Chapitre 76

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Télio

Tous les clones se levèrent pour quitter la place. Math et Miö, accompagné d'un autre clone parmi les plus jeunes, allèrent dans une direction ; vers la rivière, pour que Miö puisse laver la sauce qui lui dégoutait encore des cheveux, à ce que j'avais compris. En peu de temps, j'étais complètement seul, assis en face du feu mourant, au centre du cercle. Seul avec mes pensées noires...

J'étais conscient de mes innombrables défauts, mais entendre comme ça mes décisions qui avaient presque donné la mort à Miö, ça m'avait fait un choc. Et que Simmer, le plus vieux, et certainement, d'une certaine manière, le plus sage d'entre nous, dise avec autant de légèreté que je suis une merde... ça fait mal.

Je restai un long moment assis là, à réfléchir, jusqu'à ce que le feu ne soit plus que des braises, et qu'il fasse ensuite trop noir pour voir à deux mètres.

Je ne manquerai à personne, pensai-je en retirant le teeshirt que j'avais enfilé un peu plus tôt pour me protéger un minimum du soleil du désert. Ils ne sauront même pas remarquer que je ne suis plus là.

Je retirai ensuite mes souliers, qui appartenaient en fait à Math, puis me transformais pour m'enfoncer dans la forêt. J'avais faim, je n'avais rien mangé de la journée. Je passai un long moment à chasser de petits animaux dans la forêt, trouvant quelques mulots sur mon chemin.

Au bout d'un moment, je trouvai la rivière dont avait parlé le clone qui y avait conduit Math et Miö. Je trouvai également les trois assis près de la rivière à discuter paisiblement. Miö était couché sur le dos, assez près de la rivière pour y faire basculer la tête dans l'eau, tendit que le clone lui présentait une bouteille blanche – shampoing, peut-être ? Probablement.

Je restai assez longtemps à les observer pour avoir la certitude que le clone était Aël, ce qui me donna encore moins envie de les rejoindre. S'il fallait que je sois face à face avec cette araignée, j'allais l'écraser sous ma botte.

- Vous avez remarqué ? dit Miö alors qu'il frottait toujours vigoureusement ses cheveux, les yeux fermés et le visage mouillé par la rivière. Un hibou nous observe depuis au moins dix minutes. Vous croyez que c'est Télio ?

Les deux autres regardèrent partout en haussant les épaules ; il faisait si sombre que, malgré que leurs yeux passassent une demi-douzaine de fois devant moi, personne ne me remarqua. Pestant contre l'ouïe infaillible de Miö – sérieux, j'étais immobile depuis plus de dix minutes, comment il avait fait ?! –, je m'envolai pour me trouver un autre coin. Je sortis de la rivière et survolai la ville, où il faisait toujours aussi sombre. Aucune lumière en vue ; tout le monde était couché... sauf deux personnes.

Assis dans les marches d'un balcon, ma mère et ma tante étaient là, sans échanger le moindre mot. Elles semblaient attendre quelque chose... ou quelqu'un.

Je me posai à deux mètres devant elles, au milieu de la rue, et me transformai. Une petite roche m'entra douloureusement dans le pied et je laissai échapper une exclamation de douleur, que ma mère et ma tante remarquèrent aussitôt, relevant la tête d'un seul mouvement.

- Qui est là ? demanda ma tante.

- Télio.

Je me mordis nerveusement la lèvre ; et si elles n'avaient pas envie de me voir ? Et si elles attendaient quelqu'un d'autre ? Mais ma mère se leva d'un bon et, souriante, ouvrit grand les bras. Je voyais à peine dans le noir, avec ma vision humaine, mais je savais que je voyais tout de même mieux que les autres, et j'étais convaincu d'être totalement invisible pour elles. Malgré tout, je m'élançai dans les bras de ma mère, retenant un sanglot. Ma mère referma les bras dans mon dos alors que je posai ma tête au creux de son cou. Ma tante posa doucement une main sur mon épaule.

Miö (En Réécriture)حيث تعيش القصص. اكتشف الآن