Chapitre 14.3 ⭐

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J'avais l'impression que l'heure de chimie de ce mercredi matin n'allait jamais se terminer. À côté de moi, ma meilleure amie s'amusait à dessiner tout ce qui lui passait par la tête. Même une caricature de la tête de monsieur Green, notre professeur. Elle se marrait toute seule pendant que moi, je pensais à Félix. Je ne voulais pas qu'il parte. Mes amis semblaient avoir réussi à accepter son départ, et je me demandais bien comment.

— Souris, Jiulia. Tu le reverras, murmura Ambre à côté de moi.

Pour simple réponse, je laissai échapper un long soupir de ma bouche et attrapai un surligneur pour colorer un peu mes feuilles de cours.

— Ce n'est pas de ta faute s'il part. C'est justement grâce à toi qu'ils vont tous les deux pouvoir poursuivre leur vie dans de bonnes conditions, me rassura-t-elle.

C'était ce que j'essayais de me dire depuis la veille. Sa mère était la première cause de son départ, mais j'avais passé la nuit à me dire que, s'il avait eu quelque chose – ou quelqu'un – pour le retenir ici, alors il resterait. Il fallait que je lui donne une raison de rester, même si cela voulait dire faire une bêtise.

Il ne restait plus qu'une dizaine de minutes avant de pouvoir rejoindre Félix. J'allai devoir sécher le cours de physique, mais ça m'était totalement égal. Monsieur Allen, notre professeur de mathématiques, déballait tout ce qu'il pouvait sur les logarithmes et je voyais déjà la masse d'exercices arriver. Ambre aussi, la voyait. Elle avait planté son front contre le banc, fatiguée du cours, mais aussi d'essayer de me convaincre de ne pas sécher. De laisser partir Félix tout seul avec sa sœur. Elle avait surtout peur que je fasse une connerie et elle avait raison.

La sonnerie qui annonçait la fin du cours retentit et je me précipitai vers la sortie de la classe. Je montai jusqu'au deuxième étage, là où Félix avait pu laisser ses valises sur le temps qu'il avait cours. Je rentrai donc dans le petit bureau pour l'attendre. Il y faisait assez sombre. Un bureau en bois massif trônait dans un coin de la pièce avec deux sièges en cuir disposés de part et d'autre de celui-ci. 

Quand le bruit de la porte se fit entendre, je me retournai et tombai nez à nez avec Félix. Mon téléphone dans ma poche se mit à vibrer à plusieurs reprises. Ce n'étaient que des messages, ça pouvait attendre. Mon cœur s'emballa, je n'étais plus sûre de ce que je voulais et de ce que j'allai faire.

— Tu m'aides à descendre mes affaires ? demanda-t-il. Il faut encore qu'on aille chercher ma sœur chez les primaires.

Ses yeux bleus m'examinaient comme s'il avait deviné qu'un plan foireux était en train de se mettre en place dans ma caboche.

Tant pis. C'était le tout pour le tout et je ne voulais pas qu'il parte. Je me jetai à son cou et plaquai mes lèvres contre les siennes. Pris par surprise, il recula et se retrouva contre la porte. Mes lèvres continuaient de goûter les siennes et inversement. Ses mains prirent mon visage en coupe avant de descendre le long de mon corps, laissant une vague de chair de poule derrière elles. Il passa ses mains sous mes fesses et me souleva pour me déposer sur le bureau derrière moi.

L'égoïsme avait eu raison de moi et je commençais à me sentir mal pour ce que j'étais en train de faire. Je n'avais pas réfléchi aux conséquences, et la porte du bureau qui s'ouvrit en trombe ne m'en laissa pas le temps.

Monsieur Jefferson pénétra dans le bureau et ses yeux allèrent de mes mains accrochées aux cheveux de Félix jusqu'aux siennes, qui étaient pressées contre mes cuisses.

— Monsieur Alexander, vous avez un avion à prendre, dit-il d'un ton sec.

Je pinçai les lèvres, gênée malgré moi. Je descendis du bureau pour aider Félix, mais mon professeur de physique me retint par le bras.

Breaking the limit - 1Where stories live. Discover now