Chapitre 24

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Le blanc, la couleur des anges. Voilà pourquoi les murs de l'hôpital sont peints ainsi. Ils veulent de nous qu'on se croit au paradis.

Le soleil est déjà haut quand je me réveille, tous chuchotements cessent quand ma faible voix se propage dans la chambre. Entourée de mes proches, je me sens en sécurité, mes parents se penchent sur moi. Maman dépose un de ses baisers sur mon front, quant à mon papa, il s'excuse pour m’avoir laissé toute seule. Anna retient ses larmes et caresse ma paume :

_ Je n'ai pas pu partir aux États-Unis. Tu as besoin de moi, je suis désolée, j'aurai pu t'accompagner, mais. . . Je suis stupide.

Oh Anna. Ce n'est pas ta faute ! Mes cordes vocales ne fonctionnent plus, j'ouvre ma bouche et la ferme à plusieurs reprises, mais en vain aucun mot ne sort.

Je cherche du regard Dylan, maman en me voyant comprend tout de suite ce que je cherche, demande à tout le monde de sortir et accroche une parole en l'air, celle que j'attendrai :

_ Il est là.

Au bout d'un moment, un Dylan fatigué, cernes autour de ses yeux gonflés franchit la porte. Je ne l'ai jamais trouvé aussi beau qu'aujourd'hui, sa chemise est toute froissée, il a une gueule de bois, sa barbe a tellement poussé. Il s'assoit à côté de moi et tient ma main. Il se baisse vers moi et embrasse chaque minuscule centimètre dans mon visage. Je lui touche son menton, ses poils me piquent. Je souris et il fait de même :

_ Je suis navré.
_ Je t'aime.
_ Je n'ai pas pu te protéger.
_ Dylan.
_ J'étais sur le point de te perdre.
_ Mais, tu ne l'as pas fait.
_ Et si je l'avais fait ? 
_ Je suis avec toi maintenant.
_ Je n'imagine pas une seconde de ma vie sans toi. 
_ Tu ne peux pas l'imaginer, je suis là.
_ C'est ma faute.
_ Chut. Ça fait combien de temps que tu n'as plus changé d'habits ? 
_ Deux jours.
_ Quoi ? Je suis ici pendant deux jours ? 
_ J'avais peur.
_ On a tous besoin de repos, non ? 
_ J'ai cru que le tien sera éternel.
_ La croyance n'est qu'un péché.

Il me prend la main et ne la lâche pas, j'ai des papillons dans le ventre, un courant électrique circule tout au long de mon corps, je ne me suis jamais sentie assez en sécurité.

_ Noah.
_ Qu'est-ce qu'il a ?
_ Il t'a sauvé au moment où il a tiré sur Jack, nous avons débarqué et. . .
_ Je ne veux rien savoir.

Un homme à la quarantaine entre, tablier en blanc, les lunettes rondes lui donnent un air sérieux, il a un nez mince, des cheveux coiffés par l'oubli. Il dévisage Dylan et lui demande de sortir, il obéit, je reste avec le docteur qui m'explique de quoi je souffre :

_ Comment tu te sens ? 
_ Bien. Merci.
_ Très bien, mais malheureusement, tu as deux fractures. Ton nez et ton bras gauche sont cassés, tu as des bleues partout et des cicatrices aussi. Tu es dans un état abominable et tu as reçu un dangereux coup sur la tête. On te diagnostiquera demain pour être sûr que tout va comme il faut.
_ Oh, merci docteur.
_ Tu veux que j'appelle une psychologue, une amie ? Elle serait ravie de t’entendre.
_ Non, merci.
_ Tu sais ? Moi aussi, j'ai une fille qui a été violée.
_ Vous mentez.
_ Hein ? 
_ Quand vous parlez de votre fille, vous avez baissé les yeux alors que quand vous m'avez informé de ce que j'ai vous me fixez du regard. D'ailleurs, les doigts entrelacés ne montrent qu'une chose : un mensonge. Vous essayez d'être le glaçon qu'on mette sur nos brûlures, mais cela ne marche pas avec moi.
_ Tu es si intelligente.

Avec un parfait sourire, il m'ordonne de ne pas trop bouger. Il s'apprête à partir quand il se souvient de quelque chose et se retourne vers moi :

_ J'ai oublié de te dire. Tu as une formidable famille et un adorable petit ami. Il n'a pas dormi pendant deux nuits, les infirmières n'ont pas pu le convaincre pour partir, au moins pour aller manger. À chaque fois que je viens te voir, je le trouve sur ce misérable fauteuil. Tu as de la chance jeune fille, garde la.
_ Merci. Docteur.

Il quitte la salle, je me baigne dans l'océan de mes pensées. Qui a tué qui ?  Et qui est vivant ? Je scrute la chambre du regard et tire un tiroir à ma droite, j'y trouve une enveloppe où mon nom est parfaitement écrit. Je l'ouvre avec précaution ne voulant pas la déchirer, surtout que je le fais d'une seule main. Une fois réussi, je lis la lettre :

Je n'ai pas encore fini avec toi. Ils ne pourront pas te prendre de moi. Même si tu es une échappée je te chercherai, et quand je te trouverai je te laisse choisir ton sort ma princesse.

L'échappée. [ Terminée ]Where stories live. Discover now