— Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi? hurle-t-elle finalement.

Ne me voyant pas répondre elle continue sur le même ton :

— Tu joues à quoi exactement? J'aimerais le savoir parce que je ne comprends rien à ton comportement. C'est quoi cette manie de vouloir embrasser tout ce qui bouge?

C'est lorsque je crois qu'elle a finit qu'elle prononce cette dernière phrase qui me gèle sur place :

— Tu n'es qu'une salope tout compte fait.

Là c'en est trop pour moi. C'est elle qui m'a poussée à embrasser cet homme, si elle ne m'avait pas défiée du regard, je ne l'aurais jamais fais. Des larmes courent à toute vitesse sur mon visage et je ne prends même plus la peine de les essuyer, bien trop occuper à contenir ma rage.

— Tu plaisantes, j'espère, lance-je du ton le plus acerbe que je pouvais employer. Ce que je touche, je caresse, j'embrasse, je baise, ne te regarde pas. Si tu tiens tend à t'occuper de quelqu'un, tu devrais aller mettre ta tête entre les cuisses d'Isa, c'est bien ce que tu fais déjà non? Tu me dégoûtes.

Les derniers mots que j'ai lâché m'ont échappée. Lorsque j'ai peur qu'elle ne l'interprète mal, une main s'abat brutalement sur ma joue et c'est la douleur qui m'indique qu'elle vient de me gifler, et je dois avouer que je n'ai jamais autant eu de facilité à lire la haine sur un visage.

— T'es exactement comme les autres, dit-elle avant de tourner les talons.

Et là je fonds en larme, littéralement. Je ne sais toujours pas en quel honneur mais je ne me suis jamais autant déçue de ma vie, mes émotions me dépassent, je ne comprends rien à leur signification, j'ai l'impression de devenir dingue. Je ne suis vraiment qu'un gâchis, c'est bien le mot.

* * *

J'ai passé la soirée dans la voiture avec une jolie bouteille, en attendant que mes amis n'en puisent plus et décident de rentrer. J'ai croisé Adriano lorsque j'ai dû récupérer les clés du véhicule et je ne lui ai pas adressé un seul regard, même si il est innocent dans cette histoire, je ne veux plus rien avoir à faire avec lui. Abigail avait disparu au milieu des danseurs ou je ne sais où, elle devait me détester encore plus qu'en temps normal.

À deux heures trente du matin, on m'a rejoint. J'ai feint d'être endormi pour ne pas devoir rendre de compte, et ça a marché. Jusqu'à atteindre la maison, personne ne m'avait adressé la parole ne se doutant absolument pas de ce qu'il s'était passé. Abigail est sûrement restée silencieuse.

Tout le monde avait regagné ses appartements sauf Abigail qui ne s'était pas présentée dans la chambre et là, je suis seule dans la salle de bain à rendre ce que j'ai bu. C'est vraiment l'étape que je déteste le plus. Je suis clairement en train de rendre mon âme, le plus silencieusement possible, dans les toilettes. Je me penche encore vers la cuvette lorsqu'un spasme s'empare de moi et c'est repartit.

J'ai l'impression que je vais passer toute la nuit à décuver.

Je n'ai jamais eu l'aire aussi pathétique qu'à cet instant précis.

Soudain, je sens deux mains s'emparer de mes cheveux pour que, probablement, je ne les recouvre pas de tout ce que j'évacue et sens également une main caresser mon dos doucement. Je ne me retourne pas pour voir de qui il s'agit, étant beaucoup trop dans les vapes.

Un énième spasme et à nouveau, je laisse mes tripes dans ces toilettes.

Je me redresse enfin, sentant que j'en ai fini – du moins, je l'espère – et me retourne vers la personne qui semble vouloir. Je frissonne quand je vois Abigail, toujours en tenue de soirée, composée d'une jolie robe noire, et de ses talons.

— Ça va aller, dit-elle seulement, son visage marqué par la sollicitude.

