Chapitre 21 : Atelier cuisine

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Sémiel regardait l'arbalète avec un air soulagé, comme si ce problème n'était désormais plus le sien, mais le mien. Je n'avais aucun problème avec ça, Lucifer était déjà un sérieux souci depuis quelques temps. Il avait quand même envoyé un de ses meilleurs généraux à mes trousses. J'étais d'ailleurs assez inquiète de ne pas encore avoir repéré la trace d'Azazel, qui d'habitude ne cherchait pas à se montrer discret. Il était plutôt du genre à tuer des anges pour amuser la galerie. Il ne s'en était jamais caché, et il avait déjà massacré une centaine de déchus lors d'une fête à Pandémonium, la capitale de l'Enfer. Si j'avais le temps, je le ferais rôtir sur une broche jusqu'à ce qu'il me supplie de l'achever.

Je décidai de calmer mes pulsions meurtrières en reprenant l'arme des mains de Kai, qui la regardait comme s'il avait reçu le plus beau des cadeaux de Noël.

- Sur ce, je vais devoir vous abandonner, clama Sémiel. Essayez de ne pas vous faire prendre avec ça en main !

Je voulus le remercier mais il agita la main avant que je ne puisse articuler quoi que ce soit. Il disparut dans une gerbe d'étincelles, laissant dans son sillage une légère odeur de thé au citron. Priya se frotta les yeux et grommela quelque chose qui ressemblait à « foutus anges », avant d'aller rechercher la flèche que Kai avait envoyée dans le magasin. Elle la fourra dans le carquois et s'exclama d'un air désapprobateur :

- Plus de fléchettes dans ma boutique. Vos petits jeux, c'est dehors, me suis-je bien faite comprendre ?

Kai s'excusa puis me prit par la main pour me tirer jusqu'à la clairière dans laquelle nous nous étions entraînés le matin-même. Je déposai l'arbalète dans l'herbe, ainsi que le carquois. Il contenait douze précieuses flèches en argent angélique, que nous ne devions perdre sous aucun prétexte. Seul ce métal pouvait venir à bout des démons, et des anges accessoirement, et nous en aurions plus que besoin dans les semaines à venir. J'étais assez mal à l'aise d'utiliser les restes de l'épée de mon frère, mais nous n'avions aucune autre solution. C'était le seul moyen de protéger mon compagnon de voyage, du moins de lui donner une chance. Je ne voulais pas qu'il meure...

Des pensées affreusement romantiques voulaient s'emparer de mon esprit mais je les chassai en m'emparant à nouveau de l'arbalète. J'encochai une flèche et elle vola à travers la clairière pour aller se ficher dans un chêne quelques mètres plus loin. Kai siffla, impressionné, et me supplia de lui apprendre à tirer correctement.

- Bon, d'abord, tu te campes bien sur tes pieds, pour que tu sois bien stable, commençai-je. Tu les écartes un peu, pour qu'ils soient dans l'alignement de tes hanches.

Je lui montrai et il s'exécuta à ma suite. Je cherchai alors un moyen de tester sa stabilité. Il tomba sur les fesses quand je lui décochai un bon crochet dans l'épaule. Il poussa un petit cri de douleur en se tenant le bras droit. Si un regard avait pu tuer, je serais morte. Je me retins de glousser et l'aidai à se relever.

- Tu vois, tu ne t'es pas assez ancré dans le sol, lui expliquai-je en me forçant à ne pas rire au vu de sa mine déconfite. Plie légèrement les jambes pour ne pas te faire déséquilibrer.

Il se remit en position et ne tomba pas quand je le poussai. Je lui mis l'arme en main avant de continuer mes explications.

- Tu lèves l'arbalète à hauteur de tes épaules, et tu te tournes un tout petit peu. Après, avec ton autre main, tu prends une flèche par-dessus ton épaule, et tu la mets dans l'arme. Après, tu la tiens entre deux doigts, et tu la tires vers toi en prenant aussi la corde. Tu vises, et tu lâches. Fais bien attention à tendre suffisamment la corde pour que ta flèche aille le plus loin possible.

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Where stories live. Discover now