La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)

Chapitre 3 : Les Faucheurs

Je roulais depuis deux bonnes heures sous un soleil éclatant. S'il avait plu, cela aurait été beaucoup moins agréable. J'étais motivée à faire tourner Dieu et Satan en bourrique pour les prochaines semaines. Je m'étais à peine arrêtée une fois pour aller me chercher un café, sans lait mais avec des tonnes de sucre, pour me donner un petit coup de pouce. J'étais aussi allée retirer toutes mes économies à la banque, mes poursuivants auraient plus de mal à me retrouver si je payais en liquide. Lucifer était un parfait connaisseur des nouvelles technologies. Dieu préférait compter sur ses sentinelles, les Faucheurs. 

Que dire des Faucheurs? Ce sont de terribles traqueurs, ils ne laissent presque aucune chance à leur proie. Ce sont des assassins impitoyables, qui n'ont aucun problème à tuer ceux qui étaient leurs amis quelques mois plus tôt. Ce sont des anges guerriers, dirigés par un Archange, Uriel. Lui aussi était mon frère, mais clairement pas mon préféré. Du temps où j'étais encore dans les bonnes grâces du Seigneur, il était cruel, manipulateur et un peu sadique sur les bords. J'en avais vraiment peur, et j'avais tendance à l'éviter comme la peste. Mon frère Gabriel faisait pareil, lui qui était un véritable Bisounours, et trouvait sans cesse des excuses pour le croiser le moins possible. Je me souviens que Mickaël me protégeait de lui, il ne voulait jamais que je reste seule avec Uriel. J'étais déjà une rebelle au Paradis, il aurait très bien pu décider de m'infliger une sale correction pour mon insubordination.

Je frissonnai rien qu'à l'idée que ce taré pouvait être à mes trousses. Je n'avais aucun doute sur le fait qu'il m'écorcherait vive s'il me trouvait. Il me détestait déjà il y a quelques siècles, et ça devait être pire depuis ma Chute. Il tenait en horreur les Déchus. Il devait certainement cacher une photo de ma tête quelque part et lancer des fléchettes dessus pour s'endormir. 

Il était d'ailleurs tellement rusé et sadique qu'il faisait savoir à ses victimes qu'elles n'avaient aucun espoir d'en réchapper avant de leur tomber dessus et de les tuer (quand elles avaient de la chance, la torture était son hobby favori). Il envoyait généralement une plume noire, symbole de la Déchéance céleste, tachée de sang comme pour dire "Ne te cache plus, je t'ai trouvé". Quand il connaissait sa proie, il envoyait parfois une rose rouge avec la plume. Et ça voulait en généralement dire qu'il allait prendre plaisir à la découper en tout petits morceaux. Trèèès lentement bien sûr. 

Je ne devais vraiment pas penser à tout ça. Il m'effrayait bien plus que les sbires de Satan, qui avaient tendance à être plus laxistes et à expédier le travail, contrairement à ce qu'on pouvait s'y attendre. Ces derniers traçaient leurs cibles avec des moyens modernes, et en plaçant des espions avant d'envoyer un Exécuteur pour cueillir la malheureuse proie dans un joli petit piège. Ils avaient néanmoins une technique infaillible pour faire parler les gens : les enfermer dans une prison en Enfer et les laisser sans eau et sans nourriture, hantés par des démons mineurs, jusqu'à ce qu'ils crachent le morceau. Les personnes qui avaient résisté se comptaient sur les doigts d'une main. Il faut dire que les démons mineurs, même s'ils ne sont pas très puissants, sont assez effrayants, avec leurs cornes, les excroissances bizarres... Pas super ragoûtant. 

 Le temps passait lentement, comme si les minutes qui s'égrainaient duraient des heures. Je roulais depuis quatre heures désormais. J'avais emprunté une route perdue et je n'avais pas croisé une seule habitation depuis plus d'une heure. Et j'avais vraiment besoin de trouver des toilettes. Le trajet allait durer à peu près vingt heures avec les arrêts, si j'en trouvais des assez discrets. Je pensais tout doucement à faire le plein d'essence au vu de la jauge qui descendait plus rapidement que prévu. J'espérais juste ne pas tomber en panne, parce qu'appeler un dépanneur n'était pas le meilleur plan pour rester dans l'ombre. 

Heureusement, je tombai sur une pompe à essence une demi-heure plus tard et je pus remplir le réservoir de ma voiture avant d'aller au coin toilettes. L'odeur était absolument écœurante mais je n'avais pas trop le choix. C'était ça ou les buissons, mais je tenais les araignées et autres insectes en horreur. Je voulus acheter un café mais la machine était en panne. Je soupirai, la fatigue commençait à me rattraper. Je rêvais de me rouler dans un plaid bien chaud ou de prendre un bain. Je pourrai peut-être louer une chambre d'hôtel à Denver, mais pour le moment, je devrais me contenter de la banquette arrière de ma voiture ou d'un motel un peu miteux. 

Je repris donc la route pour de longues heures de voitures, dont la monotonie n'était brisée que par les rares arrêts que je m'accordais. Malgré la quantité astronomique de caféine que j'avais absorbée, à peu près un litre si je comptais bien, au bout de douze heures de route, mes yeux se fermaient sans que je puisse les contrôler. Je regardai l'heure sur mon portable : vingt heures trente. Le ciel s'assombrissait peu à peu et le croissant de lune brillait déjà. Je décidai de conduire encore deux heures avant de me trouver un endroit pour dormir, un parking ou une chambre de B&B. 

J'allumai la radio mais trouver une station qui émettait de la musique potable était un véritable parcours du combattant. Je détestais le rap, ça agressait mes pauvres oreilles, et les émissions qui faisaient des canulars, ce n'était définitivement pas mon truc. Je finis par trouver une chaîne qui passait de la musique classique, c'était mieux que rien. 

Au fur et à mesure que les ténèbres de la nuit s'épaississaient, je devenais de moins en moins rassurée. Grâce à mes pouvoirs, je n'avais rien à craindre des humains, je pouvais toujours leur lancer des sortes de boules d'énergie qui les anéantissaient sur le champ, mais l'ombre des Faucheurs planait au-dessus de moi. Le lendemain, j'atteindrais enfin Denver. Je me promis de faire plus attention à mes prochaines destinations, de ne plus les choisir si éloignées les unes des autres. 

Vers vingt-deux heures, je n'avais toujours pas croisé un seul motel. Je serai certainement obligée de dormir dans ma voiture. La route sur laquelle j'étais était perdue dans un bois, je décidai donc de me trouver une petite clairière pour passer la nuit. Je mourrais d'envie de savoir si les Faucheurs et Uriel avaient retrouvé ma trace. Si appeler Mike n'avait pas été si dangereux, je lui aurais demandé, mais il était hors de question que je lui avoue que sa présence me rassurait. Voir ses ailes, son halo de Grâce céleste était dur, je devais bien l'admettre. J'avais de magnifiques ailes dorées avant ma Déchéance, de deux mètres d'envergure. Les contraintes de mon statut d'Archange ne me manquaient pas mais bien mes ailes. J'étais heureuse que mon épée m'ait suivi sur Terre, j'y étais très attachée aussi. 

Chassant ces pensées négatives de ma tête, je m'engageai sur un petit chemin de terre sombre. La faible lueur des phares n'était pas idéale pour avancer, je devais donc rouler à dix kilomètres à l'heure pour ne pas rencontrer un arbre ou glisser sur les feuilles mortes qui tapissaient le sentier. 

C'est alors qu'une silhouette sortit des bois et passa devant moi. J'eus à peine le temps de réagir, j'appuyai de toutes mes forces sur la pédale de frein et je heurtai de plein fouet la personne dans un bruit de mort. 

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Bonjour tout le monde ! J'espère que la semaine n'a pas été trop longue et que ce chapitre vous a plu ! J'ai essayé de faire attention à utiliser le présent pour certains passages, comme plusieurs d'entre vous me l'ont suggéré, donc n'hésitez pas à le dire si c'était une bonne idée ou pas :p 

J'ai vu que pas mal d'entre vous ont été surpris que Mickaël soit le frère d'Amya, tant mieux c'était un peu mon but :) 

De nouveau, n'hésitez pas à commenter, à voter, à partager, ... Faites-moi part de vos avis, de vos attentes, vos espoirs pour la suite... Bon, je sais que cette fin est un peu sadique aussi :p

J'espère que vous continuerez à lire La mort à portée d'ailes et que l'histoire ne vous décevra pas ! à la semaine prochaine ;)