Don't go - Jeon Jungkook

Chapitre 55 : On vit pour rentrer à la maison

''Ma chérie, est-ce que tu as eu un chagrin d'amour ?''

''De quoi tu parles ? Je-''

''J'ai vu les photographies de ce garçon et toi. Je ne suis pas si vieille, et je sais me renseigner. Tu restes ma fille, la seule et l'unique ; je n'allais tout de même pas me satisfaire des quelques bribes d'informations que tu me donnais.'' Elle me taquine.

''Maman, tu n'es pas centenaire, je suis déjà au courant.'' Je souris faiblement.

''Alors, qui est-il ?''

''Jeon Jungkook. Ne t'emballe pas, nous avons rompu.''

Elle hausse les sourcils, visiblement très surprise, et m'interroge immédiatement.

''Rompu ? Ce n'est pas un peu trop tôt ? Te connaissant, je n'aurai jamais pensé que tu puisses avoir une relation de si courte durée.''

''Oh, je n'ai pas choisi. Il est parti.''

''Du jour au lendemain ?''

''Du jour au lendemain.''

''Pauvre garçon.'' elle murmure.

''Pauvre garçon ? Je me suis faite abandonner.'' je m'indigne, légèrement déstabilisée.

Et je repense à ses lèvres sur les siennes, tandis que ses bras, qui m'entouraient autrefois -qui étaient supposés m'entourer pour toujours- entourent sa silhouette élancée, parfaite.

Et je ressens de la haine ; beaucoup de haine. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas prise possession de moi, mais elle est là, en ce moment, prête à me dévorer, à ne faire de moi qu'une coquille vide de toute empathie. 

Il me semble que le feu s'empare langoureusement de mon cœur, s'enroulant autour de lui furtivement et le brûlant peu à peu. Il me semble que la flamme grandit, et qu'elle le brûle entièrement. 

Me laissant seule : à peine une coquille vide remplie de vengeance. Je ne peux plus aimer. Je ne peux plus sourire. Je ne peux que laisser mes idées noires me guider vers la fin.

''Oh, pour partir si brusquement, il faut avoir un cœur bien vide, ou un passé trop chargé. Il a le cœur bien accablé, ce Jungkook ?'' 

Et moi ? Je sais que tu ne l'as sûrement jamais remarqué, parce que mon sourire le cachait bien, mais moi aussi, j'ai souffert. Et ce n'est pas seulement à cause de lui. 

Tout le monde souffre, non ?

''J'ai l'impression de parler à une grand-mère.'' je glisse, lui lançant une pique à mon tour.

''Il va falloir que tu vives avec.'' Elle plaisante, mais ajoute précipitamment, à la quête d'informations. ''Alors ?''

''C'est difficile à expliquer. J'ai peur de ne pas pouvoir lui rendre justice. Il y a tellement d'évènements, et j'ai si peu d'informations.''

Je n'en ai presque aucune. 

Une enfance difficile, et un garçon solitaire ? 

Non, il y a beaucoup de choses qui sont gardées secrètes. 

''Ah, tu vois !'' elle lance soudainement.

''Quoi ?''

''Tu ne l'aurais pas jugé un peu trop vite ?'' Elle a le même ton sérieux qu'autrefois, quand elle me grondait, enfant.

''Tu es de son côté ?'' je lui reproche, les sourcils froncés.

''Oh, ne t'inquiète pas, je lui en veux, énormément.'' elle répond. ''Mais je te connais, ma chérie : tu ne donnerais pas ton cœur à n'importe qui. Tu as toujours aimé les problèmes, les puzzles.''