Chapitre 8

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« Pourquoi ? »
Cette question me hante l'esprit depuis le début de la matinée.
Joues dans les mains, coudes sur mon petit bureau, paupières fermées, je tente de m'isoler de monde.

« Pourquoi ? »
Je me suis confiée à lui, comment j'ai pu lui dévoiler une vérité cachée entre les feuilles de ma mémoire. Je ne me connais plus, je ne suis plus cette fille solitaire avec son sale caractère, qui camoufle à chaque fois son petit secret.

« Pourquoi ? »
Dylan a ce pouvoir, le pouvoir de me parler à travers les nuances qui traversent ses yeux. Je suis telle un puits. Je n'exteriorise pas mes pensées facilement, je les laisse pour moi. Je les cache de crainte qu'ils se détachent.

Ce sont eux qui ont fait de moi un monstre effrayé par ses griffes, ce sont eux qui ont fait de moi une nuit craintive. Ils m'ont comblé un nouveau mode de vie qui est parfait que pour moi seule.

« Pourquoi ? »
C'est lui qui sera l'héros m'aidant à m'échapper de mon cachot. Pendant toutes ces années j'ai construit une bulle que je ne dois pas quitter, une bulle qui me permet de vivre durant un nombre de jours indéfinis. Je mérite vraiment l'affection de Dylan ? On est sur des chemins différents, chacun à sa propre voie mais on se rencontrera vers la fin ?

Mes pensées m'étouffent, m'obligeant d'aller avaler un peu d'air. Je répète les paroles de ma chanson dans un murmure presque perdu, en traversant différents chemins.

Il fait chaud, les rayons du soleil me brûlent la peau, je bois de temps en temps de petites gorgées d'eau pour me rafraîchir. Pas besoin de m'arrêter, je pense qu'en suivant des voies que je ne connaisse pas avant, et qu'en regardant les gens autour de moi ça peut me faire oublier ce que j'ai dû supporter. Sauf qu'à chaque fois que je rencontre quelqu'un pendant ma course ayant des yeux verts, je me fige immédiatement et me souviens de Dylan. Je suis sa soumise éternelle. Peut être que je devienne folle ! Je n'ai jamais imaginé qu'un garçon pourrait me mettre sous son charme si facilement.
Je me sens faible, une fille forte ne doit pas permettre à une personne de la torturer sentimentalement. Il n'arrête pas de m'influencer. Peut être que je dois me débarrasser de lui et il faut que je le fasse rapidement.

La fatigue me gagne, je m'assoie sur le premier banc que je distingue. Devant moi, une bande d'adolescents parlent de tout et de rien. Leurs lèvres bougent sans cesse, ils rigolent et ricannent. Je suppose qu'ils sont des amis depuis l'enfance. Leur façon de discuter et leurs gestes le prouvent. Ils se sentent à l'aise. Ils prennent du plaisir à discuter entre eux. Je deviens toute rouge de jalousie, je n'ai jamais eu de vrais copains, les seuls camarades que j'ai eu sont mes collègues en classe, mais bref ils sont des profiteurs, il ne m'ont jamais aimé.
Alors que je me replonge dans une mélancolie noire, quelqu'un se rapproche de moi et s'installe à mes côtés.

Hélas, je ne peux pas réfléchir, et rêver sans qu'on me dérange ? Il n'est pas Dylan je suis sûr mais bon je ne vais pas me retourner pour voir qui est-ce.

- Tu veux un bonbon ? Tu ressembles à une tomate on dirait que tu viens de sortir du four où Hansel et Grettel ont jeté la sorcière. Il te faut du glucose, tu as fait beaucoup d'effort ça se voit. Ta respiration est lente, tes mains ne peuvent pas prendre cette bouteille pour longtemps et ton coprs finira par perdre son énergie.

Je fais face à mon anonyme interlocuteur, d'ailleurs comment il a tout remarqué, il vient de s'asseoir quand même ! Il a les yeux bleus. Leur couleur est si profonde et dès que je les admire. J'ai l'impression de me noyer dans un océan. Sa vermeille bouche est si mince et belle.

- Alors tu le veux ?

J'hésite entre prendre son fameux bonbon ou bien refuser poliment et partir d'ici le plus vite possible. Maman me dit toujours de me méfier, or malgré son avertissement je laisse ma conscience choisir et anesthésie ma raison durant une bonne éternité.

L'échappée. [ Terminée ]Where stories live. Discover now