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Bouge Mary! Fais quelque chose! me hurle ma conscience.

Mais je n'en fais rien, je reste immobile comme hypnotisée par son regard. Je suis clairement en train de perdre le contrôle de mes émotions et plus rien ne va. Je n'arrive même pas à savoir lesquelles dominent à cet instant T. Tout ce que je sais, c'est que si personne ne vient nous interrompre, nous sommes capable de rester dans cette position pendant des heures, voire même y passer toute la nuit.

Et comme si le Seigneur avait entendu mes pensés, on frappe à la porte de notre chambre. Nous deux observons la porte puis nos regards se rencontre à nouveau, curieux, dubitatifs, hésitants et puis comme si nos peau n'était soudainement faites que de lave, nous éloignons l'une de l'autre. Elle a un rictus aux lèvres pour masquer son embarras et je passe une main sur ma nuque.

— C'est l'heure de manger, hurle Caleb à travers la porte.

Aucune de nous deux ne réponds et ses yeux ne me touchent plus. Elle entre dans la chambre aussi vite qu'elle le peut, m'abandonnant à la fraîcheur de l'été.

Une sensation de frustration me submerge, j'en veux presque à Caleb de nous avoir interrompu. Je ne veux pas mettre de mot sur ce qu'il vient de se passer ou en tirer des conclusions, j'en ai peur, je crois.

J'ai été tellement captivée par elle que s'en était impressionnant. Elle est impressionnante. Mais cela ne justifie pas ma façon de me comporter.

Je jette un dernier coup d'œil à la mer qui reste sans mouvement, comme apaisée, comme si elle n'avait pas son Abigail à elle pour lui faire retourner le fonds de ses océans et lui provoquer d'innombrables tsunamis.

Je chasse toute les questions qui me sautent à la figure à la seconde où j'entre dans la chambre. Ma colocataire n'est plus là, il est évident qu'elle a fuit. Je ne suis peut être pas la seule à flipper à cause de ce qu'il vient de se passer.

Je vais dans la salle de bain me passer un coup d'eau sur le visage pour bannir celui d'Abigail de ma tête et rejoins mon groupe d'amis dans la salle à manger. Personne ne semble se douter de ce qu'il vient de se passer mais je rougis quand même parce que moi je le sais.

J'intercepte Elisa poser les assiettes sur la tables et je me propose pour poser les couverts ainsi que les verres, c'est la moindre des choses que je puisse faire, en sachant que mes amis ont passé leur temps à cuisiner depuis que nous sommes entrés.

Lorsque tout est en place, on s'assoit aléatoirement sur la longue table qui va nous recevoir. Je ne regarde pas qui s'installe à mes côtés, ma vue est focalisée sur les couverts en argent sur l'assiette blanche sans motif.

— J'ai appelé Rosa, me dit Julian assit à ma droite et je relève la tête. Elle est juste géniale, on a parlé près de trente minutes au téléphone, au début c'était de longue minutes de blanc insoutenable ensuite elle s'est détendue et j'arrive pas y croire. Elle a une très belle voix en plus de ça et son accent...

La façon dont il parle d'elle, j'ai l'impression qu'il est déjà amoureux. Je suis tellement fière de moi d'avoir fait ça pour lui. Je lui partage mes ressentis et il poursuit :

— D'ailleurs, elle m'a proposé de la rejoindre dans une boîte de nuit qui n'est pas loin d'ici. Je compte y aller mais ça serait mieux si vous vous joignez à moi.

Tout le monde se concentre alors sur ce que dis Julian et je suis tout de suite perplexe mais à l'unanimité, les autres sont partant pour suivre mon ami. J'ai vraiment l'air d'être la seule rabat-joie ici mais je ne partage pas mon véritable avis. Nous finissons le dîner une petite demi-heure plus tard, pour les autres l'ambiance était agréable mais je n'ai cessé d'être de mauvais poil. Abigail étant en face de Julian et Isa face à moi, je ne pouvais qu'être au courant de tout ce qu'elle faisait, leur regards complices, leurs messes basses, leurs sourires niais.
Cela a suffit à me mettre en colère, j'ai juste déserté la table en plein milieu du repas tout en m'excusant. Je n'ai pas daigné noter la réaction de mes amis et suis directement aller dans ma chambre.

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