Chapitre 50

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Nous rassemblâmes tous les Déchus sur la place du village, sous les yeux inquiets des autochtones, enfermés dans leurs maisons après le raffut de ce matin. Le visage grave, Sam s'apprêtait à nous relancer dans notre fuite sans fin. Sara était toujours blanche comme un linge et elle s'appuyait sur Jem pour tenir debout. Quant à moi, j'étais épuisée, et si Kai ne me portait pas, je serais en train de dormir sur les pavés de la place. Soigner Ilona, Kébiel et chasser le démon de Sara avait eu raison de mes dernières forces, sans parler de ma... transformation en Nephilim. Ce bazar allait avoir notre peau.

- Bon, mauvaise nouvelle, demain matin, on part d'ici, annonça Sam. Les démons nous ont retrouvés, je ne sais pas par quel moyen, mais nous devons partir. Hors de question qu'un seul d'entre nous soit embrigadé dans leurs rangs, ou que les habitants de ce village soient blessés. Vous avez l'après-midi pour faire vos sacs, demain matin, dès l'aube, on démarre.

Personne ne protesta, même si la déception, la tristesse et la colère se disputaient dans les yeux de notre petit groupe. J'espérais, comme eux, que cette fuite se terminerait un jour.

- Les gens voudront encore nous accueillir ? demanda une jeune Déchue dont je ne connaissais pas le nom.

- Igor leur fera passer le mot, assura mon ami. Nous ne les embêterons plus longtemps, de toute façon. Restez quand même prêts à combattre, on ne sait jamais, et n'empaquetez pas vos armes, nous en aurons peut-être besoin sur la route.

Elle hocha la tête et poussa un long soupir. Sam hocha la tête et le groupe se sépara pour regagner les maisons où nous avions logé. Sam et Priya restèrent sur la place, avec Kébiel, Kai et moi, pour discuter des derniers détails. Igor nous rejoignit quelques minutes plus tard.

- Nous partirons demain matin, annonçai-je au Russe.

- Déjà ?

- Oui, on ne peut plus rester. Pourrez-vous nous indiquer le chemin pour rejoindre une autre ville ?

- Sans problème, je vous suis redevable, ne l'oubliez pas. Je ferai en sorte que personne ne ronchonne pour vous accueillir cette nuit, même si vous avez pas mal secoué tout le monde, ce matin.

- Merci infiniment, et désolée pour le remue-ménage, nous n'avions absolument pas prévu cela.

Il me serra la main, comme pour sceller un accord, et repartit pour grommeler quelques ordres en russe à plusieurs hommes restés en retrait. Priya prit Kébiel par le bras et ils partirent vers la maison où ils logeaient après un dernier signe de tête. Sam partit avec nous, la maison d'Igor n'étant pas loin de celle de Natasya, et nous nous séparâmes devant la porte. J'étais bien dans les bras de Kai, il me portait sans broncher depuis le matin, et je le vivais assez bien. Je nichai ma tête dans son cou tandis qu'il ouvrait la porte. Natasya était toujours dans sa cuisine, en compagnie de ses deux petites filles. Ilona courait partout et gardait ses belles couleurs sur les joues. Je souris en voyant que mes pouvoirs avaient pu aider une famille, et Kai expliqua en quelques mots que nous partions demain et que nous la remerciions pour son accueil. Je fermai les yeux et me laissai emporter dans la chambre d'amis, où mon petit ami me déposa sur le lit. Il me retira ma grosse veste puis m'enroula dans la couette, avant de faire nos bagages. Nous n'avions pas sorti grand-chose des sacs et ils furent bouclés en une dizaine de minutes.

- Viens près de moi, murmurai-je alors qu'il allait s'installer devant la cheminée pour rallumer le feu dont il ne restait que des braises.

- Tu ne veux pas que je...

- Non, rien du tout, viens près de moi, répétai-je.

Il déposa le tisonnier et vient se glisser dans mon dos, avant de me serrer contre lui. Il tendit un de ses bras, sur lequel je posai ma tête, et l'autre se coula sur mon ventre. Je fermai les yeux, conquise. Il embrassa le bas de ma nuque et chuchota :

- Dors un peu, ça te fera du bien.

- D'accord, répondis-je sur le même ton.

Je sombrai dans le sommeil, très rapidement, épuisée, et bercée par la chaleur de Kai, je ne me réveillai que plusieurs heures plus tard. La nuit était déjà tombée, et la pièce s'était bien refroidie. Je me retournai dans les bras de Kai pour me retrouver la tête sur son épaule et le bras sur son torse.

- Bien dormi ? me chuchota-t-il à l'oreille.

- Très bien, dis-je en baillant. Et toi ?

- Je n'ai pas beaucoup dormi, te regarder est bien plus passionnant.

- Tu es bizarre, tu sais ça ?

- Peut-être, mais tu as vraiment une tête adorable quand tu dors. Et j'adore la façon que tu as de me serrer contre toi et de ne pas vouloir me lâcher la main. Pousse-toi je vais rallumer le feu, j'ai froid.

Je le libérai et il alla rapidement ranimer les braises rougeoyantes. Quand il eut fini, il revint se glisser contre moi. Je passai mes bras autour de son cou et l'embrassai doucement sur les lèvres. Il répondit à mon baiser et nous restâmes enlacés, lèvres contre lèvres, un long moment. Nos baisers devinrent plus entreprenants, plus profonds. Mes mains se perdaient dans ses mèches brunes en batailles tandis que ses doigts glissaient dans mon dos.

- C'est peut-être notre dernière nuit paisible, souffla-t-il contre ma bouche.

- Oui, répondis-je simplement, sur le même ton.

- Je ne veux pas la gaspiller, je veux la passer avec toi.

- Je t'aime.

- Moi aussi je t'aime. Plus que tout au monde.

Je le fis taire par un baiser plus profond, sous le charme. Il me chuchota des tas de mots doux, me jurant que j'étais la femme de sa vie, et je me laissai emporter par le moment. Je l'aimais, je n'en avais plus aucun doute, et je voulais vivre avec lui. Comment, je n'en avais aucune idée, mais je trouverais un moyen. Être Nephilim, Déchue, ou même Archange, ne m'arrêterait pas. Je le voulais, tout entier, et jamais plus je ne le lâcherai. Nous nous perdîmes ensemble, scellant notre amour, oubliant tout ce qui nous attendrait dès le matin. Plus rien ne comptait, il n'y avait plus que lui, juste lui.

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Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous a plu! 

Pour éviter de classer l'histoire en mature et respecter les plus jeunes lecteurs, j'ai un peu édulcoré le chapitre, qui sera plus long et explicite (bon, pas trop non plus) dans sa version finale, destinée à être envoyée en maison d'édition.

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La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Where stories live. Discover now