Chapitre 45

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S'il croyait que menacer de nous mitrailler allait arranger quelque chose, il se plantait. Bon, d'un côté, il ne pouvait pas savoir qu'il était face à des Déchus plus qu'énervés et susceptibles de péter les plombs au premier affront. Voyant Sam s'échauffer, je pris les devants. Je m'avançai, les mains au-dessus de la tête :

- Nous ne vous voulons pas de mal. Nous sommes perdus et nous cherchons un abri pour la nuit.

- J'ai du mal à vous croire, répondit le Russe, qui me visait toujours avec sa carabine. Vous êtes à peine habillés, votre petit protégé semble avoir été dévoré par un lion, et par principe, je ne fais pas confiance aux étrangers américains.

Il fallait évidemment que nous soyons tombés sur un bourru de première. Perspicace, à n'en pas douter, mais quand même, il voyait bien que nous ne représentions aucun danger, du moins en apparence. Même s'il me tapait sur le système, je n'allais pas l'atomiser !

- Dites-moi la vérité, et je consentirai peut-être à vous aider, reprit-il.

- On ne peut pas tout vous dire, cela vous placerai dans une situation bien trop dangereuse, rétorquai-je sans même mentir.

- Vous êtes des espions ?

- Quoi ? Mais non, bien sûr que non, juste un groupe perdu dans la neige, qui cherche un abri, et qui ne vous dira rien de plus pour votre sécurité. Je ne voudrais pas les mettre en danger, ajoutai-je en montrant du doigt deux enfants qui regardaient la scène à travers une fenêtre d'un chalet.

Il fronça les sourcils et son regard passa des enfants à mon visage, plusieurs fois. Il finit par faire un geste de la main et les hommes autour de nous, lui y compris, baissèrent leurs armes. Alléluia, c'était déjà un problème de moins à régler.

- Comment puis-je être certain que vous ne me baratinez pas sur toute la ligne ? me questionna l'homme.

- Vous pourriez très facilement nous jeter dehors et nous laisser mourir de froid dans la neige, je ne risquerais pas ma seule chance de survie, répliquai-je.

- Pas faux, admit-il en haussant les épaules. J'accepte de vous héberger, de soigner votre ami qui s'est fait dévorer par un fauve et de vous fournir des vestes correctes, mais je veux un otage.

- Quoi ? s'écria Sam derrière moi. Il en est hors de question !

- Et comme tu me parais être le plus turbulent, ce sera toi, continua l'ours qui nous servait de bouée de sauvetage en fixant Sam. En plus tu dois être assez important pour avoir un tel caractère, donc ils ne partiront pas sans toi. Tu feras un invité parfait.

- Mais...

- Sam, ne dis rien, lui ordonnai-je en me tournant vers lui.

- Il sera évidemment bien traité, et je l'accueillerai personnellement dans ma demeure, continua le Russe. C'est ma seule condition, à prendre ou à laisser.

- On prend, râla mon ami en comprenant que c'était notre seule et unique solution de survie.

Je tendis la main pour sceller notre pacte, mais il secoua la tête et me tendit une flasque en métal. J'en avalai une bonne gorgée, et l'alcool me brûla la gorge. Je n'en laissai rien paraître et lui rendit le récipient, dont il but une rasade comme si c'était de l'eau. À croire que la vodka coulait dans ses veines depuis le berceau.

- Nous n'avons pas de chalet vide pour tous vous caser dedans, encore bien qu'il en aurait certainement fallu deux, vous n'avez qu'à vous répartir par deux ou trois et je vous confierai à une famille, annonça le Russe. Le premier qui bouge un orteil de travers sera criblé de balles, c'est clair ?

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Where stories live. Discover now