Chapitre 2 - Septembre - Femme qui rit, à moitié dans...

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La soirée de Margaux avait bien avancé. Elle avait déjà bu plus de cinq bières. En tout cas, elle avait arrêté de compter à cinq, ce qui ne devait pas être plus mal. Justine et elle discutaient des filles du cercle qui s'étaient tapé des présidents d'autres cercles ou de régionales. Chacune y allait dans la délation en explosant de rire avant de finir leurs phrases.

- On monte à la Casa, les filles ! leur cria Antonin qui tenait trois verres en main.

- Pas de charrette, bleu, lui fit remarquer Margaux en lui montrant les bières.

- C'est pour vous deux, idiote. Allez, on y va.

Il leur passa chacune un verre et attrapa sa marraine de baptême par les épaules. Antonin et trois de ses co-bleus leurs emboitèrent le pas.

L'ascension fut rude. Les trois ivrognes s'arrêtaient sans cesse pour faire des idioties telles que : marcher en équilibre sur les bordures, poser devant la fac, sauter sur le dos d'un autre, faire des selfies immondes... Arrivés à la Casa, la musique assourdissante fit vibrer le corps tout entier de Margaux. Antonin la tint par la main pour la guider à travers la foule. Son polo de comité ne tarda pas à être baptisé de bière. Les lumières colorées aveuglèrent Margaux qui avait définitivement trop bu mais qui trouvait ça assez marrant. Justine lui fit signe en souriant pour lui présenter un de ses amis. Sans comprendre son nom, Margaux lui fit la bise. Il était pas mal, un pull à capuche noir, une pomme d'Adam très visible, un sourire gêné. Antonin apporta de nouvelles bières et Margaux commença à danser sur une chanson de David Guetta avec Justine et une autre fille. Margaux sentait ses cheveux se coller à son front. Elle les réarrangea en soulevant sa calotte puis recommença à danser puis à boire... Puis, elle se rapprocha dangereusement du timide ami de Justine, entreprit de le séduire pendant une demi-minute avant de l'attirer contre elle et de poser ses lèvres sur les siennes. Justine éclata de rire, Antonin fit de même. Une minute plus tard, Margaux repoussait le garçon pour se diriger vers le bar sans un mot. Une ou deux bières plus tard, elle sortait s'aérer et « se repoudrer le nez » comme elle disait. Et lorsqu'à trois heures du matin, la soirée se termina, elle se laissa reconduire par Antonin jusque chez elle. Elle le remercia en l'étreignant puis sorti ses clés et alla dormir.

Le lendemain matin, Margaux sursauta en entendant son réveil sonner. Elle avait la langue dure comme du bois, le crâne trop petit pour son cerveau, les muscles courbaturés... Elle s'aperçut avec un grognement qu'elle était encore vêtue de son débardeur de la veille sans pyjama dessous. Après avoir vidé un demi-litre d'eau et prit un cachet antidouleur, elle se recoucha et fit le bilan de la veille. Elle avait encore embrassé un inconnu. Sans aucune raison. Elle ne l'avait pas trouvé beau, d'ailleurs, elle ne se souvenait plus de son visage. Encore une fois, elle n'avait pas tenu l'alcool. Elle s'en voulu. Quand on ne tient pas l'alcool, on ne boit pas disait l'adage. Pourquoi embrassait-elle toujours des gars sans même prendre le temps de les connaître ? C'était tellement pathétique... encore plus quand elle couchait avec eux juste après... Heureusement, ça n'était arrivé qu'occasionnellement...

Elle ouvrit ses rideaux et regarda son réveil. Huit heures. Elle pouvait être en cours à huit heure trente si elle se dépêchait un peu... Dans la douche, elle repensa à toutes les fois où elle avait trouvé un garçon mignon pendant un battement d'aile avant de s'en désintéresser. Elle tenta de se souvenir la dernière fois où elle était tombée amoureuse sans parvenir à trouver quand et de qui. En se coiffant, elle réfléchit à la dernière fois où elle avait pensé à se mettre en couple. Ce n'est pas qu'elle refusait l'idée, c'est juste qu'elle n'en voyait pas l'intérêt. En se brossant les dents et en s'habillant, elle se dit que, tout de même, il devait y avoir un problème avec elle parce que jamais aucun mec ne lui avait dit qu'il l'aimait depuis sa quatrième secondaire... et en passant la porte avec son sac de cours, sa veste kaki et ses cheveux encore mouillés, elle était définitivement démoralisée. Si elle était encore seule cette année, elle allait être définitivement démoralisée... Elle finira par mourir entourée de ses 77 chats...

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