CHAPITRE 20 - PARTIE 2 : "Il s'imprimait dans ma tête"

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Le matin, j'ouvris les yeux et j'eus l'impression de voir son visage. Il s'imprimait dans ma tête, laissait ses marques, s'appropriait le terrain, comblait l'espace vide mais ne disparaissait jamais. Je pensais tellement à elle que même lorsque je fermais mes yeux, Annah apparaissait. La passion vers laquelle mes sentiments s'engageaient devenait néfaste. Elle me faisait plus de mal que de bien car je n'étais jamais suffisamment satisfaite de ce que j'obtenais d'elle et à la moindre dispute, mes amies me retrouvaient brisée.

Mon cœur ne supportait pas cette situation, cela me rendait malade d'être prise entre l'envie de tout lui dire et la peur d'être rejetée, entre la folie de mes sentiments et ma conscience embrumée. Si ça continuait, on commencerait à s'en douter, à parler dans mon dos et il ne le fallait pas, je n'avais pas encore les épaules pour endosser cette charge. Je n'avais que 15 ans, je n'étais qu'en seconde.
Le regard des autres est cruel, il te permet d'entrevoir à travers un furtif coup d'œil, dans la profondeur d'une insignifiante prunelle ce que le monde entier pense de toi sans jamais oser te le dire franchement.

A midi, tout se passa très vite. J'eus à peine le temps de me rendre compte que je mangeais bel et bien avec elle. Plusieurs fois je relevai la tête de mon assiette, et à plusieurs reprises, elle me surprit en train de la regarder. Je baissai alors les yeux immédiatement et je sentais mes joues qui rougissaient et qui me brûlaient. C'était insupportable de me sentir aussi faible, insoutenable de réaliser qu'une fille pouvait m'apporter ce qu'aucun garçon n'avait su faire par le passé. Je jouais un jeu bien dangereux mais ce n'était pas moi, c'était une autre moi. Jamais personne ne m'avait fait prendre autant de risques auparavant, des risques qu'on découvre ma véritable nature. Même si je la connaissais encore peu, je savais qu'Annah réagirait mal si elle l'apprenait et je n'ose imaginer les conséquences que cela engendrerait. D'ailleurs, le soir même, elle fut particulièrement froide. La revoilà qui prenait de la distance.
Dans ces moments incompréhensibles, je faisais appel à Amandine, une fille que j'avais rencontrée au collège et avec qui j'avais noué une très belle amitié dès la seconde. Aujourd'hui encore, elle fait partie sans aucun doute de mes meilleures amies, et c'est avec son accord que je n'ai pas changé son prénom. Avec le temps, j'eus assez confiance en sa personne pour la tenir au courant de mon fardeau, de mon secret. Elle me réconfortait et tentait de me comprendre. Je me souviens qu'elle ne m'a jamais jugé à ce propos, qu'elle ne m'a jamais critiquée sur ce que j'étais et elle fait partie de ses personnes qui m'ont permis de "grandir" avec ce poids. Nous passions nos soirées à parler d'Annah et d'un garçon qui lui plaisait. Nous partagions nos peines, nos espoirs et nos folies. Je me souviens d'un moment en particulier et à partir de ce jour-là, je su que je pourrais toujours compter sur elle.

COUPABLE D'ÊTREWhere stories live. Discover now