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LUKE

Avant de partir, Annabella a tenu à attribuer des chambres aux enfants elle-même. Elle les a regroupés par groupe de 4 dans une chambre, et a placé Léo et Calypso ensemble dans une autre. Mais il s'est avéré que si le Château s'étendait de l'intérieur, ce n'était pas infini. Elle m'a regardé comme si c'était de ma faute.

- On dirait qu'on se retrouve ensemble.

J'ai acquiescé, préférant ne pas répondre. Quelque chose me disait que ma voix l'irriterait plus qu'autre chose. L'air fatigué, elle m'a fait signe de la suivre. J'ai obtempéré.

Sa chambre, ou plutôt ses appartements, n'étaient pas très loin, mais la marche dans un silence absolu l'a rendue plus longue.

- Fais-toi plaisir, a-t-elle soupiré en me laissant entrer. Je n'arrive pas à croire qu'ils ont tout laissé tel quel.

J'ai suivi son regard. Dans l'entrée, très large au passage, il y avait un meuble. Des tas de photos représentant une famille se trouvaient dessus. J'ai reconnu Annabella sur la plupart des photos, ainsi que Teresa, et parfois une femme blonde aux traits traits similaires à ceux de la blonde. J'en ai déduit qu'il s'agissait de sa mère, mais je ne comprenais pas comment c'était possible. Elle était morte depuis des années. Il y avait aussi un type qui me ressemblait étrangement, et comme il semblait très proche d'Annabella, j'ai éprouvé un pincement de jalousie. Sur d'autres photos, il y avait un enfant.

- C'est qui tous ces gens ? demandai-je.

- Des morts, répondit-elle. Et ma mère, aussi, je crois qu'elle est en vie. Mais ce n'est pas important. Ce n'est plus important.

- A ton expression, ça l'est, déclarai-je.

- Ne rends pas les choses plus compliquées, Luke, soupira-t-elle. Je veux oublier, et revenir n'était pas le bon moyen. Ce n'est un secret pour personne, mon fils fait partie des pertes à déplorer lors de la guerre contre les démons, et Anaël, le grand blond, a été tué par vengeance. C'est tout ce que j'ai à dire.

- Il me ressemble, fis-je remarquer.

- Seulement le physique, sourit-elle. Tu as beaucoup de défauts, mais même si tu draguais tout ce qui bouge, tu restais un minimum fidèle. Anaël... Au bout d'un moment, il ne se cachait même plus, ou à peine.

- Comment pouvais-tu accepter ça ?

J'étais indigné. Si cet enfoiré avait été vivant, je l'aurais tué sans hésitation. Annabella était géniale, et elle méritait ce que le monde avait de mieux à offrir. 

- Parce que, Luke, une Suprême accompagnée d'un homme fort fait toujours meilleur effet. Je n'aime pas ça, mais c'est la vie. Et puis, on était organisé, c'était plus une habitude. Je... Je ne sais pas, OK ? Ne pose pas de questions.

Elle avait effectivement l'air perdue. Comme si une partie de sa vie s'était effacée et qu'elle venait de se la prendre en plein visage.

Mais comme elle me l'avait demandé, j'ai fermé ma gueule.

Elle a commencé par faire un tour. Elle s'est accroupie devant un réfrigérateur, mais elle a regretté de l'avoir ouvert en sentant l'odeur qui s'en dégageait.

- C'est dingue, dit-elle, le frigo pue plus de la gueule qu'un drâkon.

Un sourire m'échappa, et elle-même rit de sa blague. Elle a continué à inspecter, et je suis resté au même endroit, je n'osais pas bouger.

Elle s'est arrêtée devant un miroir. J'ai compris qu'elle avait terminé son tour. Avec une moue, elle s'est examinée. Elle a passé les mains devant son visage, et s'est tournée vers moi.

[TOME 4]L'Amour du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant