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ANNABELLA

Luke et moi passions nos nuits dans notre coin sur le sable. Nous regardions le lac, parlions, riions. Mais ce soir-là, je devais partir. J'avais menti à tout le monde en disant que je devais rejoindre mon père la semaine suivante. En fait, je devais le rejoindre le lendemain matin.

J'embrassai Luke, avant de le repousser doucement.

- Je suis désolée, murmurai-je.

- Quoi ?

Mon poing s'abattit sur son crâne avec violence. Je l'étendis sur le sol, et me relevai, époussetant mes vêtements.

Je savais à peu près quand il se réveillerait, ça me laissait assez de temps pour fuir. Je pris une des camionnettes de la colonie, et conduis jusqu'au jardin de Tatie Em. L'endroit où tout avait commencé, des années auparavant. Quand j'étais encore une jeune fille pleine d'espoir. Je me regardai dans le rétroviseur. J'avais l'air épuisée.

J'étais épuisée.

J'avais autrefois l'air d'une jeune femme en pleine forme, et pleine de vie. J'étais devenue une femme au teint maladif. Je faisais plus vieille que mon âge.

Peut-être qu'il était temps que tout s'arrête pour moi.

Je pensais à Luke, avant de sortir de la camionnette. Je ne lui avais pas dit au revoir comme il se devait. Je ne pouvais pas lui dire au revoir, parce qu'il aurait essayer de me retenir. Et il aurait réussi.

Je claquais la porte, et levais les mains en l'air avant de crier :

- Salut, papa ! C'est moi ! Ça faisait longtemps, comment tu vas ?

Ça m'a fait bizarre de le voir arriver. Je ne savais pas pourquoi, mais je pensais voir Luke. À la place, il y avait un homme aux cheveux noirs et aux yeux dorés. Et à côté, une jeune fille aux longs cheveux noirs et aux yeux tout aussi dorés.

- Petite traîtresse, crachai-je en la voyant. Il finira par te tuer.

- C'est pas ce qu'il m'a promis, rétorqua-t-elle.

- Il me disait la même chose, fis-je froidement. Regarde où j'en suis.

- Assez parlé, coupa notre père. J'ai hâte de t'arracher la tête.

- Toujours aussi charmant, ironisai-je. Qu'est-ce qu'on va faire ? Je vais m'agenouiller ? Ou on va se battre ?

- Je suis d'humeur joueuse. Je sais que je peux te battre, je l'ai déjà fait. Alors tire ton épée, Annabella.

- Je n'ai pas d'armes, répondis-je.

- Tu peux en faire apparaître. 

- Je n'en ai pas envie. 

Je voulais énerver quelqu'un une dernière fois. Ma mère aurait été fière de moi, si mon dernier acte avait été d'énerver un Titan. J'aurais été fière de moi.

Lisa se pencha pour me donner sa propre arme. 

- J'aurais voulu avoir Tharròs, pour ce combat, souris-je. 

- Ton animal de compagnie, ou l'épée ? me demanda mon père. 

- Les deux, répondis-je. Mais cette épée est bien. Tu fais le même cadeau à tous tes enfants ? 

- Bats-toi, m'ordonna-t-il. 

- Ça va, on a le temps, soupirai-je. 

J'attaquai, mais le cœur n'y était pas. Je voulais que ça se termine vite, ou nous risquions de compromettre mon plan. Je ne pouvais pas, et ne voulais pas me le permettre. Je parai avec peu de force, et Cronos, étonnamment, criait des encouragements. Qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour mériter un père pareil ?

[TOME 4]L'Amour du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant