Je m'attendais à ce qu'il fasse sombre, là-dedans, et fus étonné de constater que la lumière passait très bien par les innombrables trous au mur. Je m'aventurai dans le couloir, empli à gauche et à droite par des boxes. Cette bâtisse tenait plus d'une écurie, d'ailleurs... Et c'était complètement vide. Mais comme j'en venais à cette conclusion, un bruit soudain me fit sursauter. J'avançai vers le tout dernier boxe de droite.

Je n'étais plus qu'à un mètre quand une énorme tête de cheval dépassa de l'ouverture pour m'observer de ses yeux noirs aux pupilles allongées. Je me figeai, apeuré, alors que je sentais tout le sang de mon visage partir au loin. C'était la première fois que je voyais un cheval et ils étaient plus grands que ce que je croyais ! Je respirai à nouveau en remarquant que la porte du boxe était fermée, puis m'avançai timidement vers l'animal. Arrivé devant lui, je le regardai droit dans les yeux, et lui en faisait de même. Je me permis ensuite à rompre le contact pour voir le reste de son corps ; sous sa robe de couleur roux foncé, il semblait bien nourri. Je n'apercevais aucune côte.

De toute évidence, quelqu'un vivait ici pour s'occuper de ce cheval. Un étrange sentiment d'excitation me fit sourire de toutes mes dents alors que l'identité de cette - ou ces - personne m'apparût ; mes parents biologiques. À Télio et moi.

Après tout, pourquoi pas ? C'était ici que nous avions été retrouvés. Et si c'était toujours habité, c'était forcément par eux. Mes parents.

Je sortis de la grange pour aller rejoindre Samy, qui m'attendait près des grandes portes.

— T'as trouvé quelque chose ? dit-elle en remarquant mon énorme sourire.

— Un cheval. Vivant, ajoutai-je en la voyant grimacer. Il y a des gens, ici.

— Alors il vaudrait mieux partir...

— Non, tu comprends pas ! Ce sont mes parents !

Samy fronça les sourcils, encore plus confuse. Sans m'attarder sur les explications, je courus à pleine vitesse vers la maison et m'arrêtai pour cogner une bonne dizaine de coups sur la porte, excité comme une puce.

— Miö... dit Samy derrière moi. Si ce sont vraiment eux, alors ils t'ont délibérément abandonné, non ?

Je me retournai vers Samy pour lui lancer un regard noir et elle leva les mains en reculant de quelques pas, comme si elle craignait sérieusement que je m'élance sur elle.

— Je dis juste que tu risques d'être déçu.

— C'était la guerre, à l'époque, lui rappelai-je. Il aurait pu y avoir toute sorte d'imprévu.

— Non, elle était terminée, la guerre. Terminé en 2049, tu te souviens ?

Je serrai les poings. Samy avait réussi à me faire perdre ma bonne humeur.

Je frappai à nouveau contre la porte, plus fort, mais moins longtemps.

— Et personne ne vient. Tu t'es peut-être trompé. Il n'y a personne, ici.

— Il y a forcément quelqu'un pour s'occuper du cheval.

— Peut-être qu'ils sont sortis.

— Si c'était le cas, je crois qu'ils auraient justement emporté le cheval !

Je frappai encore une fois. Énervé de ne pas avoir de réponse, j'ouvris la porte, qui n'était même pas verrouillée, et m'avançai dans la maison, Samy sur mes talons. L'entrée donnait sur un corridor où, à gauche, il y avait un salon, et tout au fond, une cuisine et salle à manger. Le côté droit était occupé par des portes fermées ; les chambres à coucher et les toilettes, certainement.

— Hé ! Y'a quelqu'un ? dis-je bien fort, les mains en portevoix. On est venu en ami !

Je tendis l'oreille, guettant une réponse, à la limite le moindre bruit suspect ; rien. Tout ce que j'entendis fut un petit cri lointain de chauvesouris. Pourtant, mes yeux m'indiquaient bien que c'était habité. Les murs étaient peut-être à plaindre, mais le plancher était propre et sans poussière.

Je me retournai vers Samy pour lui partager mes impressions, mais mon regard s'arrêta sur quelque chose d'orange, au coin d'une sorte de trappe dépassant du sol. C'était un chat roux rayé de blanc, replié sur lui-même dans une position prêt à attaquer, m'observant comme s'il n'attendait qu'à ce que je fasse un mouvement brusque pour me sauter dessus.

— Qu'est-ce que tu regardes comme ça ? s'étonna Samy. Oh tien, un petit minou !

Samy s'avança de quelques pas vers l'animal, mais recula à nouveau quand il se mit à feuler en faisant le dos rond. Je m'avançai à mon tour et

le chat s'aventura aussitôt sous la trappe. J'essayai de l'ouvrir en grand, mais elle semblait coincée, ou tout simplement trop lourde. Samy l'attrapa d'un autre côté et m'aida, sans plus de résultat.

— Tant pis, je peux passer sous ma forme de chauvesouris, dis-je en abandonnant l'idée de la soulever.

— T'es fou ? s'écria Samy. Les chats mangent les souris et les oiseaux, alors un mélange des deux, t'es mal barré !

— Je peux me défendre contre un chat ! J'ai juste besoin de passer, et c'est tout...

— Et qu'est-ce que tu comptes trouver en bas ? Il n'y aura certainement personne si ça ne s'ouvre pas !

— On verra bien ! m'énervai-je.

Je me penchai pour regarder sous la trappe, mais il y faisait trop noir. Finalement, je retirai mes souliers et me transformai pour passer dessous, avançant à quatre pattes de la même manière d'un dragon ; patte arrière et griffe au bout des ailes dans une démarche maladroite. Samy étouffa un rire ; je fis semblant de lui sauter dessus et elle s'éloigna aussitôt en se couvrant le visage.

Enfin, je traversai l'espace et sautai précautionneusement sur les premières marches de l'escalier devant moi. Je me permis quelques dizaines de secondes pour m'habituer à l'obscurité et regardai au fond de la cave ; il y avait bien des trucs... mais je n'arrivais pas à comprendre ce que c'était.

Je sautai et me laissai planer jusqu'au sol, puis me transformai pour m'avancer vers ces... choses. On aurait des aquariums, très haut, mais pas très large... En fait, ils semblaient parfaits pour y accueillir, non pas des poissons, mais un être humain.

Le chat miaula près de moi, assis à un mètre de distance, m'observant avec curiosité. Je ne fis pas attention à lui, regardant tout autour de la salle. Il y avait une bonne dizaine de ses aquariums étranges.

Je venais d'atterrir dans le laboratoire d'un scientifique fou...

Miö (En Réécriture)Where stories live. Discover now