4. Oui, papa

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"Yoongi!"

Lorsque, affalé sur ma table, j'avais dû faire face à cette voix que j'avais commencé à doucement détester, j'avais frissonné d'amertume. C'est sans même prendre la peine de lui donner de l'attention ou de relever la tête vers elle que j'avais fermé les yeux.

Le visage d'EunAe n'était pas quelque chose que j'aimais observer. Et si j'avais espéré que mon absence de réponse la ferait s'en aller, j'avais grincé des dents en constatant combien je m'étais fourvoyé.

Alors ma voix étouffée entre mes bras, j'avais balancé, froid.

"Qu'est-ce que tu veux?"

Elle avait eu l'air ravi d'enfin, recevoir l'attention qu'elle réclamait aussi désespérément. J'avais trouvé ça ridicule.

"Tu t'ennuies? Elle avait demandé, le ton mielleux.

- J'ai l'air de m'ennuyer? L'agacement consumait ma voix, de plus en plus.

- Tu--

- Écoute-moi bien, EunAe."

Je n'étais pas aussi patient que la fille qu'elle avait embêtée la veille, et pris d'une colère que je n'avais pas su contrôler, je m'étais brusquement redressé.

"J'ai une folle envie de te faire manger le parquet, tu comprends? En même temps, je m'étais relevé, pour l'intimider; j'étais plus grand qu'elle. Vu la râclée que tu t'es pris 'y a deux jours, je te jure qu'à ta place, je me ferai tout petit."

J'étais fatigué, énervé, frustré de constater qu'elle se trémoussait comme si elle n'avait jamais fait de mal à personne.

"Alors s'il te plaît, au lieu de me saloper ma journée, va voir ailleurs, hm? Je m'étais approché d'elle, l'air menaçant et elle avait reculé, bien moins sûre d'elle. Au lieu d'emmerder ton monde, prend-toi en main et si c'est pas dans tes projets, alors juste casse-toi d'ici et laisse ceux qui ont envie d'étudier faire ce qu'ils ont à faire."

Elle ne s'était certainement pas attendue à ce que quelqu'un s'adresse à elle de cette manière. Mais j'en avais assez. J'avais mes limites et EunAe les avait franchies depuis un moment. Lorsque mes yeux avaient croisé les siens, elle avait baissé la tête, et une fois certain qu'elle resterait silencieuse le reste de la journée, j'avais retrouvé ma chaise, ma table, puis mes bras.

Et je l'espérais, mon sommeil.











***






"Comment tu te sens?"

HaNeul avait dû me poser la question plus d'une bonne demi-douzaine de fois ce matin. Et comme souvent, mes réponses étaient restées les mêmes. Evasives, courtes, presque fuyantes. 

Mon amie m'avait fait remarquer combien ma mâchoire enflée faisait peur. Combien ma jambe boiteuse attirait par moment l'attention. Combien voir un médecin me serait d'une grande aide. Et j'avais voulu lui demander quelles explications j'étais censée donner à un inconnu. Qu'est-ce que mes blessures laisseraient penser. Ce qu'elles engendreraient et les conséquences qu'elles auraient sur ma vie. 

HaNeul n'était pas bête. Les hématomes sur mon corps ne lui avaient pas échappée et je savais qu'elle se doutait fortement que je n'étais pas 'que' tomber dans les escaliers de mon immeuble. Surtout qu'elle savait très bien que je vivais dans une maison.

Je suis làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant