Chapitre 14

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Mais toute ma panique se disparaiss
e quand j'entends la voix d'Anna.
Je me retourne en vitesse. Heureuse, qu'elle ne soit pas un autre.

- Anna ! M'exlamé-je, ne croyant pas encore mes yeux.
- Salut.

Elle m'enlace, un peu plus fort que la dernière fois. Cette fille a beaucoup d'énergie, je ne m'empêche pas de sourire :

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Lui demandé-je.
- Je me promène et exploite à nouveau ces places.
- Ça doit te paraître différent non ?
- Quoi ? Ces endroits ? Non, ils sont restés les mêmes, ils étaient toujours comme ça et ça plaît à tout le monde. On a tous des histoires dans un coin ici.
- Ah, je vois !
Son regard est vague comme si elle regrette de quitter son abri, son chaud nid. On reste silencieuse quand Anna décide enfin de briser ce silence gênant :

- Alors ? Tu vas où ?
- Je rentrerai à la maison.
- Vas-y tu veux qu'on se balade et te monter le reste de la ville ?
- Non, non, merci ce n'est pas la peine. D'ailleurs, il fait tard.
- Alors, je t'accompagne jusqu'à chez-toi.
Merde, mais elle ne baisse jamais les bras cette fille ? Elle ne comprend pas que sa compagnie me met un peu mal à l'aise.
Voulant ne pas la vexer, j'accepte et plante un faux sourire sur mes lèvres.
Elle est si pressée qu'elle me demande mon prénom et se met à marcher.

- Eryne, est ton prénom alors je l'adore. Répète t-elle de son bel accent.

- ‎Merci.

Les pas lents, Anna s'arrête tous les deux secondes afin d'admirer les lieux :

- Tu sais Eryne que la nostalgie est si blessante. Mes voisins, mon ancienne école, les gamins qui ne cessent de crier, tout ça m'a manqué.
- Il n'est jamais trop tard, tu es là maintenant profité de chaque jour ici.
- ‎Tu as raison.
Elle me lance ces deux mots puis reprend :

-  Pourrais-je te poser une question ?
- ‎Oui, bien sûr.
Après un long moment d'hésitation, elle bégaie :

- ‎Est-ce qu'il y a quelque chose entre toi et Noah ? 

Surprise de sa soudaine question, je m'apprête à répondre pour remettre en ordre les idées fausses qu'elle a :

- Mais bien sûr que non.
- Tu es certaine ?
- Bah oui. On se connaît à peine.
- Et comment vous vous êtes rencontrés ? Noah et moi ne sommes plus revus depuis ce fameux jour.
- Alors pour commencer : il m'avait proposé un bonbon quand j'étais assise sur un banc.
- Tu as accepté ?
- Oui, il m'avait accompagné jusqu'à à ma maison et m'avait invité au cinéma.
- Tu as accepté pour une deuxième fois ?
- Oui.
- Tu ne crois pas que s'est passé vite. Super vite ?
Je ne sais pas où elle veut venir avec son questionnaire, mais elle a surtout raison, j'ai voulu oublié Dylan alors que je n'ai pas réalisé que tous les pas que j'ai pris avec Noah ne sont qu'une folie. Je réponds avec hésitation, sachant que mon attitude mérite une sanction.

- Peut-être.
- Ça me paraît bizarre, Noah ne s'est jamais comporté avec une fille de la même façon. Et toi, tu as dit oui sans réfléchir.
- Je ne savais pas ce qui m'avais pris ce jour-là.
-  Je pense qu'il a un faible pour toi.
Sans ne me laisser même pas un temps pour accorder quelques faibles mots, elle ajoute :

- Tu as pu refuser non ?
- Mais je ne l'ai pas fait.
- Pourquoi ?
- Franchement, je ne sais pas.
- Hum, mais tu sais quoi ? J'aurais fait la même chose si j'étais à ta place.
- Tu crois ?
- Oui. Noah a un charme à qui personne ne peut lui résister. Je me contente de sourire et souhaite qu'elle ne lise pas mon mal à l'aise. J'ai de la pitié pour elle. La pauvre ne sait pas que son meilleur ami est l'ami de mon ennemi, de mon agresseur, de ma bête agressif. J'étais la belle qu'on, j'avais dix ans, mais je n'avais surtout pas la sagesse, lui avait la ruse et le pouvoir de s'amuser en me voyant se détruire sous ses yeux. j'étais idiote, mais maintenant les remords ne m'aideront jamais à résoudre mes problèmes.

Anna parle toujours à mes côtés, sa petite bouche ne cesse pas de bouger elle n'est pas épuisée elle parle sans répit. Elle est généreuse dans son discours, elle me parle de tout ne se méfie pas de moi, ne me cache rien comme si je suis sa vielle amie. Je hoche la tête quand elle s'arrête pour avaler sa salive. Ses paroles pénètrent dans une oreille et sortent de l'autre. Une fois arrivée à notre destination, elle me dit au revoir et insiste pour venir me chercher le lendemain vers 17 heures afin qu'on sorte faire du shopping ensemble. Avant qu'elle ne se disparaisse entre les premiers rayons du soleil oranges et rouges elle me souffle : 

- On va s'amuser et je te raconterai tout. Je veux bien qu'on devienne de meilleures amies.

Hélas ma chère Anna, je crains que le ton voue ne se réalisera jamais. Malgré ma pensée, j'élargis mon sourire signe d'approbation. Je la vois s'éloigner jusqu'à ce que je ne la distingue plus. Je profite de ce moment de calme pour admirer le beau coucher de soleil et ce ciel rosé.

Je médite tout en contemplant cette toile. Le soleil se précipite pour se disparaître, il veut laisser place à la lune et son étincelle.

Au bout d'un moment, je cherche mes clés et ouvre la porte. Dès que je mette mon pied sur le seuil de cette maudite porte Dylan, m'appelle. Je fais la sourde et entre, claque la porte agressivement et rapidement. Je n'ai aucune envie de le voir, mais juste mon prénom, prononcé par lui, m'a chamboulé. À chaque fois que la chose qu'on chérie le plus s'approche, notre peur s'agrandit et on ne souhaite que s'éloigner d'elle. Peut-être pour qu'elle, nous ne fassions pas du mal. Je soupire longuement. Si le soupir nous aide à se débarrasser de nos peines, je serai la plus heureuse fille au monde.

Affamée, je prépare une omelette que je dévore tout de suite. Quand je termine, je range l'assiette et monte dans ma chambre.

Aujourd'hui, je danse à l'envers et regarde le monde à travers. Je lui babille cette chanson mélancolique, mais il m'évite.

Des créatures tapent sur sa terre, parlent avec ses étoiles et mers. Pourtant, il nous ignore et pleure dans son coin paisible. Il ne sait pas qu'on ressent sa peine.

Mon téléphone, qui vibre, me tire de ma longue rêverie, j'ai reçu un message de ce même numéro inconnu :

Bravo ma petite obéissante ne lui parle plus laisse le trouver sa détresse. Je m'est méfié de ce Dylan depuis toujours. Je te conseille de ne pas essayer de lui recontacter sinon il risque de ne plus avoir sa tête dans son corps. Bonne nuit princesse.

L'échappée. [ Terminée ]Where stories live. Discover now