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Les rires fusent à peine lorsque nous passons la porte d'entrée, tout le monde est de bonne humeur. Même Abigail qui était perplexe à l'idée de sortir de la maison ce midi à un visage illuminé par son sourire et je dois avouer que je suis heureuse que ma petite blague du matin n'ai pas massacrée son humeur.

On se disperse tous, ensuite. Les filles – sauf moi – vont à l'étage, tandis que l'intégralité des garçons s'affalent sur l'immense canapé du salon. J'intercepte rapidement Julian et m'assieds à côté de lui en le fixant un sourire en coin.

— Qu'est-ce que t'as fait encore? ricane-t-il.

— Est-ce que je suis obligée d'avoir fait quelque chose? fais-je l'innocente.

Il me fixe incertain et je poursuis malgré moi :

— Bon d'accord, j'ai fais quelque chose.

Il lève les yeux aux ciel et m'indique d'un signe de la main de continuer tant que je suis lancée.

— Et bien, dit-je avec un grand sourire, j'ai un peu flirté pour toi à la pizzeria. Tu sais la fille que t'arrêtais pas de regarder comme un psychopathe? Figures-toi qu'elle est très gentille, j'ai parlé cinq bonnes minutes avec elle et je peux te dire que la petite Rosa est faites pour toi.

— Quoi? s'exclame-t-il, son visage devenu écarlate.

Je trouve que les actes ont plus de sens que les mots, donc je sors le ticket de caisse qui faisait office de carte de ma poche arrière et le donne à mon ami. Il semble un peu confus mais soudain son visage s'illumine, il lit avec attention les quelques chiffres qu'il peut lire et se retourne vers moi.

— Pourquoi t'as fais ça? me demande-t-il soudain.

— Et bien, parce que je suis adorable, répondis-je évidemment.

Il m'embrasse le sommet du crâne avec un « t'es la meilleure » et s'empresse de rejoindre un lieu calme où il peut l'appeler mais à peine il disparaît sur la terrasse qu'il revient, soudain sans expression sur le visage.

— Putain, je parle pas un mot d'italien.

— Elle parle également anglais, ris-je de son soudain changement de comportement. Ne t'inquiète pas, c'est déjà dans la boîte. J'ai vu à la pizzeria comme elle était en train de te reluquer, restes toi-même et elle va t'adorer.

Il respire un bon coup et hoche la tête vigoureusement.

— Merci, dit-il un peu plus confiant. Je t'assure que je te revaudrais ça.

Il retourne derechef sur la terrasse, gonflant la poitrine pour se convaincre de son courage tandis que je monte à l'étage. Embêter Abigail me manque un peu.

Des que je rentre dans notre chambre, je la trouve allongé sur les draps, le bras sur les yeux. Elle est épuisée, c'est pour ça que je pense que c'est le bon moment pour simuler une petite crise de colère. Je souris presque tendrement en la voyant aussi sereine et tout d'un coup, je hurle presque :

— Non mais c'est quoi ce bordel !

Elle sursaute, les yeux écarquillés et je continue sur le même ton.

— C'est quoi ces fringues que tu balances à droites et à gauche. Cette chambre est une véritable porcherie. T'as intérêt à me nettoyer tout ce bazar.

Elle regarde autour d'elle et la pièce est carrément impeccable, seul le gilet gris qu'elle portait aujourd'hui est sur le dossier de la chaise. Son regard est plein d'incompréhension quand je cède dans un fou rire. Elle semble comprendre la supercherie et me regarde avec des yeux d'assassins.

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