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C'est assez fou tout de même. Le nombre de battements à la seconde que peut faire mon cœur. Cela m'inquiéterait presque si je ne venais pas d'échanger le baiser le plus puissant de ma vie.

Nous sommes immobiles, comme figées par les événements. Je n'ose pas bouger et je pense qu'elle aussi. Je suis clairement stoïque et je rassemble tout les éléments que mon cerveau peut assimiler et me transmettre pour comprendre ce qu'il vient de se passer, et désormais, un unique sentiment domine tout ce qui ont pu être actifs il y a peu, il s'agit de la peur.

J'ai peur de ce qui va se passer maintenant. J'ai peur du moment où nos corps vont reprendre leur route dans deux chemins différents.

Je sens Abigail être tendue contre moi, ses mains sont encore durement pressées sur les bordures de ma mâchoire, sa respiration est lourde et je pense que à l'instar de moi, elle appréhende les minutes à venir.

Mais qu'est-ce qui lui a prit, bon sang?

Après de longues secondes où seul le silence était roi, elle ouvre les yeux pour rencontrer les miens. J'arrive enfin à lire en elle en observant ses yeux bleus-verts qui me fascine depuis toujours, ils me montrent sa crainte, comme une biche à la portée d'une lionne, elle se trouve a nouveau vulnérable car ce n'est plus elle qui tient les rênes, à présent c'est moi. Et ce, depuis qu'elle m'a montrée qu'elle n'était pas faite de roche mais bien de chaire comme nous tous, qu'elle aussi peut être ébranlable.

Tout ce qui vient de se passer était réel, ce n'était pas le fruit de mon imagination, pourtant, j'ai du mal à le réaliser. Je viens d'embrasser mon ennemi et désormais, même elle semble déboussolée. Avec le regard qu'elle vient de m'accorder, je n'ai pas le droit de la brusquer en fuyant. Ça serait terriblement mesquin, égoïste et mauvais, surtout que je n'ai pas envie de lui faire ce mal.

— Tes lèvres ont un goût de cigarette, lance-je innocemment.

Elle s'écarte et m'observe pendant une longue seconde, sûrement retournée par ma première et unique remarque.

— Je te demande pardon? murmure-t-elle en plissant les yeux.

— Ne le prend pas mal, dis-je doucement pour ne pas la brusquer. Ça ne m'a pas dérangée, je veux juste dire que tu avais un goût de clope.

Je me maudis presque pour rendre la situation encore plus embarrassante. Tout ce que je disais et qui ose franchir mes lèvres est pour détendre l'atmosphère qui bien trop tendue à mon goût. Cependant, la fille en face de moi ne m'aide pas du tout.

Très bien, alors je récapitule : mon ennemie m'embrasse, je fais comme si de rien était en lui épargnant de l'embarras supplémentaire et elle est décontenancée.

C'est clairement l'hôpital qui se fout de la charité.

— Je vois...

Elle se passe une main sur le visage avant de rire doucement, un peu plus détendue.

— On devrait aller se coucher, murmure-je en souriant.

Elle se contente de hocher la tête. Nous entrons alors dans la pièce qui est entachée par les ténèbres et nous nous dirigeons droit vers le lit. La pénombre dans la chambre me fait trébucher sur je-ne-sais-quoi alors que j'essaie d'atteindre le lit et sans que ça ne m'étonne, j'entends un ricanement que je ne connais que trop bien.

— Oh, la ferme, lance-je a voix basse même si aucun mot n'ont été prononcé.

— T'es vraiment pas foutue de mettre un pied devant l'autre, ricane-t-elle alors qu'elle plonge sous les couettes.

Il est vrai que je suis malhabile, et ce, depuis toujours, mais je ne permets pas que l'on se moque de moi sans s'attendre à des représailles. Donc, avant de m'allonger à ses côtés, je me mets à genoux sur le matelas, attrape mon coussin et l'assène de coups avec ce dernier.

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