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LUKE

Je ne pouvais pas la laisser partir comme ça, alors je me lançai à sa poursuite. Je lui attrapai le bras et la forçai à se tourner vers moi. Elle évitait mon regard.

- Annabella...

- Tout ce que j'arrive à faire, c'est de te blesser. On ne devrait pas recommencer, tous les deux, c'était une erreur très égoïste de ma part. 

- Ça te prendra combien de temps ? demandai-je. 

- Je ne serai plus là dans deux ans, prononça-t-elle. La seule chose que je peux faire, c'est de ralentir la progression de la maladie, et effacer les douleurs. Mais je vais devenir incontrôlable. Ça va me rendre folle, vraiment. Dans le style paranoïa et possibles hallucinations. 

- Comment tu le sais ? m'étonnai-je. Je croyais que tu ne savais pas ce que c'était.

- Je crois que ça a déjà commencé, souffla-t-elle. 

- Par les dieux, Annabella, fis-je ne la prenant dans mes bras. Il y a forcément un moyen de te soigner. 

- C'est ma punition, déclara-t-elle. Pour avoir tué autant de personnes, je veux dire. Je vais devoir endurer tout ça jusqu'au bout, et en mourir. 

- Tu n'as jamais eu le choix, la rassurai-je. Depuis le début. 

Elle laissa échapper un sanglot, et je la serrai plus fort. Très peu de gens le savait, et j'étais presque sûr d'être la seule personne vivante à savoir ce détail à propos d'elle, mais elle avait vraiment peur de mourir. Elle savait ce qui arrivait après la mort, mais elle doutait d'où elle serait. Ce définissant comme une meurtrière, elle pensait qu'elle arriverait au Champ du Châtiment, bien que je pensais tout le contraire. D'après moi, elle méritait largement l'Elysée. 

- Viens, fit-elle.

Elle s'était déjà défaite de mon étreinte et s'éloignait vers le lac. Rapide, comme elle l'avait toujours été. 

Je la suivis, et elle nous emmena vers un arbre face au lac. Je savais ce qu'il signifiait pour elle. C'était assis sur une de ses branches que nous avions commencé à sortir ensemble. Je la rejoignis, elle regardait le lac en se tordant les doigts, et je sus immédiatement à quoi elle pensait : à l'époque, il y avait encore Hélène avec nous. Et je me souvins de ce qu'elle m'avait raconté sur ce qui s'était passé dans le Tartare, que son père avait envoyé une apparition ressemblait à Hélène pour la guider. 

- Ça a du être dur. 

- Les hallucinations ont commencé là-bas, avouai-je. Je te voyais partout. Je voyais des gens partout. Ceux que j'avais tué. J'ai de la chance de ne pas être devenue totalement folle. Ça a continué sur Vaïyon. C'était surtout des flashes, tu comprends. J'avais l'impression de voir Anaël à chaque détour. Il draguait une autre fille, comme à son habitude.

- Je ne comprends pas comment tu as pu te laisser faire, lâchai-je en secouant la tête. 

Annabella tourna la tête vers moi, et c'était comme si elle voyait autre chose derrière mon visage. J'avais toujours aimé ses yeux quand elle faisait ça, parce qu'ils semblaient s'adoucir, et ça la rendait plus humaine et peut-être plus facile à atteindre. 

- Tu as toujours été entre nous deux. Il me gardait parce que j'étais la Suprême, donc c'était bon pour lui, mais aussi parce qu'il voulait que je lui appartienne, et ça n'a jamais été entièrement le cas. Parce que tu étais là. Il avait presque le même visage que toi. Mais ce n'étais pas toi. Parce que tu as beau être un vrai connard parfois, et tu dragues aussi tout ce qui s'approche de toi à partir d'une certaine distance, mais tu ne m'as jamais trompée. 

[TOME 4]L'Amour du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant