J'avais donc réalisé deux choses nouvelles depuis notre départ de l'appartement. Quand il s'agissait de loups-garous, il fallait que je me fasse violence pour ne pas présumer de l'âge de mes interlocuteurs en fonction de leur apparence et... Les loups-garous ne craignaient pas le froid.

Perdue dans mes pensées et absorbée par ce charmant spectacle je n'avais pas prêté attention aux autres hommes qui s'étaient rapprochés de nous, guidés par Victor. Ce dernier me présenta aux membres de la meute en précisant que j'étais l'humaine qui avait recueillie Nathan et repoussé Maurice de son appartement. Ils étaient trop nombreux pour que je note les réactions de chacun à cet énoncé, mais personne ne resta de marbre. Deux d'entre eux ricanèrent et se moquèrent gentiment de Maurice qui répondit à leurs moqueries avec grâce, les autres paraissaient pour l'essentiel perplexes, curieux ou même vaguement inquiets. Personne ne me posa directement de question.

« Myriam, vous connaissez déjà Maurice, qui est mon troisième lieutenant. Laissez-moi vous présenter Robin et Joseph, qui sont respectivement mon premier et second lieutenant. »

Les deux hommes, ceux qui s'étaient gentiment moqués de Maurice, m'adressèrent immédiatement des saluts cordiaux et accueillants. Ils semblaient avoir un air de famille, châtains tous les deux et les yeux noisette. Ils avaient plus l'air de deux pitres que de deux lieutenants. Je leur tendis la main et chacun me la serra volontiers.

Dans ma lancée j'entrepris de saluer tous les autres jeunes hommes alors que Victor les présentait.

« Marcel, Joris, Alex, Adrien, Sam et Armand. Messieurs, je vous demande de traiter madame Petit avec tous les égards dus à une invitée de la meute.»

Un murmure d'assentiment lui répondit et je leur souris avant de froncer les sourcils et de demander à Victor :

« Il n'y a pas de femme ?»

Victor sourit, et leva un sourcil interrogatif en direction de Joseph.

« Elles ont chassé ce matin et ne sont pas rentrées tôt. Je pense qu'elles sont toutes en train de se doucher, répondit le jeune homme.

– Non pas toutes ! »

C'est une créature bondissante et joyeuse qui venait de crier ça avant d'atterrir dans les bras de l'alpha, qu'il tenait grand ouverts pour la réceptionner. Elle lui claqua un bruyant baiser sur les lèvres et ses yeux rieurs croisèrent les miens. Je devais avoir l'air parfaitement ahurie parce qu'elle laissa échapper un petit rire et entreprit de sortir des bras de son compagnon. Elle était brune, ses cheveux longs étaient lâchés en belles boucles et ses yeux noirs faisaient échos à ceux de son compagnon. Elle était magnifique, avec de faux airs de Monica Bellucci dans sa jeunesse, en un peu plus... Intense. Carrément plus spectaculaire que son mec !

Elle aussi me tendit la main pour que je la serre et, d'une manière ou d'une autre, elle avait sûrement capté mes pensées car elle arborait un air un peu gourmand et me retint la main deux secondes de trop, en me ronronnant de l'appeler Marina.

Je me sentis rougir violemment et tout le monde éclata de rire. Je ne savais plus où me mettre. Maurice, devenu mon meilleur ami depuis quelques minutes me tapota l'épaule en me disant :

« Ça va, ça va, ne vous inquiétez pas, elle fait cet effet à tout le monde. Et encore, vous n'avez pas vu les quatre autres. Quand elles sont ensemble, on les surnomme les Spice Girls. »

Essayant de me reprendre, je tentai de me concentrer sur ce que me disait Maurice.

« Les Spice Girls... ? Mais pourquoi ? »

Je lançai un nouveau regard à la belle brune, ne lui trouvant aucune ressemblance particulière avec l'une des 5 filles du groupe de musique.

« Parce qu'elles font pleuvoir les hommes !

– Et les femmes ! » Cria l'un des garçons de l'assemblée.

À nouveau tout le monde se remit à rire, mais cette fois je ris avec eux.

« Quoi les femmes ? »

Elles étaient quatre, sortant tout juste par la baie vitrée. Deux blondes, deux brunes. Aucune n'était aussi spectaculaire que Marina, mais elles étaient toutes belles et vibrantes.

« Madame Petit, que nous accueillons comme notre invitée, vient d'avoir un petit moment d'absence en rencontrant Marina, alors Joris élargissait vos compétences de Spice Girls aux femmes, répondit Victor, très calmement.

– Ah ouais... ? » Répondit une brune aux cheveux courts en m'évaluant de la tête aux pieds d'un regard appuyé, arborant un sourire en coin.

À nouveau, je sentis le rouge me monter aux joues et une vague de rire déferla à nouveau sur le petit groupe.

Victor nous laissa quelques minutes pour nous calmer avant de reprendre la parole :

« Nous allions passer à table, voulez-vous vous joindre à nous ? »

Nathan était toujours blotti contre son oncle, même s'il avait ri avec nous quelques minutes plus tôt. Et maintenant qu'une sorte de camaraderie semblait naissante, il aurait été dommage de décliner.

« Avec grand plaisir ! »

L'alpha approuva ma décision d'un signe de tête et se tourna vers un de ses hommes.

« Alex, peux-tu prendre leurs affaires et déposer celles de madame Petit dans la chambre bleue, et celle de Nathan dans la petite chambre à côté de la salle de jeux ? »

Le dénommé Alex se jeta sur nos sacs avec un dynamisme remarquable. Juste avant qu'il parte avec en courant je l'interrompis :

« Attendez ! En fait, attendez tous, j'ai quelque chose à vous demander.»

Tout le monde se tourna vers moi, d'un air concentré.

« Tutoyez-moi, s'il vous plaît.»

A nouveau un brouhaha joyeux s'éleva mais c'est Maurice qui me répondit :

« Comme tu le souhaites. »

Tout le monde se dispersa peu à peu, principalement pour se rapprocher du barbecue d'où s'échappait une fumée parfumée et appétissante. Un peu empruntée, je restai plantée près de la voiture avec Nathan, son oncle et Maurice. Nathan me lança un regard un peu étrange.

« Oui ? L'encourageai-je à parler.

– J'aurais pas dit que tu préférais les filles.»

Je haussai les épaules d'un air que j'espérais désinvolte.

« Et tu n'aurais pas eu tort. Je n'ai pas vraiment de préférence.

– Ah oui ? Pourtant tu n'as pas rougi en rencontrant les hommes et ils ne sont pas mal non plus !

– C'est vrai... Mais aucun d'eux ne m'a fait du rentre dedans comme ces femmes !

– On n'était pas là pour la draguer gamin, on était là pour te retrouver. Mais peut-être que maintenant que tu es en sécurité, les plus jeunes et les célibataires se laisseront aller à essayer de la faire rougir à leur tour puisque grâce à toi tout le monde sait qu'elle n'a pas vraiment de préférence.»

Je lançai un regard surpris à Maurice.

Il haussa les épaules d'un air vaguement coupable et me sourit.

« A cette distance ils ont tous entendu ce que tu viens de dire à Nathan.»

Je me tournai vers le barbecue et je vis plusieurs hommes me regarder avec un air amusé.

Voilà qui promet de chasser l'ennui !

Oui, Loup des Rêves, c'est sûr qu'on s'ennuie beaucoup depuis hier soir, ouloulou !

« Aller, allons manger quelque chose.»

Et j'entraînai tout le monde vers le barbecue. 

Le Chant de la LuneWhere stories live. Discover now