Chapitre 35

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La route me semble horriblement longue. J'ai tellement hâte de voir la vieille voyante. Ce qui est totalement contraire à ce que je pensais avant de faire cette rencontre avec madame Hirma. Je me demande comment ça se serait passé si je n'avais réellement pas voulu aller la voir. Est-ce que nous serions où nous en sommes ? Non, nous n'aurions pas chercher à récupérer la tant convoitée chevalière. Mais est-ce que je serais en couple à l'heure actuelle avec Skoll ? Je l'ignore, nous sommes âmes-sœurs donc s'était dans un sens, prédéfini mais est-ce que ça aurait pris plus de temps ? Ou moins ? 

Dire que même quand tout semble aller pour le mieux, je me pose des questions qui n'ont plus lieu d'être. Je me désespère. Comment ai-je réussi à me supporter dix-huit années de ma vie ? Sûrement parce que je ne m'en rendais pas compte. J'esquisse bêtement un sourire, je repense à mon comportement ces derniers temps. Je me suis adoucie d'un coup. Bien que la raison à cela est évidente.

Skoll. 
Encore.
Et toujours.
Skoll.

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, en sa compagnie j'ai eu un impressionnant changement : j'étais la Sélini chiante, avec un mauvais caractère et je partais au quart de tour pour un rien, puis je me suis quelque peu assagie,  vraiment un petit peu. Puis vient le moment où le pire de moi arrive comme un séisme, côté fou, à tendance psychopathe et meurtrière dont je n'avais même connaissance. Et enfin, le côté de maintenant, joyeuse, calme et soyons franc, trop philosophique.

Je regarde un instant l'homme à côté de moi, l'homme dont je suis tombée amoureuse tellement facilement. Les yeux clos, il n'a pas du tout l'air ce qu'il est réellement, c'est à dire aussi chiant de moi. Si les anges existaient, il pourrait en être un sans problème. Mouais, du moins qu'en apparence bien évidemment.

Regardant de nouveau la route, je double une voiture, prenant soin de regarder dans le rétroviseur avant de doubler. Il y a seulement un Chevrolet noir dont les vitres sont tintées, à l'arrière. Il est assez loin derrière nous alors je peux sans problème dépasser sans risqué qu'il me double avant. Accélérant légèrement et allant sur le côté pour dépasser la carcasse roulante devant je remarque que la voiture noire derrière nous accélère soudainement.

Je fronce les sourcils ,me rangeant rapidement sur le côté après le doublement. Je n'ai absolument pas confiance en ce Chevrolet. Je commence à tapoter sur le volant, agacée par l'abruti de conducteur au volant de cette voiture. Si il veut faire la course avec moi c'est sans problème, mais il risque de finir encastré dans un arbre de la route qui passe dans une forêt.

Changement de comportement numéro un.

Surveillant le véhicule noir dans le rétroviseur central, je jette un coup d'œil au visage de Skoll, toujours endormi ,la tête contre la vitre. Je dois me mordre l'intérieur des joues pour m'éviter d'ouvrir la fenêtre...et me retenir de rire.

Changement de comportement numéro deux.

En instant le Chevrolet est à côté de notre véhicule. Mon agacement revient aussi vite qu'il est partie. Je vois la vitre tintée descendre lentement. Si il ose montrer sa tête pour me narguer je lui fais une tête à queue.

Et changement de comportement numéro trois en moins d'une minute.

La vitre totalement baissée, mon regard croisant celui du conducteur et mon sang qui se glace. Je grince des dents et accélère d'un coup ,ne me préoccupant plus de la limitation de vitesse. Deux vies en jeu, la mienne et celle de Skoll. Le présumé meurtrier ? Elec, au volant de ce Chevrolet. Mais quel conducteur de merde ! La période probatoire n'est pas encore finie pour lui, je crois.

« Merde, merde, merde ! » Jurais-je bas, tout en continuant d'accélérer sur la pédale.

Pourquoi n'y a t-il pas un seul moment où, nous n'avons pas d'obstacle pour parvenir à nos fins tranquillement ? Ce serait trop facile c'est ça ? Bien évidemment ! J'aurais du m'appeler Guenièvre de Saint Alphonse je suis certaine que j'aurais eu une vie paisible.

Le Chevrolet d'Elec a bien plus de puissance que la voiture dans laquelle nous roulons,  il s'avance rapidement. Beaucoup trop rapidement à mon goût. Il me double, faisant une tête à queue comme dans les séries policières, me bloquant ainsi le passage.

Je suis certaine que derrière le pare-brise il a son foutu sourire en coin qu'il garde pour ses sales coups. Je vois son bras sortir par la vitre qu'il n'avait pas fermé. Il tapote avec ses doigts sur la portière tandis que j'arrête le véhicule, tapotant avec mes ongles le volant.

La portière s'ouvre à la voler pour laisser sortir un fou de sa cage. Elec, les mains dans les poches de son jean noir ,me fixe avec son sourire en coin. Une idée fait son apparition dans mon esprit. Monsieur à l'air de vouloir que je descende à mon tour, très bien. Je détache ma ceinture et me redresse sur mon siège, prête à descendre.

C'est dangereux ce que tu vas faire Sélini.
Ce n'est pas comme si j'avais trop le choix Moon.
Pourquoi ne pas converser comme des personnes civilisées et matures ?
C'est pas le moment de me faire rire Moon !

Je soupire, légèrement amusée par les paroles de ma louve. Civilisées et matures hein ? C'est la blague du siècle quand on associe ces termes à Elec. Je le fixe à travers le parebrise. J'amorce le geste d'ouvrir la portière. Sauf qu'au dernier moment, j'appuie fortement sur l'accélérateur positionnant rapidement mes mains sur le volant pour diriger le véhicule. Je vois l'expression de surprise d'Elec se changer en une expression de colère, de haine. 

C'est sur que tu peux être en colère coco, avoue que tu ne t'y attendais pas. 

Je fonce sur le côté, j'ai l'impression que seulement un millimètre sépare les deux voitures, je ne pensais même pas que ça allait passer pour être franche, j'y suis allée au talent comme on dit. L'instant d'après je regarde dans le rétroviseur pour y voir un Elec totalement enragé en train de donner un coup dans la portière du Chevrolet.

Même si j'étais en colère je n'irais jamais, JAMAIS donner des coups dans un Chevrolet !

Bien que surprise que notre ennemi ne nous poursuive pas, je ne perds pas ma concentration sur la route.
Je sais qu'au moment opportun, il sèmera le désastre, il devient à chaque bataille plus fort, plus fou. Et je sais très bien, que ce sera extrêmement difficile de le battre. Nous faisons tout ça dans le seul but de vaincre une seule personne, mais qui nous dit que ce ne sera pas lui qui nous vaincra ?

Après mille et une réflexions ,je stoppe la voiture, devant la maison de la voyante. Je sourire quand je vois qu'elle attend patiemment devant sa porte ,les mains croisées devant son corps avec un sourire. 

Nous y voilà, enfin.


L'élue de la lune [Terminée]Where stories live. Discover now