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Tout allait bien entre Abigail et moi, et ça avait tendance à me surprendre. Dès que je m'étais remise de notre baiser, je l'avais suivie dans la chambre – surtout parce que le confort du canapé n'était pas au rendez-vous – et j'ai pu constater qu'elle avait bien troqué nos draps pourris par la présence d'Isa pour des tissus bleus turquoise avec comme unique parfum, celui de la lessive. Évidemment, ça n'allait pas avec la décoration initiale de la chambre mais je n'allais certainement pas m'en plaindre.

J'ai passé ma nuit à la câliner comme une enfant avec son doudou, j'avais arrêté pour la première fois depuis notre sorte d'idylle de me poser des questions sur moi, sur elle, sur nous, et ça m'avait fait un bien fou. Lorsque j'y songe, poser des mots sur ce que je ressens peut être assez destructeur, donc je ne le fais plus, et j'espère qu'Abigail ne le fera pas.

Cependant, quelque chose vient entacher mon humeur malgré moi. Après demain, nous retournons au pays, donc finit la semaine en Italie, finit la colocation avec mes meilleurs amis et pire encore, finit de passer mes nuits avec Abigail. Depuis que je me suis réveillée ce matin, cette idée me torture l'esprit.

Je sais que à peine nous aurons quitté l'avion pour retrouver la terre ferme que tout ce qu'il s'est passé sera t'oublier, c'est comme ces amourettes de vacances que l'on ne revoit jamais, sauf qu'avec Abigail, on se reverra, mais en tant que simple connaissance.

D'ailleurs, allons-nous reprendre ce statut « d'ennemi »? Est-ce que c'est ce qu'elle prévoit?

— Wow, encore un peu, et tu surchauffes.

Je me retourne vers Abigail qui est encore emmitouflée dans sa couette bleue et qui a toujours son air ensommeillé et sa voix rauque matinale.

— Je te demande pardon? dis-je en riant un peu de ce que je vois.

— J'en sais rien, rétorque-t-elle en haussant les épaules et en s'allongeant sur le dos, tu m'as juste l'air de beaucoup réfléchir.

Je me contente d'hausser les épaules, en me levant.

— Pas tant que ça, souffle-je en rejoignant la salle de bain.

A peine ai-je refermé la porte derrière moi que j'accoure à la douche italienne qui ne fera bientôt plus partie de mon quotidien et inutile de préciser quelle va bien me manquer. Presque par automatisme, j'attrape le gel douche d'Abigail et en verse une bonne quantité sur mon corps, dès que je le repose, il me semble presque vide mais que voulez-vous, j'adore cette odeur.

Des que je quitte la salle de bain, je rejoins l'extérieur de la chambre pour me joindre aux autres. Dans la cuisine, je ne sens aucune odeur de petit déjeuner tout préparer et je n'entends pas Julian déblatérer sur des sujets qui nous intéressent à peine. Où sont mes amis?

Je fais vaguement le tour de la maison, personne en vue. Nous ont-ils abandonné et sont-ils rentrés au pays sans nous? Je comprends qu'ils aient laissés Abigail, mais moi? Franchement.

Je me rue à l'étage pour rejoindre la chambre d'Elisa et c'est sans surprise que je retrouve un amas de fringues éparpillées dans la pièce. Bordélique, pour ne pas changer.

Au moins, ces vêtements sont là, donc elle reviendra, comme tout le reste de mes amis.

Je retourne dans notre chambre et Abigail relève la tête dès que je prends mon téléphone avec hâte. La première personne que j'appelle est Julian car il a la particularité de répondre au téléphone en toute circonstances.

— Quelque chose ne va pas? demande Abigail soudainement soucieuse en s'éloignant des tiroirs pour me rejoindre.

Elle a certainement dû remarqué mon inquiétude pour mes amis mais je n'ai pas le temps de lui répondre car au bout de la troisième sonnerie, il répond.

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