« — Est-ce que tu veux en parler ? » Me questionne soudainement Leith.

Je déglutis, je n'ai pas envie d'y repenser. Jusque là j'ai simplement repassé en boucle la lettre dans ma tête sans jamais en parler à haute voix, mais en parler à Leith veut dire rendre cela plus réel, plus vrai et je n'ai pas envie de m'entendre le dire. Et pourtant, je sais mieux que quiconque qu'il faut mieux en parler que de rester dans son coin à se morfondre.

« — J'ai trouvé une lettre dans le sac de ma mère, dimanche. » Commençais-je.

Leith m'écoute attentivement sans me presser et je l'en remercie pour cela.

J'en connais beaucoup qui n'aurait pas pris en compte mes sentiments et m'aurait pressé simplement pour connaître tous les détails de cette sordide histoire.

« — C'était une lettre de l'armée, tu sais Nate, mon frère s'est engagé à l'armée et il était reparti. Dans cette lettre ils expliquaient qu'une tente avec des munitions avaient explosé et qu'ils ont quitté le camp après. Mais qu'ils ont perdu la trace de Nate. Et devine quoi ? » Lui expliquais-je en essayant de jouer la carte de l'ironie.

Il glisse sa main dans la mienne comme pour me montrer qu'il me soutient et cela a l'effet escompté.

« — Nate a été vu dans cette tente avant qu'elle explose mais personne n'est capable de confirmer s'il fait bien parti des victimes de l'explosion. Ils n'ont plus aucune trace de lui, il est donc porté disparu. » Ajoutais-je.

Il hoche la tête.

« — Porter disparu, cela ne veut pas dire mort. » Tente de me rassurer Leith.

Je secoue ma tête négativement.

« — La dernière discussion que j'ai eu avec Nate était à propos de cela. Il m'a dit qu'il a un ami dans son régiment qui était porté disparu. Il m'a confié que c'est juste une manière pour l'armée de dire qu'il est mort sans prendre les responsabilités de sa mort. Tant qu'ils n'ont pas toutes les preuves qui montrent bien que l'armée n'a rien à voir avec cette mort, il ne déclare pas le soldat mort. » Expliquais-je en fermant les yeux pour retenir les larmes qui menacent de couler.

Je ne pleure pas souvent mais m'imaginer que je ne pourrais plus jamais le serrer dans mes bras, subir ses blagues stupides ou tout simplement le voir vivant, c'est beaucoup trop à supporter.

En soi, lorsque nos proches sont vivants, nous ne réalisons pas à quel point ils sont importants à nos yeux.

Ils paraissent dérisoires, même exaspérant certaines fois et pourtant lorsqu'ils disparaissent, comme ça, du jour au lendemain, c'est comme si notre coeur avait soudainement décidé de nous montrer ce que nous venons de perdre, et il le montre sans s'arrêter.

Comme s'il est impossible d'agir normalement, qu'il manque une partie de soi et ce vide impossible à combler rend le quotidien insupportable.

Je ne sais pas si j'arriverais à continuer à me lever chaque matin si un jour c'est une tout autre lettre qui arrive dans notre boîte aux lettres.

« — Tu me promets de ne pas me laisser. » Lâche soudainement incertaine.

Il serre plus fortement ma main et se penche pour déposer un doux baiser sur mon front.

« — Je serais le dernier des idiots si jamais je te quittais un jour. » Me murmure-t-il.

Son sourire me réchauffe le coeur mais je n'ai pas la tête à sourire, à être joyeuse, c'est comme si c'était inutile.

À quoi continuer d'avancer, de prétendre comme si tout allait alors que mon frère n'est plus là ?

On ne s'en rend pas forcément compte mais chaque décision que nous prenons est influencé par notre entourage.

Stormy Romance [Tome 1 & 2 & 3]Where stories live. Discover now