Chapitre 45 ✅

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— Miö, dit Math en ce penchant près de moi, si tu veux partir d'ici, il faut que tu passes à la suite maintenant. Appelle les chauvesouris.

— Je peux pas, j'entends presque rien ! Je sais même pas si les fenêtres ont éclaté.

— Je peux te garantir qu'à la force du cri de Télio, s'il reste encore une vitre quelque part dans la ville, je suis impressionné. Tu l'avais vraiment poussé à bout. Et puis, t'as pas besoin de t'entendre pour siffler. N'essaie pas d'écouter, vas-y comme tu le fais d'habitude. À chaque fois que tu siffles, même quand ce n'est pas pour appeler les chauvesouris, il y en a toujours au moins une qui se viens, même en plein jour.

Je secouai la tête ; j'étais assez sûr que ce n'était que des mensonges pour me mettre en confiance. Télio n'avait certainement pas éclaté toutes les vitres de la cité, et il n'y avait pas de chauvesouris qui se ramenaient à chaque fois que je sifflais !

— Crois-moi ! s'énerva Math. T'as rien à perdre à essayer.

Je soupirai, baissant les yeux vers Télio. Il était encore à terre, mais réveillé. Il se passait les mains sur le visage, puis grimaça en effleurant ses oreilles. Ses lèvres remuèrent, mais bien sûr, je n'entendis rien à ce qu'il avait dit.

Au moins, Math avait raison sur un point ; je ne perdais rien à essayer. Alors, je levai les yeux vers le plafond, comme s'il m'était possible de voir, au-dessus, le bureau du roi Floriant, et sifflai. Je sifflai encore et encore et de plus en plus fort. J'étais sûr qu'elles m'entendraient, mais est-ce qu'elles viendraient ?

Tom, qui était toujours agenouillé près de moi, alla rejoindre Télio qui nous regardait tour à tour d'un œil torve. Ses lèvres remuèrent à nouveau ; il ne semblait pas avoir parlé plus fort que précédemment, mais j'arrivai tout de même à percevoir un faible « qu'est-ce qui s'est passé ? »

Pendant que Tom lui expliquait, je me remis à siffler. J'avais déjà remarqué une amélioration de mon ouïe, mais rien de fabuleux. À ce rythme, il me faudrait peut-être vingt ou trente minutes pour retrouver ma pleine capacité.

Enfin, Télio se leva, chancelant légèrement, et vint s'assoir entre Math et moi, sur le canapé. Je m'arrêtai à nouveau de siffler pour le dévisager ; il semblait encore un peu à l'ouest, mais il souriait.

— Wow ! s'écria-t-il bien assez fort pour que je l'entende. C'était quelque chose ! Je suis presque sourd !

— Moi aussi !

— Chut ! fit Tom en se plantant devant nous trois. (Ses yeux étaient rivés au plafond.) Vous entendez ça ?

— Non, répondis-je en même temps que Télio.

— Ce sont les chauvesouris ? demanda Math en se penchant un peu par en avant.

— Peut-être bien. C'est difficile à dire, les murs sont très épais et je n'ai pas de super oreilles, moi. Mais... pour sûr, il y a quelque chose.

Tom garda le silence, continuant d'écouter ce qui semblait se passer dans la pièce au-dessus de nos têtes. Je fermai les yeux, essayant de me concentrer sur mon ouïe, mais rien à faire.

D'habitude, ça m'énervait un peu de tout entendre ; j'avais l'impression de violer la vie privée de tout le monde. Mais là, c'était une autre histoire... Ça m'énervait de ne rien entendre !

Puis, sans prévenir, la trappe au plafond s'ouvrit, nous faisant tous sursauter, et un garde tomba dans le trou en hurlant. Même une fois atterrit, il battait toujours des bras et des jambes comme un fou. Je m'approchai lentement de lui, secondé par Télio. Puis je me rendis compte qu'un nuage de chauvesouris volait au-dessus de lui ; ses mains, son cou, son visage étaient emplis de morsures sanglantes.

Miö (En Réécriture)Where stories live. Discover now