Avant que Tom ne pût trouver quoi répondre, Hadrien avait déjà laissé tomber sa fourchette et s'était levé de sa chaise.

- Hé, où tu vas ? dit Tom.

- Je pars. On veut pas de moi, ici. J'ai pas envie qu'on fasse des sacs à main avec mes écailles !

- Non... reviens ici...

Hadrien n'écoutait plus, il continuait son chemin en direction des chambres. Simmer se leva à son tour pour le rejoindre et le forcer de s'arrêter en lui prenant un bras.

- Reste, Hadrien. On est en sécurité, ici.

- C'est pas vrai, l'autre vient de dire le contraire, grogna-t-il.

- Nous sommes en sécurité, dans cette maison. Alors, restes-y !

- Mais t'as pas entendu ce que Miö a rapporter ! Ils vont s'infiltrer ici et tous nous tuer dans notre sommeil !

- Ça n'arrivera pas ! dit cette fois Tom. Je vais renforcer la sécurité.

- Et tu mettras les méchants en prison ? dit Télio en frappant du poing sur la table. Faudrait premièrement en avoir une. Alors tu vas plutôt tuer les méchants, alors même que c'est toute la ville qui veut nous tuer. Ton petit peuple en entier va se révolter contre toi à cause de nous.

Télio avait raison, bien sûr. J'avais déjà passé assez près de mourir à plusieurs reprises, mais la peur me frappait au moment où ça arrivait, pas des jours avant le moment, comme présentement. Tout ça, ça me faisait sérieusement peur, et en levant les yeux pour dévisager les autres clones assis autour de la table, il était clair que je n'étais pas le seul. À l'autre bout de la table, j'entendis Albert murmurer à l'oreille d'Arthur : « et si on retournait au village ? » Je tournai les yeux dans leurs directions pour voir Arthur hocher la tête tout en se mordant la lèvre inférieure.

- Laissez-moi une seule journée de plus, dit Tom. Je vais faire une réunion ce soir. Creg ! dit-il en tournant la tête vers un garde qui était près de la porte, à se faire oublier. Va passer le mot dans la ville entière, ce sera ce soir, dix-sept heures, devant la tour. On mettra les choses au clair, une bonne fois pour toutes. Là, vous êtes content ?

- Comment comptes-tu changer les idées de deux-cents personnes en même temps ? dis-je en me tournant vers lui. Ce serait comme convaincre les cowboys de ne pas s'en prendre aux Indiens. Ça m'a l'air plutôt impossible.

- Ce n'est pas la même chose, dit Tom en me lançant un regard noir. N'essaie pas de m'enfoncer, Miö. Les autres peuvent peut-être partir, s'ils le souhaitent vraiment, mais pas toi. Tu devrais être de mon côté.

- Je suis du côté de la vérité.

Le visage de Tom devint complètement rouge. Il était sérieusement à bout de nerfs.

- On verra bien. Math, tu veux bien les conduire à la salle de cinéma et les gaver de classique jusqu'à la fin de la journée ? Et toi, dit-il en pointant un garde, tu t'assures que personne ne ressort de cette salle de cinéma.

- Eh, papa, on est mercredi, dit Math nerveusement. Faut que j'aille en cours, je devrais partir dans dix minutes pour ne pas être en retard.

- Tu iras en cours demain ! Allez, ouste, tout le monde ! Je veux plus vous voir !

Alors que nous restions tous assis à dévisager Tom, les gardes restant dans la pièce vinrent nous attraper par les bras pour nous forcer à nous lever. Je me laissai faire, résigner, alors que d'autre se débattait en grognant. En moins de cinq minutes, nous étions déjà enfermés dans la salle de cinéma, avec Math. Il avait les yeux rivés au sol et les mains dans les poches, nerveux.

Miö (En Réécriture)Where stories live. Discover now