Chapitre 24 : Bombe atomique

1.7K 251 23
                                    

C'était tout bonnement impossible. Mes cicatrices ne pouvaient pas disparaître. J'étais une Déchue, c'était comme une marque de reconnaissance. Tous les Déchus avaient des cicatrices dans le dos. Il fallait croire que la donne venait de changer. Je me disais bien qu'il faisait trop calmes ces derniers jours.

- Tu me fais une blague, Kai ? m'écriai-je.

- Non, on ne voit plus qu'une fine ligne blanche... Il y a moins d'une semaine, elles étaient en sang !

- Je sais, merci ! Je ne sais pas comment tout cela est possible !

Je devais absolument comprendre ce qu'il m'arrivait. Des dérèglements de pouvoirs, des cicatrices qui disparaissent, et une cavale à gérer, je sentais que ça allait faire un cocktail explosif. Au sens littéral du terme bien sûr, quelque chose allait forcément finir en poussière. Je me tournai vers Kai, et remarquai son état déplorable. Ses cernes formaient d'énormes poches sous ses yeux, qui semblaient éteints. Son regard était pourtant brillant d'habitude, mais il semblait perdu, et il avait de bonnes raisons.

- Tu dois te reposer, tu as une sale tête, le brusquai-je un peu. Il faut te ménager si tu veux tenir.

- Mais... Et toi ?

- Je vais me débrouiller. J'ai d'autres chats à fouetter, comme des frères psychopathes qui veulent me torturer. Les cicatrices ne sont actuellement pas un réel problème, c'est bizarre, mais pas le plus urgent. Si Mike a su nous retrouver à cause de Sémiel, Uriel pourrait faire de même. Il n'est pas idiot, il finira par faire les liens. Je dirais que nous n'avons plus qu'une semaine à passer ici en sécurité, après il faudra bouger, et trouver les Déchus. Je ne voulais pas y aller tout de suite, mais ils auront peut-être des réponses pour mes cicatrices.

- Je viendrai avec toi. Hors de question que je te laisse seule.

- Il y a quelques jours, ça ne posait pas problème. Tu veux toujours tuer le démon qui a exterminé ta famille ?

- Oui...

- Donc voilà, pas de problème, tu continues ta quête, et je gère la mienne.

Je lui tournai le dos pour me diriger vers le lit et je remis mon t-shirt. Mon cœur se serrait à l'idée de sa mort, je devais vraiment m'endurcir et passer du temps loin de lui. J'allais me concentrer sur la localisation des Déchus, c'était le plus intelligent à faire.

Mes jambes recommençaient à chanceler, je dus m'asseoir sur le lit. La tête me tournait, et j'avais du mal à voir correctement. J'avais horreur de me sentir diminuée de la sorte, comme si j'étais une infirme, incapable de faire quoi que ce soit sans aide. J'étais profondément indépendante, je ne supportais pas de me faire assister, et encore moins ne pas pouvoir faire ce que je voulais. Kai courut pour m'aider à me coucher, mais je le repoussai légèrement, juste assez pour lui faire comprendre que je me débrouillais. J'attendis que le monde arrête de tourner, puis je m'enroulai dans les couvertures. Je recommençais à avoir froid, mais hors de question que je demande à Kai de me réchauffer. Je sentis le sommeil me happer, et je m'endormis d'un coup, sans pouvoir résister.

Une douce odeur de latte au chocolat me réveilla tout doucement. Avant même d'ouvrir les yeux, mes lèvres esquissèrent un sourire ravi. Je me lever et jetai un coup d'œil autour de moi. Kai leva les yeux d'un journal quand il vit que j'étais de nouveau parmi les vivants, et me tendit le gobelet de café. Je l'avalai d'une traite, sans même prendre le temps de déguster calmement ces saveurs magiques de chocolat noir. Je me sentis mieux presque aussitôt, et me levai pour aller aux toilettes. Je passai devant le miroir et m'observai longuement. J'avais bien besoin d'une séance aux thermes, et d'un rendez-vous chez la coiffeuse. Les cheveux longs, c'était une vraie galère à garder en état. Ils étaient emmêlés, ternis, et mon visage pouvait sans problème passer pour celui d'un zombie dans une série TV dont j'avais vu quelques images dans les rues de Portland. Je critiquais les cernes de Kai, mais les miens ne valaient clairement pas mieux, et j'étais à peu près certaine que cette situation n'allait pas s'arranger.

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Where stories live. Discover now