Chapitre 50 : Provocateur

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Et la radio passe sa chanson. 

C'est une blague ? 

Je suis humiliée. 

-

''« Jeune homme au tempérament explosif », impressionnant non ?'' il rapporte avec un ricanement cynique en s'adossant au mur de la cellule de prison. ''S'ils le disent, ça doit être sûrement vrai, alors'' 

''Tu oublies le « très impulsif »'' je riposte en me plaçant à quelques mètres des barreaux, le fixant, imperturbable, le regard glacial et indifférent.

Il ferme les yeux et ne répond pas, reposant le dos de sa tête sur le mur blanc recouvert de gravures, m'offrant une vision éloquente de sa mâchoire parfaitement sculpté. 

''Oh, ils m'adorent.'' il marmonne railleusement. ''Qu'est-ce qu'ils m'adorent.''  

Le silence comble le vide de notre conversation, et nous restons dans cette position, moi, le contemplant, et lui, s'évadant probablement, s'enfuyant dans un endroit où ni moi, ni personne, ne peut l'atteindre.

Ses pensées. J'aimerai percevoir un brin de ses pensées. Pouvoir prétendre le comprendre. 

Et finalement, admettre qu'il sera à tout jamais inaccessible. 

''Taux d'alcoolémie trois fois au-dessus de la limite permise, hein ?'' j'allègue d'un ton apathique, croisant les bras et me laissant brièvement aller à l'inspection des alentours, cette boîte informe où il est désormais enclavé,  ces murs grisâtres qui parfont la barrière démesurée qui le dissocie du monde extérieur, superficiel et néfaste. 

Il ne s'en sort pas si mal, finalement.

Demeurer ici l'exempterait de la torture qu'est l'humanité.

''Pas mal, non ?'' il rétorque, un rictus insolent et satisfait aux lèvres, en entrouvrant les yeux, m'assignant un regard provocateur et époustouflant, insultant et sidérant. 

''Oh, tu peux faire mieux, tu sais.'' j'ironise et il hausse les sourcils. 

''J'ai fait du mieux que j'ai pu, mais tes encouragements me vont droit au coeur.'' 

Inutile de répliquer à ses piques, cela ne ferait qu'attiser le feu. 

Il a tellement changé. 

Il a décidé d'ériger des remparts afin d'empêcher qui que ce soit de l'approcher, de l'atteindre,  de réformer ses pensées impures, noircies par ses émotions.

''Quand même, en tant que ma manageuse, tu devrais être fier de moi.'' il lâche en un souffle, et le mien se retrouve coupé. 

''Je n'étais même pas drogué.'' 

Et ma respiration est hachée, ma conscience  embrumée, et mon pauvre cœur éreinté. 

Et révolté.

Il ose.

''Ne m'en veux pas trop, je me surpasserai pour toi la prochaine fois, chaton.'' 

Je serre furieusement les poings et détourne le regard, canalisant mon attention sur tout sauf ce fomentateur, ce beau parleur aux mots attrayants et ensorcelants.

Assez, assez. Reprends-toi, Aela. 

Il est peut-être trop tôt encore pour en l'assurer, mais aujourd'hui se perpétra probablement un meurtre.

Et ce sera le tien. 

Ne me provoque pas.

Puis, l'homme en face de moi fait sûrement la chose la plus adorable au monde.

Jeon Jungkook me sourit. 

-

''Alors ?'' Taehyung m'agrippe hâtivement le poignet, ses doigts tièdes et graciles s'enroulant  autour de ma peau, dès que j'émerge du gigantesque édifice.

Je grimace inconsciemment à l'étrangeté du soudain toucher, qui est désormais inhabituel et un tantinet désagréable. 

''Hey, doucement.'' je lui intime et, immédiatement, il rompt tout contact et recule, légèrement dérouté. Il cligne des yeux et me contemple d'un air absent avant de se ressaisir et de recouvrer son attitude habituelle, se passant par la même occasion une main dans les cheveux, ses fameux cheveux blonds ébouriffés qui causent les regards adoratifs et admiratifs des fans. 

''Est-ce que ça va ?'' il se préoccupe soudain et m'examine, les sourcils froncés. 

''Bien sûr, pourquoi ?'' je réponds d'un ton impavide, laissant traîner mon regard sur le paysage que m'offre généreusement Londres. 

''Tu m'as l'air... préoccupée ?'' 

''Je vais bien, je t'assure.'' 


si je pleure, on assumera que je t'aime

si je hurle, on jugera que je suis névrosée

et si je meurs, on admettra que j'étais éreintée bien avant

et que personne ne rêvait plus pour moi.

Ma souffrance suinte.

-

''Qu'est-ce que tu fais là, de toute façon ?'' il me cingle de sa remarque brutale.

« Mais je ne te le reproche pas. Après tout, qui voudrait rester avec moi ? »

« Tu le choisis lui, encore, n'est-ce pas ? Tu le choisiras toujours, hein ? »

Je ne sais pas pourquoi je suis venue.

''Je suis venue pour te faire sortir d'ici.''

''Vas-t'en, alors.'' il lâche d'un ton cassant, en regardant le mur blanc à sa gauche, refusant de croiser mon regard.

''Je me ferai un plaisir de dégager une fois que tu seras sorti d'ici, ne t'inquiète pas.''

Il ne répond pas, me mitraillant du regard. 


Si ma vie n'est que poésie,

Je ne veux pas de recueil


Et si ma vie est un poème,

Il doit sûrement être affligeant. 

La réminiscence de tes lèvres contres les miennes ; je n'ai que ça. 

Mes souvenirs se sont égarés, dépravés, retirés. 

Don't go - Jeon JungkookWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu