La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)

Chapitre 14 : Imprévus

Je secouai la tête pour me réveiller un coup et passai ma main sur mon visage. Une policière me regardait à travers la vitre du côté passager. Elle s'apprêtait à frapper de nouveau quand je me décidai à ouvrir la fenêtre.

- Bonjour, marmonnai-je, encore un peu endormie.

- Bonjour mademoiselle, vous êtes sur un terrain privé, je vais devoir vous mettre une amende, me dit l'officière de but en blanc, avec un air de bouledogue.

- Un terrain privé ?

- Oui, le propriétaire du champ nous a signalé votre présence ce matin, je me vois donc dans l'obligation de vous sanctionner.

Kai émergeait tout doucement à côté de moi. Il lui fallait vraiment une apocalypse pour le réveiller parfois !

- Qu'est-ce qu'il se passe ? ronchonna mon compagnon de voyage.

- Il se passe que tu as garé la voiture sur un terrain privé, et qu'on se colle une amende, lui répondis-je sèchement. Le propriétaire a appelé la police pour nous dégager de là.

- Mais c'est une blague ?

- J'aimerais mieux !

- Bon, vous avez fini de bavarder ? Je peux avoir vos papiers d'identité, d'ailleurs ?

Deux minutes. Ce petit détail me paraissait bizarre. La police demande d'abord les papiers d'identité, et ne fait pas payer d'amende en liquide sur le moment-même. Je lui fis un sourire hypocrite et me tournai vers Kai en essayent de lui faire comprendre, à travers mon regard, que ce n'était pas un agent de police.

Je feignis de chercher quelque chose à mes pieds et ouvrit la portière violemment, envoyant la femme valser par terre. Kai et moi sortîmes du véhicule et j'assenai un coup de coude sur le front de l'inconnue, la rendant inconsciente, mais pour combien de temps ? J'avais vraiment un mauvais pressentiment.

- Amya, qu'est-ce que tu fais ? s'écria Kai.

- Je viens d'assommer une fausse policière. Ne me remercie pas.

- Une quoi ? Comment tu peux en être sûre ?

- Pas de plaque, elle ne demande pas directement les permis de conduire, et elle veut qu'on la paie directement. Donc soit c'est une novice vraiment pourrie, soit c'est une méchante à abattre. Viens on se casse.

- Pas si vite ! marmonna la femme, qui se releva en un éclair.

Okay, j'avais désormais la confirmation que ce n'était pas un agent de police, et encore moins un humain. Ses yeux étaient passé d'un bleu azur à un noir profond. Elle affichait un sourire carnassier et un air totalement décontracté.

Nous étions face à un démon mineur, un rejeton du Diable et pauvre serviteur des Enfers. C'était certainement une âme en peine qui vénérait le sol sur lequel mon cher frère Lucifer marchait.

- Amya, c'est quoi ce bordel ? chuchota Kai, terrifié.

- Aucune idée, mentis-je. Prend mon épée dans le coffre, vite !

Il voulut le faire mais la démone sauta comme une furie et le plaqua au sol. Il hurla et tenta de se dégager, en vain. Elle fit courir ses doigts sur la joue de Kai, laissant sans leur sillage des traces rouges et des perles de sang. Je courus chercher mon arme et la mis sous la gorge de l'assaillante, qui se calma brusquement et rangea ses griffes.

- Il te cherche, et il te trouvera, siffla-t-elle en dévoilant des canines affutées, comme celles des vampires.

Sans demander son reste, elle se dématérialisa et retourna dans les Limbes. Kai resta allongé quelques instants, sous le choc. Je l'aidai à se relever et l'installai sur le siège passager. Mes cicatrices brûlaient à cause de l'effort, mais le pauvre était terrifié. Je me mis donc derrière le volant et démarrai le plus vite possible.

Durant les heures qui suivirent, Kai n'ouvrit la bouche que pour m'indiquer la direction à prendre pour aller à Rockley. Tout devait s'embrouiller dans sa tête, et il devait me prendre pour une folle. Après tout, il venait de voir un démon tout droit sorti des Enfers pour la première fois de sa vie.

- Amya, tu te souviens que je ne t'avais pas tout dit sur l'histoire avec Velázquez ?

- Oui, répondis-je le plus gentiment possible pour ne pas le brusquer.

- Il avait exactement les mêmes yeux quand il a tué ma sœur et ma mère.

Je n'avais pas exactement prévu cette révélation. Son ancien chef de gang était un démon, et certainement pas un petit au vu de sa folie et de son pouvoir. Je vis une larme perler au coin de son œil mais il l'essuya très vite.

- C'est pour ça que je veux aller à Rockley, continua-t-il. On dit qu'il y a une sorcière capable d'exorciser les démons, ou les esprits, je ne sais pas trop ce qu'il est. Ça parait tellement insensé... Ne me prends pas pour un fou, s'il te plait...

Comment lui dire qu'on ne pouvait pas définitivement renvoyer un démon en Enfer ? Les démons mineurs restent coincés dans les Limbes une centaines d'années après un exorcisme, mais pour les démons majeurs, c'est une autre affaire. Un exorcisme ne fait que les énerver, et ils ne sont coincés en Enfer que pour quelques heures. Le seul moyen pour se débarrasser d'un démon majeur est de le tuer avec une arme céleste ou démoniaque. Si je n'avais pas tué la démone tout à l'heure, c'était pour ne pas effrayer Kai. Il m'aurait prise pour une meurtrière et il n'avait clairement pas besoin de cela.

- Je ne te prends pas pour un fou, on a tous les deux vu la même chose ce matin, après tout...

- Comment tu fais pour rester si calme ?

- J'ai grandi dans une secte légèrement sataniste, je ne suis plus étonnée de rien.

Il haussa les épaules et se renferma dans son mutisme. Je comprenais à présent pourquoi il était si choqué, mais je ne pouvais pas le laisser exorciser le démon de Velázquez, ça ne ferait que l'énerver et lui donner envie de se venger. Et, après tout, je commençais à l'apprécier cet humain. Je devais le protéger de lui-même et d'un démon majeur, ça allait être amusant.

Nous avançâmes toute la journée tout droit vers sa prétendue sorcière, vers Rockley. Nous devrions arriver le lendemain, mais il fallait absolument que je le raisonne et que je l'emmène avec moi trouver les déchus. Même un démon majeur n'oserait pas s'aventurer dans un nid d'anges rebelles. Nous nous arrêtâmes pour la nuit sur un parking de supermarché, aux alentours de vingt-trois heures. Kai resta sur son siège à l'avant et je décidai de m'allonger sur la banquette arrière pour être mieux installée.

- Amya, tu dois partir, fit une petite voix dans ma tête.

- Mike ? répondis-je.

- Uriel est bien décidé à tuer ton petit copain, il faut que tu t'en écartes, pour te sauver, et pour le sauver. Il ne saura jamais retrouver un humain, mais toi, il veut te torturer, plus que tout au monde. Fuis tant qu'il est encore temps.

Et il coupa la communication sans plus de chichis. Mais son argument resta dans mes pensées. Pars pour le protéger. Je jetai un coup d'œil à mon ami, et je fermai les yeux. Demain, je partirai.

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Bonjour tout le monde ! 

Et voilà, c'était le dernier chapitre avant la pause, jusque début février... J'espère qu'il vous a plu ! N'hésitez de nouveau pas à voter, à laisser un commentaire, à partager, ... 

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Je vous souhaite de bonnes vacances, de joyeuses fêtes, de bons examens pour ceux dans le même cas que moi, et rendez-vous début février pour la suite des aventures d'Amya et Kai :)