Chapitre 16

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- Bébé, réveille-toi c'est le temps de quitter ce misérable lit.
- Maman s'il te plaît. Begaye-je en changeant de position.
- Vas-y paresseuse on ne veut pas ton père et moi déjeuner seuls.

Je cède, ouvre mes yeux et finis par me lever. Maman se penche sur moi et m'embrasse sur le front. Je souris, elle me répond du même.

- Maman, tu peux partir. Je te suivrai.
- Non, non on descend ensemble.
- Si tu insistes. Dis-je tout en soupirant.
Je m'apprête d'aller aux toilettes quand ma mère suit mes pas.
- Mais, maman tu veux qu'on pisse toute les deux ?
- Oups, je suis désolée je voudrai être sûr que tu es réveillée.
- Maman, je le suis merci !
- Désolée c'est ma faute. On t'attend en bas ma chérie.
- D'accord.

Je fais ma toilette rapidement et rejoins mes parents qui ne s'attardent pas à me poser des questions sur le cauchemar d'hier. Je les rassure que ce n'a été rien et que je l'ai déjà oublié.
- Eryne, ton papa m'a informé que tu as cru voir quelqu'un ici. Est-ce vrai ?
- Non ! Ce ne sont que mes idées qui m'ont joué un tour. Ce n'est rien de grave, peut être que j'ai trop d'imagination. Mentis-je.
- Tu as raison, tu es si rêveuse.
- D'ailleurs personne ne peut enfoncer notre maison.
- Vous avez oublié que vous viviez avec Hulk ?
- Chéri, tu ne peux même pas écraser une insecte. Se moque ma mère le sourire aux lèvres.
- Eryne, tu as entendu ce qu'elle a dit ? - C'est la vérité papa. Je hausse mes épaules
- Comme vous êtes méchantes toutes les deux. On verra ce que vous allez faire si un voleur vient nous cambrioler un jour.

Mon papa fait la moue quant à  maman et moi on rigole, la bouche pleine.

- Papa, maman, vous avez congé aujourd'hui ? Il est 9 heures ! Me suis-je exclamée.

Papa consulte sa montre et ordonne à maman de se lever. Ils me saluent et me laissent toute seule encore une fois. Je lave la vaisselle et monte lire un roman, les écouteurs aux oreilles, la musique au fond, je lis quelques pages et réfléchis comment je pourrai affronter mes parents et leur parler de Jack. Je passe de bonnes minutes sans rien faire, l'ennui me tue ainsi que la peur.

Dylan ne s'est plus montré dans le quartier, la même chose pour Noah. Je commence à penser que Jack l'a tué ou bien battu. Qui sait ? Enfin, ce cousin est un vrai psychopathe. Il ne causerai que du malheur.

Je décide alors de partir à la bibliothèque pour me changer les idées qui taraudent dans mon esprit depuis un long moment. J'opte pour un simple T-shirt noir, un jean blanc et mes converses en rouge. Je prends le même chemin que la veille. Rien n'a changé, les arbres sont les mêmes, les gens, toujours la même routine. Les yeux rivés sur mes converses, je ne prête aucune attention à ce qui se passe autour de moi ni à ces voitures qui roulent à mes côtés.

Comme je désire rencontrer Jack et l'étrangler de mes propres mains et les salir de son sang. Mes affreuses pensées m'emportent alors que j'oublie que je suis déjà devant la porte de la bibliothèque. J'entre, salue la bibliothécaire et m'assoie sur une chaise. Il y a déjà quelqu'un en face de moi, son livre cache sa figure, je l'ignore et demande cette fois-ci une simple feuille où j'écris :

Trahie par le noir.

Je cherche l'espoir, entre les feuilles de ma mémoire.

Mon esprit combat son démon.

Et ce Satan enfonce ses cornes.

Dans mon coeur sanglotant.

Mes cauchemars sont devenus réalités.

Et mes réalités ne sont plus que des rêves.

Trompés dans le sable de mes trêves

Une ombre se forme sur ma feuille comme un nuage. Je relève ma tête. Crise cardiaque numéro 2.

- Waouh !

- Noah ! Qu'est-ce que tu fous ici ?

- Ce n'est pas si clair que ça ? Il pointe de son doigt le livre qu'il tient dans sa main.

-  Je vois. Du coup, tu n'as pas le droit de lire ce que j'écris, l'ai-je grondé.

- Je suis désolé. Je suis un peu curieux. J'ai rien fait de mal.

Je fronce les sourcils et le foudroie du regard. Il m'inspire de la méfiance, il me paraît plutot calme et plus confiant, mais je tremble quand même. Il aide Jack, il peut faire tout pour lui. Je le dévisage dans le but qu'il comprenne que je ne désire plus lui adresser la parole.

- Eryne, il est passé une éternité après notre dernière rencontre.

Je reste silencieuse. Par quoi lui répondre ? Lui expliquer que je suis au courant de son pacte avec mon charmant violeur ?

- Anna organisera une petite fête, je serai ravi si tu assistes. Alors qu'est-ce que tu en penses ?

- Euh, non désolée, je ne suis pas intéressée. En plus, je n'aime pas les fêtes où il y a que des alcoolisés et des fumeurs. C'est dégueu et en plus. . .

- Non, non, il n'y aura pas d'alcool, je te le garantie.

- Même si, je te remercie pour l'offre.

- En tout cas Anna va insister pour que tu viennes, c'est pour cela que vous allez faire du shopping aujourd'hui.

Oh merde, j'ai oublié le sujet du shopping ! Je devrai refuser pour sûr, je dois m'éloigner le plus possible de tout ce qui concerne Jack. Et s'il vient lui aussi à cette soirée ?

Sans même dire au revoir je sors d'ici et je vais me réfugier chez moi.

Je fixe cette feuille durant des heures, assise dans mon petit bureau l'inspiration m'échappe, je suis devenue plus hésitante. Dylan avait raison, ma vie ressemble à un film, le seul personnage principal est moi, mais je ne le sais pas. Le monde tourne en vitesse en rond, ne me permet pas de me rapprocher de lui, car il sait, il sait très bien qu'il me blesserait.

C'est comme si je marche sur un poil, il faut mettre un pas après l'autre tout doucement, la moindre faute coûtera ma vie. Un trébuchement sera mon début et une faille sera le point qui achevera cette phrase.

Il est au fond de moi, tout est au fond de moi. L'amour, l'anxiété, la joie, l'hésitation. Je suis vivante sauf que la peur me domine, faisant de moi sa petite marionnette. Alors que je suis occupée de compter mes défauts, une idée toque à ma porte, je l'invite à entrer.



                                 ✳ ✳

Je pense, je pense que le peu de grain de raison qui me reste s'envolerai, trouverai une personne et une joyeuse âme. Je crie dans le silence et fouille dans le noir en espérant trouver une lumière.

Installée dans la banquette arrière de la voiture, je contemple le paysage qui se faufile devant moi. Les filles chantent comme si c'était leur dernier jour sur terre, leur musique ne me dérange pas, mais la façon dont Anna et ses amies essayent de m'intégrer dans leur monde me paraît décourageante.

Coincée entre des mondes fatales, je ne sais plus où me donner de la tête. Ses précédents événements me démolarisent entre un gars qui accroche un je t'aime en l'air du jour au lendemain, un cousin qui veut faire de mon corps son plaisir et un Noah qui tente me séduire sous l'ordre de son maître.

Moi ? Quel est mon rôle dans cette comédie ?

Serais-je la fille innocente qui se suicide à la fin ne voulant plus entendre ses voix se chamailler dans sa cervelle ou bien serais-je la rebelle, celle qui défie l'impossible ?

Le choix est à vous ! Dis ma conscience qui surgit de nulle part.

Anna place correctement son Audi R 7 dans le parking et crie, enthousiaste :

- C'est parti ! À la chasse les filles!

L'échappée. [ Terminée ]Where stories live. Discover now