Chapitre 3 : Alliances ténébreuses

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"En 1972, quand Barnabas Collins a été délivré de son cercueil, il est venu rendre visite à ma mère. Comme à son habitude, elle l'a un peu dragué (plutôt beaucoup que un peu si vous voulez mon avis) et apparemment, il aurait craqué. La sorcière qui me tient lieu de génitrice aurait alors usé de l'un de ses nombreux sortilèges, ne me demandez pas lequel, je serais incapable de vous répondre. Enfin bref, toujours est-t-il qu'elle a réussi à extraire de son ventre un embryon qu'elle a fait grandi en quelques jours seulement jusqu'à la fin de l'adolescence, ce qui a donné, eh bien, moi ! Pendant une semaine, elle m'a appris tout ce qu'elle savait : sortilèges, charmes, potions, goût du sang, immortalité etc. Et même...

- Et même quoi ?

- Quoi ? Oh, euh... rien, rien ! Où j'en était déjà ?

- Vous disiez qu'Angie vous avait tout appris en une semaine.

- Merci ! Donc, le lendemain de la fin de mon apprentissage, il y a eu cette fameuse soirée chez les Collins, elle est morte, et je me suis retrouvée orpheline à 11 jours, même si j'avais déjà le corps sexy à souhait d'une jeune fille de 19 ans que je possède encore aujourd'hui.

- Eh beh ! On peut dire que vous avez démarré la vie sur des chapeaux de roue, vous !

- A-ha ! A-ha ! A-ha ! Très spirituel ! Maintenant, si vous le voulez bien, retournons aux choses sérieuses. Pourquoi la première personne que vous souhaitiez voir à votre réveil était ma mère ?

- Elle et moi avions des intérêts communs, avant sa mort, intérêts qui sont toujours les vôtres d'après ce que j'ai cru comprendre.

- De quels intérêts parlez-vous et pourquoi devraient-ils être les miens désormais ?

- Je vous ai déjà dit que je veux me venger des Collins, et en particulier de Barnabas, qui m'a tuée et enchaînée au fond de l'océan pendant 45 ans. Votre mère aussi, comme vous l'avez si justement dit, conservait une rancune contre lui. Quant à vous, il n'est rien de moins que le meurtrier de votre mère, donc j'ai pensé que vous souhaiteriez aussi le voir puni de ses actes, de préférence au moyen d'une mort longue et douloureuse.

- Bien vu. Mais vous oubliez un détail : je suis une Collins, et Barnabas est mon père. Vous croyez vraiment que je vais faire du mal à ma propre famille, mon propre sang, celui sans qui je n'existerai pas ?

- Oui, je le crois. Je garde en tête que vous êtes d'abord la fille d'Angie. Barnabas n'est pas au courant de vos origines et ne serait sûrement pas très content de les apprendre. Vous voyez probablement en Barnabas le meurtrier de celle qui vous a "éduqué" avant de voir en lui votre père.

- Touché, encore une fois ! Comment faites-vous ? On dirait que vous lisez dans mes pensées !

- Je vous rappelle que je suis psychiatre de profession. "Lire" l'esprit des autres, c'est mon métier !

- J'avais oublié ça. ET donc, qu'attendez-vous de moi, au juste ?

- Premièrement, je veux revoir les Collins pour me faire une idée de ce qu'ils sont devenus. Même si je n'ai pas besoin de vous pour ça, j'aimerais beaucoup, si cela ne vous dérange pas, vivre ici, étant donné que je n'ai actuellement pas d'endroit où vivre.

- Mais ce sera avec grand plaisir, Dr Hoffman ! Au passage, je pense que nous pouvons peut-être nous tutoyer, non ? Nous sommes à partir de maintenant, comme qui dirait, partenaires de crime !

- En effet ! Tu as parfaitement raison ! Ravie de faire ta connaissance, chère colocataire !!!"

Les deux femmes se lèvent et se serrent la main symboliquement, chacune affichant un large sourire de satisfaction sur son visage. Julia veux aller dans l'instant rendre visite aux Collins, mais Angela l'en dissuade. Selon elle, il est trop tard et de toute façon, ils ont bien le droit de passer leur réveillon tranquille. Julia se laisse facilement convaincre par sa nouvelle alliée et c'est donc le lendemain matin qu'elle emprunte la Aston Martin d'Angela (malgré la faillite de l'entreprise familiale, cette dernière a gardé le goût du luxe et a réussi, nous ne révélerons pas comment pour des raisons évidentes, à s'en procurer une) pour se rendre à Collinwood.

Le toit du véhicule, découvert malgré la neige qui tombe en abondance, la vampire savoure l'odeur enivrante des pins qui bordent la route. Les flocons dansent un ballet époustouflant dans la légère brise de ce début du mois de janvier et se posent doucement sur le capot et sur le pare-brise. Quelques-uns s'aventurent même parfois sur les bras et les mains gantées de Julia. La voiture glisse rapidement sur la chaussée enneigée. Bientôt, elle arrive en vue du grand portail en métal ouvragé, brillant de milles feux sous les rayons du soleil qui passent à travers les nuages et qui illuminent la scène de manière féerique. Largement ouvert, il s'ouvre ensuite sur une large allée bordée de séquoias qui se termine en une sorte de rond-point au pied de la haute porte d'entrée de chêne massif du château. Celle-ci voit alors ses lourds battants s'ouvrir avec grand fracas lorsque les résidents de la propriété entendent le crissement des pneus de la voiture de luxe sur le gravier blanc. Barnabas, les jambes campées dans une position qui dissuade les plus téméraires d'entrer et les mains sur les hanches, un air hostile affiché sur sa figure livide, se tient sur le seuil.

Dès qu'il aperçoit le visage rayonnant de son ennemie qu'il croyait avoir définitivement tuée des décennies auparavant, il exprime son courroux en faisant résonner sa voix grave et menaçante dans l'air glacial du perron du gigantesque manoir.

Dark Depths [Terminée]Where stories live. Discover now