarderai.

– Regarde-moi. »

C'était idiot, vraiment. Je voulais juste savoir s'il obéirait vraiment. Il releva les yeux et planta son regard dans le mien. Ils étaient vert, vraiment vert. Pas noisette, pas bleu, pas marron avec quelques reflets. Non, vert. Comme de l'herbe de printemps.
Ils étaient brillants, en amande et débordant d'émotions. Je ne pouvais plus respirer. Je ne pouvais plus détacher mon regard du sien. Je voulais le prendre dans mes bras, le protéger du monde et de ses dangers. Je voulais l'aimer, et le noyer dans cet amour. Je voulais que plus jamais il ne souffre.

Myriam ? Myriam ? Tu es manipulée. Ferme les yeux.

Obéissant à l'ordre de Loup des Rêves, je baissais mes paupières, goûtant au recul de ces émotions inattendues qui disparurent en un souffle une fois mon regard coupé de celui d'Armand. Ce dernier en profita pour détourner les yeux.

« Je ne sais pas ce que tu es Myriam. Tu ne sens pas le loup. Tu ne sens rien d'autre que l'humain. Mais tu as réagi comme un loup-garou dominant. Si tu avais été membre d'une meute extérieure, tu m'aurais revendiqué auprès de Victor et vous vous seriez battus pour moi. »

J'essayais de me rassembler. Difficilement, je rebondis sur ses derniers mots. Il fit comme si tout était normal et je lui en fus reconnaissante.

« Les loups-garous se battent pour ajouter des membres à leur meute ?

– En général non, mais les loups comme moi représentent un enjeu particulier pour les meutes. Repartons, veux-tu ? Nous allons être en retard. »

J'opinai et lui emboîtai le pas. Je n'avais jamais, jamais, ressenti ça auparavant. Ça faisait beaucoup d'émotions en peu de temps et j'étais vraiment chamboulée quand nous arrivâmes devant la porte qui devait être celle du bureau de Victor.
Armand me lança un rapide regard par en dessous, évaluant mon état. Ses narines frémirent.

« Est-ce que tu veux prendre quelques minutes avant que nous entrions ? »

Je tendis mon esprit vers Loup des Rêves pour qu'il me conseille sur l'attitude à adopter.

Ça ne servirait à rien, c'est normal que tu perdes un peu pieds avec tout ce qu'il s'est passé en moins de 24 heures. Tu n'as pas la possibilité de prendre une douche avant d'entrer dans le bureau, donc même si tu prends quelques minutes pour te calmer vraiment, il sentira toujours sur toi l'odeur de tes émotions passées. Autant y aller comme ça. De plus, sans que tu aies l'air d'une proie, si tu as l'air un peu fragilisée la pulsion première de Victor sera de te protéger. Tu ne fais pas partie de sa meute mais tu es son invitée. Autant utiliser ton trouble à notre avantage. Évite seulement de croiser le regard d'Armand une fois que vous serez dans cette pièce.

Le Chant de la LuneUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum