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Nous sommes retournés au rivage, chacun possédant une serviette. Caleb et moi en partagions une. J'ai clairement pris mon aise avec lui et je sens que le stade « amis » s'éloigne peu à peu. Je crois même qu'il n'existe plus. Je me suis mise sur ses genoux et je refoule l'idée qui m'y a incitée : voir Abigail en colère. Et ça n'a pas raté, depuis que je suis installée là, à jouer avec les cheveux de mon ami, elle ne cesse de me foudroyer du regard et je lui rend son sourire satisfait de tout à l'heure.

C'est bizarre mais j'aime le fait qu'elle ne me veuille pas être proche de Caleb. Je ne suis pas idiote et aussi innocente, mais la raison pour laquelle elle s'efforce de nous séparer m'échappe totalement.
Me déteste-t-elle au point de vouloir que personne ne veuille de moi?

Je soupire, et jette un dernier regard à Abigail, plus franc et sérieux, lui demande silencieusement pourquoi mais elle détourne seulement le regard, sèche. Elle vient certainement d'abandonner.

— On devrait se refaire ça plus souvent, suggère Anna, en mâchant son sandwich.

— Arrête de parler la bouche pleine, soupire Julian.

— Si elle veut parler la bouche pleine, elle le fait, sourit Yann en passant un bras autour de ses épaules.

On sourit, surtout lorsque Yann embrasse Anne sur le front. Je les trouve en tout point adorable et pour rien au monde je voudrais les voir séparer. C'est un peu le couple mythique du groupe, ils sont ensemble depuis qu'ils ont l'âge de quatorze ans. Ça va bientôt faire cinq ans qu'ils s'aiment et je trouve ça plutôt beau.

Je regarde l'heure à ma montre et elle indique deux heure trente du matin. Le temps passe tellement vite et j'écarquille les yeux quand je vois qu'on a passé bien plus de temps ici que je ne le pensais. Je pose ma tête sur l'épaule de Caleb, étant subitement fatiguée. Il porte à ma joue sa main et caresse ma pommette à l'aide de son pouce. Je fronce les sourcils lorsque je me rends compte que son touché n'est pas aussi stimulant que celui d'Abigail, aucune montagne russe dans mon estomac, aucun frisson dans l'échine, mon cœur maintient un rythme constant et la chaleur que je ressens est simplement dû à l'image que j'ai en tête d'Abigail sous le claire de lune, me regardant avec un aire joueur.

Je me redresse, ignorant l'incompréhension de Caleb et vais chercher mes vêtements mis de côté en attendant d'être séchée. Je les enfile lorsque je me retrouve à une assez bonne distance des autres et j'entends des pas derrière moi. Je me surprends à souhaiter que ce soit Abigail qui revient pour me faire perdre la tête une nouvelle fois, car, même si il est dure de l'admettre, j'aime la détester.

— Tout va bien? demande Isa alors que je me retourne vers elle.

— Oui, lui souris-je un peu déçue. Je suis seulement un peu fatiguée.

Elle hoche la tête.

— T'es sure que ça n'a rien avoir avec le fait qu'Abigail t'assassine du regard? Je veux dire, je l'aime bien, elle est mon amie tout autant que toi mais je ne veux pas qu'elle te fasse du mal gratuitement, tu comprends?

Je secoue la tête, flattée que mon amie s'inquiète pour moi et veuille s'assurer que Abigail ne me maltraite pas. Elle est insupportable certes, mais pas au point de me faire sombrer dans une dépression.

— Non, souffle-je. Je m'en fous un peu si elle trouve que passer son temps à m'admirer vaut mieux que de  passer une bonne soirée avec ses amis.

— Et tout à l'heure, lorsque vous êtes allé à la voiture, elle ne t'a rien dit?

— Non, mentis-je en secouant la tête, rien qu'y en vaille la peine.

* * *

On retourne enfin sur le parking, tout le monde est sur le point de s'évanouir entre ceux qui sont morts de fatigue et ceux qui sont alcoolisés. Nous remettons les bouteilles vides dans la glacière histoire de ne pas salir la belle plage et je pique quelque marshmallow du sachet de Caleb. D'ailleurs avec celui-ci, je suis un peu perdue. On ne s'est pas quitté de la soirée, est-ce que ça veut dire que nous sommes en train de former un couple? Je veux dire : je crois lui plaire et il me plaît, donc, je ne sais pas. Depuis le jeu, on ne s'est pas embrassé et je ne sais pas où nous en sommes. Je dois avouer que je suis nulle lorsque ça concerne les histoire d'amour.

— C'est dans la boîte, dit Yann en refermant le coffre de la voiture de Ronald.

D'ailleurs celui-ci est toujours aussi silencieux. Je me demande comment il fait pour que j'en arrive même à oublier sa présence.

Tout le monde comprends alors qu'il est temps de rentrer chez soi, Anne, Ronald, Yann et Elisa viennent me dire au revoir et me taquine sur le fait que finalement je me suis bien amusée – petit clin d'œil vers Caleb. Je ne m'étonne pas lorsque Abigail saute à nouveau le moment de me dire au revoir mais elle ne m'épargne pas un regard qui en dit long et à la fois rien du tout.

Je fronce les sourcils une nouvelle fois, voulant décrypter ce qu'elle veut dire mais rien. Elle n'est pas agressive, elle m'observe seulement pendant que les autres se disent au revoir.

Ce jeu de regard plane pendant quelques secondes avec qu'Isa aille la prendre dans ses bras et je me raidis lorsqu'elle lui rend son étreinte en fermant les yeux.

J'en ai assez de les observer se tenir l'une l'autre comme si elle n'allait pas se revoir pendant un millénaire, non mais sérieux! J'entre dans la voiture et récupère la même place que tout à l'heure, attendant impatiemment que les autres me rejoignent.

Le chemin du retour se fait dans le silence, je n'ai pas adressé la parole à Isa de tout le trajet, ne sachant pas réellement pourquoi je lui en voulais. Ma tête posée contre la vitre, je songe à la soirée que je viens de passer et à tout ses moments et je dois avouer que même si ça fait un an que je les connais et certains beaucoup plus de temps, je viens d'en apprendre énormément sur eux, Caleb, Isa et Abigail.

Quand je rentre chez moi, je me jette directement sous la douche, évitant de penser au fait qu'il est quatre heure du matin et que je ne vais pas tarder à m'effondrer sur le sol. Alors que l'eau fraîche s'abat sur ma peau et que les quelques grains de sable se font chasser, je m'adosse au mur de la douche repensant au regard d'Abigail encré dans le miens. Lorsqu'elle semblait m'interdire de m'approcher de Caleb, lorsqu'elle voulu m'éloigner de lui, loin de son touché. C'est là que la plus folle des interprétations me passent par la tête.

Abigail Walter était jalouse.

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Ce chapitre n'est pas l'un de mes préférés mais je le trouve nécessaire pour la suite.

Tout de même, vous avez aimé ?

Vous pensez quoi de Isa et Caleb? Je suis un peu curieuse, je dois l'avouer. ;)

Merci ! :)

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