Chapitre 6 - Janvier - Jour de l'an

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Le jour de l'an fut comme toujours, accompagné de la visite à la famille. C'était la première fois en quatre ans qu'Alice la faisait sans David. Mais elle se sentait plus tourmentée par le baiser de Benjamin onze heures plutôt que par sa rupture. Même les remarques de sa grand-mère sur le bon garçon qu'était David ne l'atteignirent pas. Ses pensées étaient encombrées par les douces sensations qu'elle avait ressenties au contact de ce gars qu'elle connaissait si peu. Comment devait-elle réagir en sa présence ? Son estomac se retournait dès qu'elle l'apercevait. Elle se retrouvait pantelante comme une adolescente de quinze ans quand il s'approchait. S'il osait lui proposer un petit four, elle se contenait pour ne pas s'évanouir. Il devait avoir des pouvoirs magiques... Oui, voilà, c'était certainement un marabout...

Ses cousins lui proposèrent à nouveau du champagne et elle accepta sans vraiment faire attention. Elle porta la coupe à ses lèvres et manqua de s'étrangler à la première gorgée. Décidément, l'alcool ne lui réussissait pas. Le manque de sommeil non plus. « Il est toujours avec Guilia. » Elle manqua de se gifler. Elle avait fait quelque chose qu'elle s'était promis de ne jamais faire. Elle avait séduit un homme déjà prit. Quelle salope elle faisait... Elle ne valait pas mieux que toutes ces filles qu'elle jugeait. Sauf qu'il l'avait séduite également ! Finalement, elle n'était pas la seule fautive ! Et puis, puisque c'était arrivé qu'une seule fois et que ça n'arriverait plus, ce n'était pas si grave... Toutes ces tergiversations lui donnaient le tournis...

Dans la famille de Benjamin, il était le vilain petit canard. Avant, son cousin Adam était là pour lui. Ils partageaient les critiques sur les tatouages que les jeunes se font – parce que la sœur de Benjamin avait montré des photos de vacances où l'on pouvait voir l'étendue de l'art sur le torse de l'étudiant- et sur le fait qu'ils n'étaient toujours pas partis de chez leurs parents à leur âge. Mais à présent, Adam avait mis fin à ses jours. Un mal-être l'avait étouffé depuis son enfance et après une énième rupture à vingt ans, il avait sauté d'un pont surplombant une voie rapide. Et des critiques, il n'y en avait plus que pour Benjamin.

- Et cette délicieuse Guilia, où est-elle ? demanda le grand-père du jeune homme.

- Je vais la chercher dans une demi-heure, papy.

- Tu la fais attendre ? C'est intolérable pour une jeune femme de son âge d'attendre un homme.

- Papy, elle devait aller voir sa famille à elle. Elle ne pouvait pas venir plutôt.

- Ah bien.

Et finalement, s'en fut fini pour son procès. Heureusement, sa mère vint lui apporter un jus de fruits tiède et l'embrassa sur la joue pour lui souhaiter à nouveau beaucoup de bonheur pour cette nouvelle année. Il la serra dans ses bras pour en faire autant.

La Saint Sylvestre avait été très calme pour Juliette. Elena avait organisé un souper avec des amis à elle dans leur petit appartement mais tout s'était terminé tôt. C'est donc fraîche comme le jour qu'elle entamait cette nouvelle année.

Enfin, de corps elle était fraîche. Mais en vrai, elle avait un poids sur le cœur. Elle n'avait plus adressé la parole à Adrian depuis la soirée où elle l'avait vu embrasser un autre homme. C'était vraiment difficile pour elle. Non pas qu'elle soit homophobe... Mais elle avait vraiment fini par lui faire confiance. Il connaissait son plus gros secret que même Margaux, Alice et Théo ignoraient. Alors qu'il lui cache un élément pareil comme si elle allait le juger... ça blessait forcément.

La sonnette stridente de la porte d'entrée retentit.

- Juliette, grogna Elena qui cuvait affalée dans le fauteuil. Je t'en supplie, va ouvrir, je souffre...

Embrassez qui vous voudrezWhere stories live. Discover now