Chapitre 6

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Une heure passée et moi, je tourne et retourne la même page du livre offert par Dylan. Je ne retiens aucun mot dans ma mémoire.

Mes parents sont partis au travail plus tôt que d'habitude et ils m'ont laissé un petit mot accroché au réfrigérateur afin de m'avertir :

Eryne, on a un boulot urgent à faire on voulait te le dire, mais tu dormais comme une princesse. Prends soin de toi et ne reste pas toute seule, d'accord ? Appelle-nous si tu as besoin de quoi que ce soit. Bisous.

Ils ont conclus ce petit message d'une très belle signature:

Tes parents qui t'adorent plus que personne ne pourrait le faire.

Je suis allongée sur mon lit vêtue seulement de mon T-Shirt rose pâle et ma courte jupe. Tu appelles ce bout de tissu une jupe ? Elle ne couvre même pas tes fesses ! 

Mieux vaut être sourde que d'entendre ma conscience en train de m’engueuler. D'ailleurs, elle amplifie toujours les choses.

La douche que j'ai prise il y a quelques minutes m'a aidé à me détendre et me soulager. Aujourd’hui, je ne veux pas sortir. Je veux réfléchir et mettre mes idées en ordre !   Pourquoi prends tu tant de mal dans la méditation, on sait très bien que tu es amoureuse de Dylan.

Hé, écoute sale conscience ! Tais-toi ! 

Je suis en train de me menacer comme une folle.

À vrai dire, je ne sais pas trop quoi en penser. En plus je ne sais pas trop ce que je ressens. Peut-être que j'apprécie Dylan ? Son regard, son sourire, sa façon de parler, ses cheveux toujours en batailles.
Tu apprécies tout ce qui est en Dylan alors tu L'AIMES.

Je ne t'ai pas ordonné toi de te taire ?  Mais bon, même si je l'aime, je me méfie de lui car j’ai l’impression qu'il me cache quelque chose. Le souvenir le plus inquiétant que je garde de Dylan est quand il s’est arraché de moi brusquement et son message de la veille.

Qu'est ce que tu caches? dis-je en réfléchissant à haute voix.

Mon téléphone qui vibre me tire de ma longue rêverie.

« Tu ne sors pas aujourd'hui ? »

Un sourire s'affiche sur mon visage, j'ignore la raison de celui-ci, mais recevoir un message de sa part me fait gravement plaisir. Je m'approche de la fenêtre espérant pour la première fois qu'il soit à mon attente. Il y a sans cesse des premières fois avec ce Dylan !  Je sens une boule dans mon ventre quand je ne trouve personne.

« Je ne suis pas d'humeur. »

J'attends sa réponse. J'attends et j'attends, mais toujours pas de nouvelles. Je ne sais pas pourquoi, mais je fais volte-face et il est devant moi. Dylan me contemple et il y a une petite brillance d'humour dans les yeux.

Mais bon sang ! Je suis incapable ni de réfléchir ni de prononcer un mot. Je suis vaguement surprise. Je ne m'attendais pas à ce qu'il débarque chez moi. Je regarde autour de moi cherchant un moyen de secours. Non, une fenêtre et une porte, sauf si tu veux te jeter par la fenêtre. NON ! Mauvaise idée. Un doux vent souffle dans la chambre  et je souhaite qu'il m'emporte avec lui. NON! Il va probablement refuser de toute façon.

_ Bonjour, il fait beau temps dehors, une promenade sera une bonne idée.

Il se moque de moi ? Il trouve ça drôle ? Pour l'instant je me pose une seule question: comment mon voisin a-t-il  arrivé jusqu'ici ?

_Tu dois te demander comment j'ai pu entrer ?

Dylan doit lire dans mes pensées. Il frotte ses mains pour se donner un air plus professionnel, ce qui lui donne l'air d'un serial killer. Sa voix est froide et son expression est indéchiffrable. Il me fait peur, tellement peur que la capacité de parler m'échappe toujours.

_ Alors, on peut dire que j'ai volé la clef de ton papa lors de ma dernière visite, je n'étais pas venu là pour rien quand même !

Merde, je savais que quelque chose clochais chez lui. Espèce de menteur ! Je lui lance un regard menaçant, prête à me jeter sur lui. Il est ma proie maintenant et je suis le lion. Je vais prendre ma paire de ciseaux, les lui enfoncer dans le ventre, je vais lui faire une belle blessure qui va faire sortir ses tripes. J'ai peur qu'il me fasse du mal. Ma conscience pouffe de rire. Oui, continue à rire idiote. Je ne sais pas si tu es au courant, mais le jour où je mourrai tu me rejoindrai.

Il m'adresse un petit sourire moqueur en penchant la tête sur son épaule.

_ Mais je rigole Eryne, tes parents m'ont laissé la porte ouverte, il suffisait juste de la pousser ! 

Non, je ne te crois pas. Je sais que mes parents prennent des fois des décisions bizarres, mais il ne penseront jamais à laisser leur unique fille avec un inconnu.

Mes cordes vocales retrouvent enfin leurs fonctions:

_ Pourquoi tu es là? dis-je en essayant de rester rassurante.

Je ne veux pas paraître faible.

_ Pour te faire sortir de ce trou !  dit-il en désignant de son doigt ma petite chambre.

_ Ce trou dont tu parles est ma chambre, mon monde, mon jardin secret. Mets toi ça dans la tête.

_ Si tu considère ce machin comme un monde. Dehors est une galaxie et elle ne demande que d'être visitée par toi.

_ Non ! 

_ Ce n'est pas une demande, c'est un ordre.

_ Non !  dis-je à nouveau.

_ Mais bon sang ! Je ne savais pas que tu es têtue à ce point-là.

Il marque une petite pause et soupire:

_ Tu ne me laisses aucun choix.

_ Comment ça, aucun choix ? dis-je un peu inquiète.

Il s'approche de moi, me lance un sourire vainqueur et me soulève de terre pour me passer par dessus son épaule, comme le ferait un pompier. Je pousse un cri d'étonnement. C'est à ce moment là que je réalise que je ne porte qu'une courte jupe.
Qui ne couvre pas tes petites fesses. ajoute ma conscience.

Je me débat pour qu'il me relâche, mais en vain. Il est robuste !

_ Tu vas me kidnapper ?

_ J'ai dix huit ans Eryne, je suis mature. Je ne pense pas que je peux faire de telles bêtises.

_ J'ai dix sept ans Dylan, je ne mérite pas d'être méprisée d'une telle manière.

_ Chut ! m'ordonne t-il.

Je m'accroche à ses hanches, tête en bas, tandis qu'il traverse à grand pas ma chambre. Au secours!

_ D'accord je vais partir avec toi ! 

Il me pose enfin par terre, je le fusille du regard. Mon expression le fait rire.

_ Tu es en colère?

_ À ton avis, dis-je en faisant la moue et en boudant comme une petite fille.

_ On part ?

_ Non, s'il te plaît je ne veux pas.

_ Comme tu désires.

Dylan hausse ses épaules, son visage se décompose. Il me dit au revoir et sort.
J'ai besoin d'un moment de calme.

L'échappée. [ Terminée ]Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon