Chapitre 9

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Mettre en ordre le brouillard que j'ai dans ma tête est devenu ma priorité.

« Le Boss ne te veut plus près d'elle, tu ne fais qu'aggraver les choses » Je vois clairement cette phrase vagabonder librement dans ma chambre. Le peu de raison qui me reste risque de s'envoler. Je ne comprends plus ce qui se passe autour de moi, le progrès de ces derniers événements m'effraie. Endolorie, je prends le livre que Dylan m'avait offert. Le mot confiance est écrit soigneusement sur la dernière page. Qu'est ce qu'il veut dire par ça ?

J'ai la tête qui tourne, j'ai besoin d'une explication. Je me suis échappée d'un passé mais je suis certaine que les problèmes ne cesseront jamais de me suivre. C'est cauchemardesque !

Quel est le rôle de Dylan et Noah dans ma vie ? Qu'est ce qu'ils me cachent encore comme surprise ? À ce moment là, je n'ai qu'un seul voeu. Remonter dans le temps et modifier de nombreuses choses. Que Dieu m'envoie un signe ou je risque à tout perdre. Pourquoi je ne peux pas vivre normalement et tranquillement comme les autres filles ? Pourquoi c'est moi qui devrait endurer tout ça ?
Pourquoi les gens veulent me détruire à tout prix ?

Je suis épuisée. Épuisée de méditer longuement sur mon avenir. Épuisée d'espérer une meilleure vie. Épuisée de mettre ce masque et ce maquillage de clown pour paraître heureuse. Épuisée d'être hypocrite envers moi même.

Je veux tout changer autour de moi. Ces pensées m'ont traversé l'esprit pas mal de fois. Mais aujourd'hui je me suis allée plus loin.

Une lâche voilà un mot pouvant me décrire. Je suis tout simplement une lâche. Esclave de mes sentiments, une marionnette de mon passé. J'ai besoin d'un fil pour me tirer de ce brouillard où je me suis jetée inconsciemment. Je fais les cent pas dans ma chambre comme Einstein au Kramgasse qurante neuf en train de chercher à démontrer comment six moins trois égale six.

Du calme ! C'est parce que tu es brave et forte que les peines s'accumulent sur ton dos. Tu es une épée, tes ennemis te défient. La vie est une aventure, à chaque fois que ces obstacles t'empêchent d'avancer tu dois réaliser que tu es censée prendre le risque et foncer. L'ange a besoin du démon, comme le bien a besoin du mal. C'est ça ce qu'on appelle l'équilibre. Comment on peut sentir le bonheur si on n'a jamais goûté au malheur? On ne cesse de rêver de ce qu'on ne peut pas avoir, d'une succession de réussites, mais on n'a pas le choix. On doit se battre, tomber et se relever pour l'avoir. Ton passé reste une victoire, un accomplissement pour toi. IDIOTE! TU NE COMPRENDRAS JAMAIS! Tu es spéciale. Ne fais pas de ton passé un prétexte. Mais au contraire, tu dois faire de ta faiblesse un moyen qui va te rendre beaucoup plus forte, plus que tu ne l'as jamais été. Ne recule pas. Dans ton intérieur, se trouve une jeune combattante qui s'appelle ERYNE mais qui est aveuglée par le manque de lumière qui l'entoure. Libère-la. Ce qui te manque c'est de la croyance pour faire des miracles.

Ma conscience a totalement raison. Je décide de prendre une douche histoire de me soulager. L'eau tiède me fait du bien. Je vois une goutte sur mon épaule nue qui glisse sur ma peau doucement, puis de plus en plus vite sans s'arrêter. Tête renversée, je ferme les yeux et permets à ces gouttes de courir en liberté et de caresser ma peau, leur toucher me chatouille et me plonge dans une sensation formidable. Des images traversent mon esprit, je revois le visage souriant de Noah et me souviens de son regard imposant.
Merde ! L'idée de le rencontrer à nouveau me met mal à l'aise. Je n'arrive pas à savoir ce qui ne va pas. Anxieuse et pleine d'espérance j'essaie d'oublier ce discours entre Dylan et Noah et souhaite de tout mon cœur que tout se passera bien. Au bout d'un moment je me calme et porte mes habits. Mes parents sont revenus du boulot. Je descends immédiatement pour leur parler de Noah. Dès qu'ils me voient, leurs visages s'illuminent et changent d'expression. Le stress passe à la tendresse et un beau sourire s'échappe de leurs lèvres. Je saute sur eux et leur offre le plus beau câlin du monde. Mes parents sont comme mes anti-dépresseurs.

Assis tous sur le canapé en train de regarder la télé je leur annonce la nouvelle:

- Papa, Maman. Ce matin en faisant mon jogging habituel j'ai réussi à faire connaissance avec un autre garçon. On a déjeuné ensemble, à vrai dire il est super sympa et gentil. On s'entend très très bien. Il m'a accompagné jusqu'ici et va venir me chercher vers dix neuf heures. Est-ce que vous êtes d'accord ?

- Mais évidemment, c'est très bien mon cœur, saute ma mère d'un air heureux, elle en a les larmes aux yeux, heureuse de voir enfin sa fille unique s'intégrer dans le monde et d'avoir des relations avec les autres.

Depuis sept ans, je faisais une dépression, je criais et sautais d'effroi à chaque fois que quelqu'un me touche et j'avouais une haine féroce aux hommes, je les détestais. Je traversais une période très difficile et ça l'était aussi pour ma mère. Elle avait le cœur en lambeaux en me voyant toujours enfermée dans ma chambre et ne parler à personne.

- Pendant tout ce temps-là tu étais dépressive et maintenant, espèce de folle! Tu oses me demander la permission de t'amuser, me dit-elle avec un sourire. Mais bien sûr que j'accepte mon amour. J'étais sûre que ça allait se produire un jour. L'oiseau s'envole du nid. Josh, on avait raison, ce déménagement n'a fait que du bien à notre belle fille. Maman m'enlace fortement que j'ai failli suffoquer.

- Maman! Tu vas me tuer. Papa meurt de rire, prend un oreiller et crie soudainement:

- La guerre des oreillers!

Mes parents ressemblent à des gamins qui n'arrivent pas encore à moucher leur nez. Ils commencent à jouer comme des fous qui goutent pour la première fois la liberté. Chacun de nous frappe l'autre, moi je reçois plusieurs coups tantôt sur le visage, tantôt sur le dos. Fatiguée je pose ma tête sur l'épaule de mon papa qui me murmure sans que maman ne l'entende :

- Fais attention ma petite. Je ne vais pas te priver de ta sortie, tu es responsable et tu sais très bien ce que tu fais mais je ne veux pas te perdre encore une fois.

Je l'embrasse et le rassure que je suis plus forte que jamais, ces paroles me font fondre le cœur.
- Ah tiens donc ! Elle fais la bise à son père et moi non. Maman boude comme un petit enfant, sa réaction me fait tellement rire. Je me jette sur elle et lui donne un baiser plein d'émotions.

- Et si on commande une pizza ? On lâche mon père et moi un « OUI » dix huit heures et demi, on est toujours assis sur le canapé, regardant " A Hundred Ways to die in the west". La maison se remplit de nos fous rires. En consultant sa montre maman me chasse :
-Faut que tu te prépares.
- Mais, je veux rester avec vous!
- Non, c'est impoli de ne pas tenir à une promesse, allez vas-y.

Je monte dans ma chambre et enfile une robe noire courte avec des bas mousses. Alors que je commence à coiffer mes cheveux, mon père m'appelle d'en bas :
- Il s'appelle comment ?
- Noah. Je fais une tresse, me maquille et n'oublie pas de mettre mes talons. Je contemple le résultat final. Quand maman entre elle reste bouche bée, ses yeux brillent :

- Mon coeur tu es magnifique.
Quelqu'un frappe à la porte.
- Il est arrivé.
Ma mère descend, je l'entends parler à Noah. Satisfaite, je me regarde dans le miroir, malgré la couleur sombre de la robe ça ne l'empêche pas de mettre en valeur mon corps.

L'échappée. [ Terminée ]Where stories live. Discover now