Chapitre 9.2 ⭐

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Monsieur Jefferson avait raison : Ambre m'avait à peine aperçue qu'elle avait commencé à s'énerver.

Nous étions à notre deuxième heure de cours du mardi, à savoir, éducation physique. Notre professeur avait décidé de nous faire courir toute l'heure, ce qui ne me dérangeait pas d'habitude. Mais là, mes muscles me faisaient affreusement mal. Dans les vestiaires, j'avais eu droit à plusieurs regards de travers à cause des hématomes qui recouvraient certaines parties de mon corps. Ma meilleure amie m'avait alors demandé de tout lui expliquer.

— Mais comment peux-tu ignorer qui est la personne qui t'a fait ça ? demanda-t-elle hors d'haleine.

— Tu m'écoutes quand je te dis que j'ai chopé le portefeuille de l'agresseur ?

— Excuse-moi... mais... je ne peux pas courir... écouter... et réfléchir... en même temps.

Elle était sur le point de rendre l'âme, ce qui m'arracha un sourire. Ambre détestait courir, alors elle se contentait de faire semblant de trottiner à côté de moi.

— Tu dois l'apporter à la police et déposer plainte, ajouta-t-elle en s'arrêtant pour reprendre sa respiration.

Les mains sur les genoux, elle s'était penchée en avant pour reprendre ses esprits. Quand elle se redressa, son visage était tellement rouge que j'avais l'impression qu'elle allait exploser. Le regard noir qu'elle me lança voulait clairement dire que si je me moquais, c'était à mes risques et péril. Je détournai le regard et vérifiai que notre professeur ne nous regardait pas.

— Si je porte plainte, je vais être soumise à des examens médicaux et des interrogatoires interminables. Sans oublier que si Carmela l'apprend, Henri sera aussi au courant.

Elle se redressa et me fixa de ses grands yeux bleus, l'air pensif. Quelques-unes de ses mèches blondes collaient sur son front et une goutte de sueur perla jusque sur le bout de son nez. Elle loucha dessus avant de s'essuyer le front avec son t-shirt de sport. J'étais tentée de lui dire que si elle arrêtait la fumette, elle supporterait déjà beaucoup mieux la course à pied et le sport en général, mais elle prit la parole la première.

— Tu sais quoi ! On va aller voir Henri. Aujourd'hui.

— Tu en as d'autres des idées stupides ? Déjà que je regrette à moitié d'avoir...

— Mon idée est loin d'être stupide ! Au moins tu n'as pas tout le temps Henri sur le dos et tu peux être sûre que si tu lui demandes, il n'en parlera pas à Carmela.

— C'est hors de question !

— C'est ça, ou je raconte tout ce que tu viens de me dire à Carmela, menaça-t-elle.

Je pinçai les lèvres et fini par capituler. Ambre n'avait pas totalement tort : Henri ne vivait plus avec nous et, par conséquent, il n'allait pas être sans arrêt sur mon dos après mes révélations.

Il fallait une bonne demi-heure depuis le lycée pour se rendre dans les bureaux dans lesquels travaillait Henri. Je savais qu'il était plus haut placé que Carmela dans la hiérarchie de la police – j'appelais ça comme ça parce que je ne m'y connaissais pas du tout – et cela voulait donc dire qu'il allait être plus difficile à atteindre. Comme je n'étais pas du genre à prévenir, je décidai de ne pas l'avertir tout de suite de mon arrivée immédiate.

Arrivées devant l'immense building, je tentai de trouver une place pour me garer. Qu'importait l'heure, Chicago était toujours une ville vivante. On se dirigea vers la grande porte vitrée et un homme en costume cravate noir nous céda le passage en ouvrant ladite porte.

Breaking the limit - 1Where stories live. Discover now