Chapitre 20 : Pouvoirs

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Kai était dépité. Lui qui faisait son malin, il était redescendu de son cocotier. Ça faisait maintenant un quart d'heure qu'il essayait de soulever mon épée plus de quelques secondes, et il refusait d'abandonner. Je finis par avoir pitié de lui et de ses efforts en lui reprenant l'arme. Il me regarda bouche bée mais n'eut pas la force de me résister.

- Bon, écoute, je pense que l'épée, ce n'est pas ton truc, lui annonçai-je. J'ai une autre idée, mais il va falloir aller la chercher. Un de mes contacts est très conservateur et collectionne les armes angéliques, il devrait avoir ce que je recherche.

- Tant que ce n'est pas si lourd, je suis ! répondit-il, essoufflé.

- Normalement, ça devrait être bon.

Kai se laissa tomber dans l'herbe, à bout de souffle, où il resta allongé. Il attrapa une de bouteilles d'eau que j'avais emportée et la vida d'une traite. La sueur collait ses cheveux à son front, et il enleva son t-shirt pour avoir moins chaud. Il n'était pas extrêmement musclé, comme les hommes que l'on pouvait voir sur les couvertures des magazines, mais il n'avait rien d'un gringalet. Ses muscles se dessinaient très légèrement sur son torse. La cicatrice que j'avais vue quand je l'avais secouru se détachait nettement sur sa peau blanche. Elle semblait avoir été recousue par un amateur, ou un médecin qui avait eu son diplôme dans une pochette surprise. J'aurais bien voulu l'interroger, mais il n'avait pas l'air d'avoir envie de parler.

- On part quand voir ton contact ? me demanda-t-il après de longues minutes de silence.

- On ne va pas le voir, on le fait venir à nous. Viens, on réquisitionne l'arrière-boutique de Priya.

Je lui tendis une main, qu'il prit avec un sourire de satisfaction pour se relever. Il passa devant moi et nous marchâmes rapidement jusqu'au magasin indien. La gérante était assise derrière le comptoir et semblait s'ennuyer profondément. Elle lisait un magazine de mode et leva les yeux quand nous entrâmes.

- On pourrait emprunter ton petit salon ? demandai-je à Priya.

- Si vous le faites exploser, je vous tue, nous prévint-elle en retournant à sa lecture.

Nous passâmes donc dans son salon sans prendre en compte son avertissement. Je dégageai le milieu de la pièce et m'y plaçai, assise en tailleur. Kai resta un peu à l'écart, me regardant avec grand intérêt.

Je détournai le regard et fermai les yeux. Il fallait que je sois très concentrée si je ne voulais pas me faire repérer par les autorités célestes. Le pouvoir monta en moi, dans chaque recoin de mon être. La vague de chaleur m'emplit et je la sentis gonfler, jusqu'à être sur le point de me submerger. Je ne l'avais jamais ressentie aussi forte, et cela m'inquiétait un peu, mais je devais absolument rester concentrée. Je projetai un filet d'énergie hors de moi et chuchotai en Enochien : Sémiel, viens à moi, Amérielle, réponds à mon appel. Je répétai ma litanie jusqu'à ce que l'épuisement me gagne et que je ne sois plus capable de gérer mon pouvoir. Je revins à la réalité, mon énergie reflua et je m'écroulai sur le sol. Kai me rattrapa et posa ma tête sur ses genoux.

Il n'y avait désormais plus qu'à attendre.

Priya rentra dans la pièce, et m'apporta un verre de soda, que je bus comme si ma vie en dépendait. Cette petite démonstration de pouvoir m'avait épuisée, et je sentais mes cicatrices me faire mal à nouveau.

Mon appel fut rapidement écouté. Une lumière aveuglante éclaira brièvement la pièce et dévoila un jeune homme androgyne, vêtu d'un large pantalon en lin. Il arborait fièrement de grandes ailes d'un blanc tacheté de gris, me donnant un petit pincement au cœur, comme lorsque je voyais celles de Mike. Ses cheveux d'un noir profond tombaient sur ses yeux bleus bordés de khôl. Sa peau café au lait semblait reluire de l'intérieur, lui donnant des allures de fée.

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)On viuen les histories. Descobreix ara