Avant que je ne puisse répondre, elle m'aide à me relever et me place sur le rebord de la baignoire comme je l'avais fais pour elle ce matin. Elle saisit ensuite ma brosse à dents, la rince, la recouvre de dentifrice, la rince à nouveau et me la tend, tout ça dans le plus grand calme.

Je l'observe seulement faire, ne sachant pas si je dois m'excuser, lui demander de me laisser me débrouiller seule ou me laisser faire. J'opte pour la dernière, n'étant de toute façon pas capable d'être autonome.

Elle s'accroupit ensuite pour m'enlever mes talons. Je bouge tant bien que mal la brosse à dent dans ma bouche tandis qu'elle quitte la salle de bain. Elle revient ensuite avec un short en tissus et mon t-shirt favoris, le plus large que j'ai.

Je me lève pour me rincer la bouche et titube jusqu'au lavabo, elle m'aide sans que je ne lui demande. Je me relève, me regarde dans le miroir et ma mine est à faire peur, mon maquillage a fait le tour de mon visage. Abigail attrape alors sa trousse de toilettes et en ressors des cotons et du lait démaquillant. Elle passe ensuite le coton sur mon visage, plus concentrée que jamais. Mon cœur loupe plusieurs battements et je me demande si je vais ressortir vivante de tout ça.

Je suis finalement démaquillée et elle passe alors sa main dans mon dos pour trouver la fermeture éclair de ma robe.

Je comprends ce qu'elle veut faire juste au moment où elle la descend suffisamment pour arriver au bas de mon dos. Je me laisse faire, je suis pudique sauf avec elle, elle m'a déjà vu en sous vêtements de toute façon. Ma robe touche le sol et sans jeter un coup d'œil à mon corps dénudé, elle m'enfile mon t-shirt, suivi de mon short.

Abigail me prend ensuite la main et mon regard reste bloqué sur ce lien qu'elle vient de faire entre nous. Sans que je ne m'en sois rendue compte, nous étions arrivée dans la chambre, au pied du lit. Elle retire les draps rapidement après avoir éteint les lumières et je m'allonge sur le lit. Ma tête est beaucoup trop lourde et je sens encore les effets de l'alcool.

Ensuite, Abigail s'éloigne dans les ténèbres, s'enfermant dans la salle de bain. Je n'ai pas trouvé le sommeil tout le temps où elle y est resté. Le fait qu'elle s'occupe de moi me faisait encore plus culpabiliser de ce que j'avais dis et fait. Je suis un monstre.

Une dizaine de minutes plus tard, le lit s'affaisse de son côté et je me retourne vers elle. Abigail s'allonge et ajuste les couvertures sur elle avant de se retourner vers moi. La distance entre nous est minime, rien à voir avec la veille où je me débattais pour être aussi éloignée d'elle que possible. Ce soir, je dépasse le moindre centimètre qui pourra nous rapprocher.

— Je suis désolée, dis-je soudainement, une voix rocailleuse.

— Je sais, répond-elle doucement.

— Je n'aurais jamais dû faire ce que j'ai fais, et en plus t'insulter de la sortes.

Elle s'avance aussi vers moi et je dois compter seulement un décamètre qui nous sépare. Elle passe une mèche de cheveux derrière mon oreille en caressant ma joue comme la fois où nous sommes allés à la plage.

— Ne t'inquiètes pas, murmure-t-elle.

— Tu me détestes, hein?

Elle prends un instant avant de répondre avec un léger rire :

— Pas plus qu'hier.

Je ne réponds pas et elle ajoute avec la voix la plus douce que j'ai jamais entendue :

— Endors-toi maintenant.

Ensuite, avant de m'exécuter, j'attrape sa seconde main et entremêle nos doigts. J'ai vraiment besoin d'elle tout de suite et elle ne semble pas s'y opposer car elle continue de me caresser les cheveux. C'est comme ça, que j'ai sombré dans un sommeil aussi agréable que douloureux.

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Trois parties publiées en une journée, je suis un ange !

Ce chapitre est un véritable ascenseur émotionnelle, non?

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Merci de lire mon histoire ;)

I.

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