1 - Retour mouvementé

682 33 8
                                    


15 Décembre, Seireitei, Soul Society.

La lumière orangée du soleil naissant caressait son teint hâlé et illuminait chaque parcelle à découvert des rues du Seireitei. Ce matin-là, la Soul Society était particulièrement paisible, comme il aimait s'en rappeler durant son long mois d'absence. Une agréable journée se profilait à l'horizon ; il ne régnait dans l'atmosphère aucune trace d'humidité – pas même un nuage – susceptible de faire chuter le mercure. Pourtant, rien ne lui donnait envie de sourire : il se sentait seul, plus seul que jamais. Depuis aussi loin qu'il s'en souvenait, sa vie n'avait jamais été un long fleuve tranquille. De la misère de Rukongai jusqu'à la trahison de son tant estimé capitaine, jamais rien ne s'était déroulé de la façon dont il l'avait souhaité.

Son humeur morose – sinon dépressive – avait été accentuée lors de son retour à domicile, la veille au soir. Tandis qu'il revenait d'une interminable mission d'un mois avec la moitié de sa division, il espérait trouver son meilleur ami et se saouler avec lui pour oublier son existence minable ; son projet de beuverie fut bien vite avorté : Rangiku Matsumoto et lui étaient partis dîner en tête-à-tête. Ainsi, après cette longue et pénible absence, il s'était retrouvé seul, une fois encore.

Alors qu'il arpentait les allées désertiques du Seireitei, il vit au loin une petite brunette et un grand baraqué aux cheveux écarlates chahuter tels des enfants. Ah ! décidément, tout pour l'ennuyer. Ça minaudait par-ci par-là, alors que lui-même se sentait comme isolé sur une île perdue dans le Pacifique. Lui qui ne souhaitait qu'une présence à ses côtés, quelqu'un qui lui donnerait envie de se lever chaque matin, quelqu'un qui l'attendrait lorsqu'il partirait en mission et s'inquiéterait de son sort, n'avait rien de tout ça. Pourtant, tout le monde autour de lui possédait ce quelqu'un. En demandait-il trop ?

Agacé de broyer du noir, il fit mine de ne pas les avoir remarqué et détourna le regard (il n'aurait plus manqué qu'il ait à tenir la chandelle, par-dessus le marché !) Malheureusement pour lui, les deux qu'il qualifiait intérieurement de tourtereaux l'avaient aperçu longer les murs dans ce qui s'avérait être une tentative d'esquive relativement médiocre.

« Salut, Hisagi ! s'exclama l'homme.

– Depuis combien de temps es-tu rentré ? » s'enquit la brune.

Seigneur, pourquoi tant de haine envers sa pauvre personne ?
Il tourna mécaniquement la tête et s'efforça de tendre ses lèvres dans ce qu'il voulut être un sourire.

« Tiens ! Salut, Abarai et Kuchiki... On est rentrés depuis hier soir.

– Des informations sur l'ennemi ? s'empressa Renji Abarai.

– Pas autant qu'on ne l'aurait espéré, malheureusement.

– Le tout est que vous soyez revenus sains et saufs, non ? sourit Rukia Kuchiki.

– Oui, sans doute », soupira-t-il en haussant les épaules.

Ne s'attardant pas sur les détails, Shûhei Hisagi reprit sa route, la tête basse. Rien ne lui faisait envie, aujourd'hui : manger, boire, dormir, parler... Tout ce qu'il souhaitait faire et faisait actuellement se résumait à errer sans but précis, tel un spectre, en réfléchissant au sens de sa vie. Ajouté au fait qu'il était né avec une chance douteuse, il se dit que son visage balafré par ces trois cicatrices parallèles héritées d'un combat contre un hollow dans le monde des humains devait également jouer en sa défaveur. Devait-il aussi inclure à sa liste de défauts sa crédulité qui l'avait poussé à servir des années durant un futur renégat ? Il essaya de se convaincre que non.

Tout à coup, deux poids s'écrasèrent sur ses épaules tendues. Il sursauta, frôlant l'infarctus.

« Shûhei ! s'enjoua une voix.

The New Substitute - BLEACH [1/2]Where stories live. Discover now