Elle le range, en sort un autre et sur la pochette du DVD je peux lire le titre « Le monde de Charlie ».

— Je l'ai déjà vu un million de fois, soufflé-je.

Comme tout à l'heure, elle se débarrasse de celui-ci pour en chercher un autre même si je sais qu'elle est un peu agacée. Elle en sort un troisième du tiroir et je lis le titre « Twillight, Chapitre I : Fascination ».

— Tu plaisantes j'espère, articule-je.

L'oncle d'Anna qui possède la maison ne serait pas une fille de quatorze an qui vient d'avoir son premier coup de foudre? Car ça semble clairement être le cas. Qui possède ce genre de films dans sa maison de vacances, sérieusement?

— Tu comptes dire non à tout ce que je te propose, c'est ça? m'interroge-t-elle avec un ton ennuyé.

— Si t'arrêtais de me proposer des films comme si j'étais encore pré-pubères, on irait certainement plus vite.

— Dis la fille qui regarde sans arrêt The Notebook depuis qu'elle a seize ans, lache-t-elle en se retournant vers le meuble et continuant ses recherches mais sa pique ne me survole pas.

J'aurais bien aimé pouvoir lui répondre en étant aussi insolente qu'elle mais je suis beaucoup trop surprise par le fait qu'elle connaisse mon film favoris ainsi que l'âge où je l'ai vu pour la première fois. Enfin, elle agite une pochette sous mes yeux ce qui me fait sortir de ma transe, c'est le film Un cœur à l'envers qu'elle me montre et je hoche seulement la tête même si j'ai déjà vu ce film deux fois mais après tout mes refus, je ne voulais pas pousser le bouchon trop loin.

— Et bien, c'est parfait, marmonne-t-elle en insérant le DVD dans le lecteur.

Après quelques secondes, elle s'installe – à bonne distance – sur le canapé et elle me tend l'une des deux assiettes alors que le film se lance sur l'écran.

— Non merci, sourie-je en reculant un peu. Je n'ai pas très faim.

Je me risque à la regarder après mon audace et je pense qu'elle va me tuer. Ce soir. Je crois qu'elle pense déjà à un moyen de faire disparaître mon corps.

— Tu vas manger ça que tu le veuilles ou non, déclare-t-elle en insistant avec l'assiette dans sa main.

À vrai dire, ces spaghettis ont l'air plutôt appétissantes et je ne parle même pas de l'odeur qui est grandiose et qui réveille mon appétit mais la voir se fâcher me donne vraiment envie de l'embêter encore un peu. Donc je persévère en secouant la tête et en plissant le nez.

— Ne fais pas l'enfant Mary, argumente-t-elle. J'ai préparé ce que tu voulais donc arrête de jouer l'enfant et mange.

— Non.

Mon ton était beaucoup trop calme et ma réponse semblait définitive. Je pense que c'est ça qui a fait qu'Abigail a perdu patience, qu'elle s'est dangereusement approchée de moi, qu'elle a saisi la fourchette, enroulée les spaghettis autour de celle-ci et qu'elle a planté le tout devant ma bouche qui est scellée.

— Ouvre la bouche, ordonne-t-elle en fixant mes lèvres.

J'entends le film débuter à côté de nous mais je ne daigne pas m'y intéresser, ce qui se passe en face de moi est beaucoup plus attrayant.
Je secoue la tête à nouveau, lui montrant que je n'aime pas beaucoup qu'on me dicte quoi faire, même si son côté autoritaire me plait vraiment et j'aurais juré la voir sourire, juste un petit peu.

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