Don't go - Jeon Jungkook

Chapitre 32 : Pluie

''Je crois que je vais faire la liste des choses que je ne vais jamais dire'' elle inspire avant de continuer, un sourire triste sur son visage :

''Jungkook, je suis vraiment, vraiment, vraiment, amoureuse de toi. Tellement amoureuse que j'avais envie de te tenir ta main à chaque fois que tu marchais devant moi. Tellement que je n'avais plus envie de la lâcher. Jungkook, je suis tellement amoureuse de toi que j'ai porté plainte contre ton manager parce qu'il t'avait crié dessus, et que je vais probablement perdre tous mes amis.

Ensuite, j'aimerai ajouter que je suis désolée. Parce que je suis une lâche triplée d'une idiote. Parce que je t'ai abandonné, parce que j'ai pris peur en voyant ce que tu avais fait à Karla, parce que je suis sortie avec Taehyung parce que c'était plus simple que d'avouer mes sentiments naissants envers toi.

Finalement, je voulais juste te dire que tu as les plus beaux yeux du monde. Si beaux que je m'y perds, si beaux que lorsqu'ils arrêtent de fixer les miens, j'ai l'impression de sombrer dans un cauchemar, de me noyer.

Enfin, ça je crois que c'est parce que je t'aime, Jeon Jungkook.

Voilà la liste de choses que je n'avais jamais prévu de te dire'' elle ajoute avant de tourner les talons, et aussi simplement que cela, elle quitte la salle vide.

Parler devant un miroir ne servira à rien.

-

Aucun message.

À quoi je m'attendais ?

Jungkook n'est pas là.

Je me suis disputée avec Karla.

Taehyung est devenu un inconnu depuis notre rupture.

Yoongi ne me parle plus.

Et Jimin ? Il doit sûrement être en train de vivre sa vie.

Aucun message.

Ça a toujours été comme ça.

Il va juste falloir que je m'y habitue.

-

Elle a enfouie son visage dans le coussin de son appartement, qui avait une odeur qu'elle avait oublié, une odeur autrefois familière.

Jeon Jungkook avait une odeur familière, lui.

Si seulement il pouvait être là, dans ses bras, au lieu de ce stupide coussin.

Mais elle n'avait que ce stupide coussin.

Un cri est sorti de sa gorge, un cri plein de souffrance, de peine, de désespoir, de colère, un cri animalier, un de ceux qu'on ne lâche qu'une seule fois dans sa vie.

Parce que, désormais, Aela n'était plus totalement elle-même.

Elle était passé d'heureuse à triste,

D'accompagnée à seule,

De remplie à vide,

De l'amour à l'agonie.

-

''On devrait peut-être l'oublier'' me propose Karla un matin, assise à côté de moi sur le canapé.

''Si seulement c'était si facile'' je fais remarquer sans rien ajouter de plus.

Karla se tait et reste regarder la télévision avec moi, mais je sens quelque chose dans son expression du visage changer, une lueur dans son regard revivre, et c'est à ce moment-là que je comprends qu'elle est déterminée à agir.

Si seulement j'étais aussi forte.

—

''Viens, on va courir'' lance Karla en agrippant mon poignet et en m'entraînant dehors.

''On ne peut pas ! Il pleut !'' je constate, une constatation sûrement idiote puisqu'elle a dû le remarquer.

''Et alors ?'' elle m'entraîne vers la sortie. ''Qui a dit qu'on ne pouvait pas courir sous la pluie ?''

Elle est folle.

—

Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Je ne sais pas pourquoi je cours alors qu'il pleut à flot. Je cours même si les gouttelettes d'eau atterrissent sur ma capuche, et que je frissonne légèrement sous mon gilet.

Je déteste courir.

Le temps s'acharne contre moi : les gouttes d'eau continuent de s'abattre sur nous, mes mains sont gelées, mon nez doit sûrement être rouge à cause du froid.

Et pourtant, j'ai l'impression d'être vivante.

Avec mes jambes qui me font plus mal que jamais, mes mains qui sont glacées, et cette impression que je vais m'évanouir d'un moment à l'autre.

J'aime courir.

J'ai l'impression de pouvoir enfin échapper à ce qui me faisait peur depuis si longtemps.

Même si je ne sais pas exactement ce que c'est.

Peu importe qu'il pleut. Peu importe que ma gorge me fasse mal. Peu importe que je suis essoufflée.

Tu as plutôt intérêt à continuer à respirer.

Parce que je n'arrêterai pas de courir.

—

Je la regarde une dernière fois, elle, si courageuse, si déterminée, si belle.

''Merci'' je murmure une dernière fois, faiblement avec une voix tremblante.

''Quoi ?'' elle me lance un regard confus et se tourne dans ma direction.

''Rien.''

Il est temps que j'agisse par moi-même.