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ANNABELLA

Luba et moi passions beaucoup de temps ensemble, pour préparer les jeux, ou pour d'autres choses. Elle était parfaite, peut-être trop. En tout cas, tout l'inverse d'Anaël, et c'était certainement ça qui m'attirait chez elle. Le jeune femme était fidèle, et m'accordait toute sa confiance.

Nous avions terminé notre travail, et les jeux allaient démarrer quelques jours plus tard. J'avais réglé les derniers papiers, et j'étais sur le point de rejoindre Luba dans son appartement. Je suis entrée sans frapper. Elle m'attendait, la tête dans les mains, et m'a fait un vague signe pour que je m'assoie sur le canapé.

Ça sentait les emmerdes, mais je me suis tue. La semi-obscurité qui régnait dans la pièce parlait d'elle-même.

- Dis-le, lâchai-je finalement au bout de quelques minutes de silence.

- Je t'ai vu avec Luke aujourd'hui.

- Tu sais bien qu'il n'y a rien, soupirai-je.

- Mais je sais qu'il y a eu quelque chose ! protesta-t-elle. Et que tu le veuilles ou non, il y aura toujours eu quelque chose. Et pour lui, ce n'est pas terminé.

Je soupirai à nouveau.

- Je pensais que tu n'étais pas du genre jaloux.

- Je ne le suis pas, assura-t-elle. Mais ce sera toujours comme ça. Vous étiez ensemble tellement longtemps ! Et honnêtement, rit-elle nerveusement, qui ne tomberait pas pour lui ? Mais c'est Luke et toi, toi et Luke. Pour toujours et à jamais. Il a laissé son empreinte sur toi et tu as laissé la tienne sur lui.

- Parce que c'était lui, et parce que c'était moi, murmurai-je.

Je citais Montaigne. C'était ce qu'il disait quand il devait justifier son amitié avec Étienne de la Boétie. Dans mon cas, j'évoquais le lien spécial qui m'unissait au blond. Celui que je voulais détester, mais que je ne pouvais m'empêcher d'apprécier plus que je ne l'aurai dû.

- C'est exactement ça, dit-elle en acquiesçant lentement.

- Je t'aime, tentai-je.

- Je n'en doute pas, déclara-t-elle lentement. Mais le jour où tu auras vraiment besoin de soutien, je sais que ce ne sera pas vers moi que tu te tourneras. Et je ne veux pas souffrir plus longtemps.

- C'est idiot, fis-je remarquer.

- Bien sûr que c'est idiot. Nous sommes toujours idiots quand il s'agit d'amour.

Résignée, je pris ses mains entre les miennes, et je déposai un doux baiser sur son front.

- Merci, dis-je doucement. Nous avons passé de beaux moments.

Elle renversa la tête, comme elle le faisait souvent, grattant à nouveau l'ongle de son pouce.

- C'est toi que je devrais remercier. Pars vite, maintenant, ou je pourrai te retenir.

Ave un long soupir triste, je lui tournai le dos, et fermai doucement la porte derrière moi. Sans cris et sans larmes, si ça devait se finir comme ça.

Je suis retourné dans mon appartement, pour trouver Luke sur le canapé. Il se leva précipitamment, et je glissai tout de même à ses côtés.

- C'est fini, dis-je doucement.

Il ne pouvait pas vraiment savoir de quoi je parlais.

Il se glissa derrière moi, et commença à me masser les épaules.

- Je ne te savais pas aussi doué, dis-je doucement.

[TOME 4]L'Amour du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant