Chapitre 25 : Disparition

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- Comment tu sais ça ? me demanda Kai.

- Regarde, il y a quelques semaines, il y a eu un pic d'activité sismique, répondis-je en lui montrant la ligne ascendante rouge sur un des graphiques. Les radars ont enregistré plusieurs tremblements de terre imperceptibles par la population, et c'est assez anormal dans la région. Par contre, pas de pic de criminalité, ça veut dire qu'ils se font discrets, et que quelqu'un arrive à les gérer.

- Les gérer ?

- Ils n'ont pas tous été déchus pour les mêmes raisons que moi, certains sont mauvais, tout simplement, et ont besoin d'être encadrés pour ne pas faire de dégâts. Heureusement pour nous, ou malheureusement, je ne sais pas trop, les pires se sont certainement déjà ralliés à Satan, il ne doit plus rester que les rebelles révolutionnaires.

- Comme toi ?

- Exactement.

J'en avais vraiment marre de rester assise ou couchée dans ce satané lit, mais mes jambes ne me portaient toujours pas correctement. Voyant que je bouillonnais d'impatience, Kai déposa l'ordinateur portable sur la table de nuit et me proposa d'aller faire un tour dehors avec lui pour m'aider. Je hochai la tête et il vint m'aider à me lever, passant son bras autour de ma taille. Je décidai de faire comme si nous n'avions pas été à deux doigts de nous embrasser, et je m'appuyai contre lui, trop contente de sortir un peu de cet appartement. Kai était très attentionné, il me demandait tous les cinq pas comment j'allais, si je n'avais pas mal. Il supportait mon poids sans broncher et me porta, même, quand il fallut descendre l'escalier.

Nous débouchâmes dans la boutique, mais Priya, étonnement, ne s'y trouvait pas. Elle devait être partie dans son arrière-boutique ou quelque chose dans le genre. Nous sortîmes sans nous tracasser plus que ça et je pus enfin respirer de l'air frais. On sentait l'odeur du bayou, mélangée aux effluves du restaurant du coin de la rue, un italien qui semblait faire des pizzas à tomber par terre. Les gazouillis des oiseaux étaient les seuls bruits à briser le silence. Pas une seule voiture ne roulait, et personne ne marchait dans la rue. Il n'y avait que la nature, la chaleur de Kai, et un silence reposant. Dans une autre situation, ce moment aurait été magique, je me serais sentie libre, j'aurais peut-être même invité Kai à aller au restaurant, qui sait. Dans un autre monde, j'aurais pu démarrer une histoire avec lui...

Un cri perçant et un chapelet d'injures prononcées en hindi brisèrent cet instant de calme, et Kai me porta de nouveau pour rentrer dans la boutique. Le hurlement de Priya venait de l'arrière-boutique. Kai me déposa sur la chaise derrière le comptoir et se précipita dans la petite pièce, après m'avoir fait un signe de rester tranquille, ce que je ne fis bien évidemment pas. Je le suivis à travers la tapisserie indienne et tombai sur une pièce dans un état déplorable. Tout avait été retourné, des coussins avaient été déchirés, et certains objets en verre ou en porcelaine avaient été cassés au sol, formant une mare de petits éclats brillants. Au milieu de ce bazar, Priya fouillait chaque recoin, visiblement à la recherche de quelque chose en particulier. Kai essayait de lui parler, de la ramener à nous, mais elle était frénétique, dans sa bulle, et elle marmonnait des mots que je ne pouvais comprendre. Elle ne semblait pas triste ou choquée, simplement paniquée, comme s'il lui manquait quelque chose.

- Priya ? l'interpellai-je, espérant avoir plus de chance que mon ami, mais en vain.

Je la pris par le bras te la retournai vers moi. Ses yeux étaient hagards, ses cheveux décoiffés, et son sari avait glissé, le mettant totalement de travers. Je lui mis une petite tape sur la joue, ce qui eut l'air de la faire réagir. Elle fixa son regard sur moi et recommença à respirer normalement.

- Okay, que s'est-il passé ? l'interrogeai-je doucement.

- Je... Quelqu'un s'est introduit dans la boutique et...

Son hyperventilation repris, et je l'attirai dans la boutique pour la faire asseoir. Elle sembla de nouveau se calmer, mais ça risquait de ne pas durer vu l'état dans lequel elle était. Ses mains tremblaient, et je les pris dans les miennes pour la rassurer. Je la laissai un peu respirer, puis lui demandai de nouveau ce qu'il y avait. Kai s'était placé devant le rideau pour lui cacher la vue de la pièce dévastée.

- Pendant que j'étais en haut, quelqu'un s'est introduit dans la boutique et a dévasté la pièce de derrière, sans toucher au magasin, je ne sais pas pourquoi... reprit-elle, au bord des larmes. L'argent n'a pas bougé de la caisse, la personne n'est pas montée, elle a juste saccagé l'arrière-boutique...

- Tu cachais quelque chose dans la pièce ? chuchotai-je.

Elle ne fit rien pendant de brèves secondes, puis hocha la tête, dépitée.

- Le cambrioleur l'a trouvé ?

Nouveau hochement de tête, et cette fois, je vis une larme couler sur sa joue. Je n'avais pas envie de la brusquer, mais je devais absolument savoir de quoi il s'agissait. J'attendis donc encore une minute, puis lui posai la question.

- Ce n'était rien de bien important, un souvenir de l'Inde et de la sage qui m'a tout appris...

Je sentais qu'elle ne me disait pas la vérité, elle n'aurait pas été paniquée à ce point pour un bibelot. Elle ne me regardait pas ne face, elle fixait la tenture derrière Kai. Elle évitait totalement la question. Pour ne rien arranger, ma tête recommençait à tourner, je n'allais plus pouvoir rester debout très longtemps.

- Priya, je veux t'aider, mais il faut absolument que tu me dises la vérité, la secouai-je un peu.

- D'accord, d'accord ! capitula-t-elle. C'était une pyxide, une petite boîte où je pouvais enfermer des démons.

J'étais scotchée. Les pyxides étaient très rares, et en posséder une était une chance inestimable. Un démon pouvait y être piégé indéfiniment, mais il pouvait en sortir si quelqu'un ou quelque chose le libérait.

- La sage de mon village en gardait une, qu'elle avait héritée de sa famille, et elle me l'a donnée quand je suis partie de mon pays. Elle savait que j'en aurais besoin dans ce terrain de chasse privilégié des démons qu'est l'Amérique.

- Elle contenait des âmes démoniaques ?

- Quelques-unes, mais pas de très puissantes. Je ne m'amuse pas à courir après les démons majeurs, uniquement les âmes damnées qui ont très peu de pouvoir.

Cela limitait au moins les dégâts, mais ce serait tout de même une catastrophe si ces âmes en colères étaient libérées.

- J'ai aussi trouvé ceci au milieu de la pièce... murmura-t-elle en me tendant un morceau de papier brûlé qu'elle avait gardé dans sa poche.

C'était en fait du parchemin, qui paraissait très ancien. Je le dépliai et me figeai. Une étoile à cinq branches renversée avait été dessinée précisément dans une encre d'un rouge sang. Peut-être en était-ce même du vrai. Je reconnaîtrais ce symbole entre mille : la marque d'Azazel. Il m'avait trouvée. 

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Bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez bien !

Vous devez me détester, après une semaine sans chapitre, je publie en retard ! J'espère que vous me pardonnerez ! J'avais prévu de publier après ma journée de travail en labo, mais un prof nous a rajouté une conférence jusque 19h30, et le temps que je rentre, c'était un peu mort... Donc me voilà, avec un jour de retard mais beaucoup d'excuses encore une fois !

Comme chaque semaine, votez, commentez, partagez, ... :) N'hésitez pas à me dire ce qui va et aussi ce qui ne va pas pour que je puisse m'améliorer :)

Après réflexion, je ne ferai certainement que deux tomes de La mort à portée d'ailes, et pas trois, je préfère privilégier la qualité que la quantité :)

à la semaine prochaine !

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Where stories live. Discover now