Back To Thrills

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Fade.

C'est le goût qu'ont ses lèvres. Aucune étincelle, aucun frisson, aucun tremblement. Je suis juste là, ma bouche touchant la sienne.

C'est là que je sais qu'importe la réaction d'Abigail, je n'ai pas gagné. Au contraire, elle m'a battue à plat de couture à mon propre jeu sans même lever le petit doigt.
J'ai envie de vomir, l'alcool que j'ai bu n'y est pour rien. Ce sont les mains de cet homme qui me touchent qui me mettent hors de moi – et pas dans le bon sens.

Là, je regrette d'être venue, je regrette d'avoir rencontré Adriano, je regrette d'avoir engagé une séduction avec lui, je regrette avoir défié Abigail, je regrette l'avoir embrassé lui.

Je le repousse doucement, ne voulant pas le brusquer. J'ai envie de pleurer, de fondre en larme, juste ici, en face de lui, mais je n'oublie pas qu'elle nous regarde. Il me sourit, pensant certainement que j'y ai pris du plaisir, que j'ai aimé ça mais c'est tout le contraire.

Pourquoi est-ce que j'ai fais ça?

— Excuse moi, je reviens, lui dis-je comme si de rien n'était.

Il hoche la tête doucement, me voyant déjà revenir. Il me donne la nausée. Je traverse la piste de danse, certains se heurtent à moi, d'autres en profitent pour délaisser leurs mains sur mon corps l'espace d'un instant. Cet endroit est horrible, je veux juste mettre les pieds hors de cet établissement.

J'atteins enfin la porte de sortie et le courant d'air qui me frappe ne calme en rien mon état. Les larmes que je retenais auparavant dévalent, sans mon aide, mes joues et atterrissent où le vent les portent. Je déteste agir ainsi, je déteste pleurer, je déteste être faible mais ce soir, il n'est plus question de ce que j'aime ou déteste, je me sens juste horrible. La sensation que je ressentais quant à mes gestes qui semblaient interdit n'était pas le fruit de mon imagination, elle était bien là.

J'expire et inspire lorsque dans la boîte résonne une musique que j'ai déjà entendu à la radio, il me semble qu'elle s'intitule « I'm A Mess » (je suis un gâchis) et c'est tout pile ce que je ressens. Je me demande même si cette musique n'a pas été écrite pour moi pour ce contexte précis.

Les gens arrivent et viennent en me dévisageant, me donnant l'impression d'être d'autant plus pathétique que je ne le suis déjà, alors que j'écoute le refrain.

I'm a mess, I'm a loser (je suis un gâchis, je suis une perdante)

Un bruit de talon se fait entendre derrière moi et je semble les reconnaître comme par instinct.

I'm a hater, I'm a user (je suis une ennemie, je suis une utilisatrice)

C'est lorsque j'espère me tromper qu'une main m'attrape le poignet pour me retourner violemment.

I'm a mess for your love, it ain't new (je suis un gâchis pour ton amour, ce n'est pas nouveau)

La première chose que je vois après mon tour a cent quatre-vingt degrés est le regard de mon ennemi, plus intimidant que jamais.

I'm obsessed, I'm embarassed (je suis obsédée, je suis embarrassée)

Ses yeux habituellement avec cette étincelle sont désormais noirs de colère et sa main sur mon poignet ne fait que de resserrer sa prise.

I don't trust anyone around us. (je ne fais confiance à personne autour de nous.)

Les gens passent en nous observant comme si nous étions folles et c'est peut être le cas.

I'm a mess for your love, it ain't new (Je suis un gâchis pour ton amour, ce n'est pas nouveau)

Je suis complètement déboussolée lorsqu'elle m'accorde cette haine sans que je ne lui ai rien demandé. Mais je me sens tellement horrible, j'ai besoin qu'on me le fasse savoir. J'ai besoin d'elle pour me prouver que j'ai merdé, que c'est tout ce que je sais faire.