Chapitre 4 - Novembre - Détruire la forteresse

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Dans la ville lumière, la neige avait commencé à tomber

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Dans la ville lumière, la neige avait commencé à tomber. Les parisiens ne semblaient pas tellement apprécier les trottoirs qui se transformaient en patinoire et les routes pleines de bouillasse grise. Il semblait à Juliette que la population de la capitale tirait encore plus la gueule que d'habitude.

Elle remontait sa rue étroite, son classeur bourré de synthèses sous le bras. Les cours étaient devenus éreintants. Elle passait son temps libre en bibliothèque pour suivre le rythme et évitait de s'amuser. Mais elle sentait de plus en plus de raideur dans ses épaules, à force d'être mal assise dans les auditoires ou les salles d'études sans oublier qu'elle se promenait partout chargée de son ordinateur, ses manuels, ses syllabi, ses synthèse...

À Louvain-la-Neuve son logement était près de la faculté mais ici elle devait prendre le métro et encore marcher. Elle souffla un gros coup pour suivre la montée et parvint enfin dans son bâtiment. Alors qu'elle allait ouvrir la porte de son appartement après avoir grimpé les 60 000 marches y menant, elle entendit qu'on l'appelait. Sursautant, elle arracha les écouteurs de ses oreilles.

- T'es difficile à suivre ! souffla Adrian.

Il prit son sac pour l'aider à ouvrir la porte de l'apartement.

- Eh ben, mes aïeux ! Je pensais être sportif mais tu as tué ma fierté, là ! Cette côte puis les escaliers, c'est plus que mon corps de fumeur ne peut supporter.

Elle ricana, passa la porte et referma derrière lui. Il s'affala dans le fauteuil, visiblement éreinté et lui fit signe qu'il avait soif. Une vraie DramaQueen.

- On regarde le dernier épisode de Games Of Thrones ? proposa-t-il comme elle posait un grand verre d'eau sur la table basse.

- Je ne peux pas, je suis à la bourre pour les travaux à rendre. J'ai l'impression de ne pas avancer. Cette nuit, j'ai dormi quatre heures histoire d'envoyer ma version finale au prof en temps et en heure.

- Le prochain est dans combien de temps ?

- Dans quatre jours mais...

Il la fit taire d'une main sur la bouche, de façon très théâtrale. Ce geste comique déclencha un petit rire chez Juliette.

- Viens, on sort. J'ai reçu un chèque par ma mère. "Hashtag Gosse de riche". On se fait un méga restau ce soir. Tu aimes la gastronomie ?

- T'es sérieux ? Je ne mange que des lasagnes bon marché depuis trop longtemps. Ça fait deux semaines que c'est la fin du mois sur mon compte.

- Je t'invite. On fait comme si on était un jeune couple amoureux pour avoir une table et on commande le menu le plus cher !

Juliette manqua de s'étrangler. Elle n'avait plus mangé de repas dans ce genre de restaurant depuis qu'elle avait raccroché avec son gagne-pain d'avant. Ses clients l'avaient souvent emmenée dans ce genre d'endroit mais elle n'avait pas les moyens ni l'envie de payer une soupe 65 euros sous prétexte qu'elle portait le nom de « velouté ».

Embrassez qui vous voudrezWhere stories live. Discover now