Chapitre 18

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La maison est bourrée de gens, selon le regard des invités autour de nous, nous sommes les reines de la fête. Anna a eu la tâche de me coiffer et me maquiller. Elle m'a appliqué un simple maquillage qui n'est pas trop vulgaire, et m'a maintenu une facile queue-de-cheval.

Nate et Sam s'entendent très bien. Et ouais ! Anna a invité nos dragueurs. Jusqu’à maintenant, je ne trouve ni Noah ni Dylan. Tant mieux !

Chris me surprend, me prend par la taille et m'entraîne vers la piste de danse. L'alcool est interdit, mais la majorité de ces adolescents ont bu ailleurs, la plupart d'eux sont saouls.

La mission qu’on a à accomplir est de nous éclater. Chris s'affole quand je lui murmure mon intention :

- Fais-moi oublier le monde mon prince !

On danse et on danse, Chris est un cavalier doué, d'un mouvement fluide, il renverse ma tête en arrière et rapproche son visage du mien, nos odeurs s'entremêlent, nos souffles aussi. Pour une fois, je m'amuse sans arrière-pensées, je le gratifie par un chaste et chaleureux bisou sur la joue. Il est trop gentil et respectif. Nous tournoyons comme des fous, son humeur enjouée est contagieuse. Je ris, insouciante.

- Eryne, je veux savoir plus de choses sur toi.

- Amusons-nous en premier.

- Je vais aller chercher quelque chose à boire, j'ai soif. Tu veux que je t'apporte une boisson ?

- Oui, un coca-cola s'il te plaît. Chris, tu me trouveras sur le canapé là-bas, mes pieds me font vachement mal.

- Tu es superbe !

Je sens le rouge qui me monte aux joues face à ses compliments infinis.

Il s'installe à mes côtés et me parle de tout et de rien.

- Tes amies adorent la célébration hein ? J'ai une sœur comme elles, elle a 14 ans, mais elle organise toujours des petites fêtes avec ses camarades de classe, des fois elle me chasse de la maison pour qu'elle reste tranquille. Tu sais quoi ? Un jour, je me suis levé en pleine nuit, dès que j'ai ouvert la porte des toilettes et allumé les lumières devine quoi ? J'ai trouvé une copine à ma sœur en soutif, je ne sais même pas ce qu'elle faisait. . 
Je pouffe de rire :

- Mais attends. Et le plus pire que ça, c’est qu'elle s'ennuyait et voulait qu'on fasse l'amour.

- Non !

- Je te jure, elle était sérieuse.

- Et qu'est-ce que tu as fait après ? 

- À ton avis ! Je n'aime pas m'amuser avec des gamines.

- Ce n'est pas de ta faute si tu es charmant.

J’ai appris plus tard qu'il habite non loin d'Anna donc techniquement il ne lui fallait que quelques mètres pour arriver chez moi. L'ambiance augmente et le volume de la musique m'assourdit. Chris, lui, est différent de ses autres amis, lui n'a jamais touché à une fille, il cherche le vrai amour, le pur, le correct et le digne. Celui qu'on rencontre d'une extrême coïncidence et qui vivra dans notre cœur comme un oiseau dans son nid douillet. J'apprends aussi qu'il travaille dans l'entreprise de son père.

« - Les études ne sont pas faites pour moi, je suis bien doué et intelligent dans le commerce que dans ma classe. » 

Je le trouve noble et honnête, il est franc avec lui-même avant de l’être avec les autres, on cause toujours jusqu’à ce qu'Anna me tire hors de ma place :

- Chris, tu peux me prêter Eryne ? 

- Je ne peux pas refuser, je n'ai aucun choix.

Je me retourne vers lui et lui lance :

- Je reviendrai.

Ces deux mots ont changé son expression vexée.

- Je t'attendrai.

Anna et moi dansons hystériquement en riant et chantant comme des folles. Quelqu'un l'appelle, c'est au moment où elle part voir qui est-ce, qu'une main enveloppe ma taille et suit le rythme de la musique, je ferme les yeux et goutte à ce beau plaisir.

- Oh Chris. . .

- Tu m'as remplacé ?

Je fais volte-face et m'immobilise tout de suite, la voix de Dylan me glace. Il a un œil au beurre noir et une lèvre éclatée, ses blessures ne datent probablement pas d'hier. Je lui caresse le bout de sa bouche, je ne me suis pas contrôlée en faisant ça, mais je suis fort obligée. Il retire mes doigts et les pose autour de son cou. Je baisse ma tête et m’éloigne un peu de lui puis le guide entre ces gens jusqu'au petit jardin, et on s'assoit sur l'herbe. Il fait beau temps, le ciel noirâtre me sourit et une douce brise couvre nos peaux nues.

- Est-ce Jack ?

- À ton avis ?

- J'ignore qu'il est un formidable designer. Je lui indique sa figure déformée.

- Cette fois-ci il a transféré la tâche à son petit Noah.

- Alors laisse-moi deviner. Il est à l'hôpital maintenant. Tu as réagi quand même, hein ?

- Réponds-moi.

- Peut-être ! La dernière fois quand je l'ai vu, il était courbé en deux, le nez saignant. Ce qui m'importe, c’est de lui tracer ma signature sur ses abdos.

- Très bien ! Je le fixe du regard, furieuse de son abominable geste :

- Tu n'as pas honte ? Hein ? Dis donc ? Battre quelqu'un sans raison. Est-ce de tes caractères ça ?

- Tu veux que je croise mes bras pour qu'il puisse me tuer ? Tu crois qu'il est noble en me prenant par-derrière dans une impasse essayant de me planter un couteau au fond de mon cœur ? Ça te paraît légal ?

Je me tais pour un instant et ajoute :

- En tout cas, il a fait du bon travail, tu es plus mignon comme ça.

Je souris et il fait de même, il est calme et puissant.

- Tu ne vas pas parler ? Dis quelque chose !

- Je n'ai pas envie.

- Et moi, je ne supporterai pas que tu restes comme ça. Dylan. . . Ma voix est presque suppliante, à chaque fois que je tente de l’éviter, je n’arrive pas à résister à son invisible attirance. C'est vrai que la veille, je l’ai ignoré, mais aujourd'hui, il a besoin de ma présence.

- Je ne te comprends pas Eryne.

- Parfois, comprendre nous fera du mal.

- Et parfois, ne pas comprendre mènera à une catastrophe.

- Et si on fait semblant qu'on vienne de se rencontrer ?

- Ça ne marche pas comme ça.

- Sois acteur pour une nuit.

- Je ne peux pas mettre le masque d'un clown et prétendre que tout va bien.

- L'essai ne blessera personne.

- Si, il blesse.

- Qui ?

- Moi.

- Que tu oublies ton moi pour une fois, qu'il soit imaginaire, ai-je protesté.

- Je ne te comprends pas, Eryne.

- Tu n’es pas obligé de le faire.

- Salut, je m'appelle Eryne et toi ?

Je lui tend ma main signe de Salut. Il me dévisage et finit par sourire :

« - Idiote » chuchote t-il.

- Tu t'appelles idiote, drôle de nom !

- Eryne, mais ne fait pas l’imbécile s'il te plaît, ça ne te va pas du tout.

- Bah si, ça me va, tu es jaloux. Je lui tape sur l’épaule, il grimace de douleur, mais sourit quand même pour m'assurer.

- Merci.

- Pourquoi ?

- Tu le sais déjà.

L'échappée. [ Terminée ]Where stories live. Discover now