COUPABLE D'ÊTRE

CHAPITRE 17 - PARTIE 2 : "Je n'avais pas baissé mon regard"

Quelques semaines seulement passèrent, je m'habituai rapidement au rythme du lycée. Tout semblait aller à merveille: Personne ne me soupçonnait d'être différente ou quoi que ce soit, du moins c'est ce que je pensais, personne ne semblait se poser de questions à mon propos, et surtout, j'avais quelque chose d'inestimable à mes yeux: j'avais des amies adorables qui m'entouraient :Ambre et Karina. Le genre de filles avec qui on connaît tout, on vit tout: les embrouilles, les disputes, les fous rires, les moments de confidences et les grandes discussions sérieuses, les ras le bol et les grandes joies. Or, quelque chose, ou plutôt quelqu'un vint perturber soudainement mon quotidien! Je ne souhaitais pas que cela arrive et pourtant ceci arriva, si vite que je ne le vis pas venir. Je me souviendrai encore longtemps de ce fameux midi au self du lycée. 

J'étais assise à une table avec Ambre à côté de moi et Karina en face. Comme toujours, la salle était remplie de personnes, des personnes que, pour la plupart, je n'avais encore jamais vues. Je parlais avec les filles, on regardait les personnes qui nous entouraient, on rigolait, on mangeait, bref un midi comme un autre.C'est à ce moment-là que mon regard croisa celui de cette fille aux cheveux courts assise un peu plus loin. J'eus l'impression d'être foudroyée, je ressentis quelque chose qui semblait s'emparer de moi à une vitesse incontrôlée, un des plus beaux moments de ma vie, une des plus belles et des plus agréables sensations qu'une personne peut vivre: ce que les humains appellent plus communément le coup de foudre. Jamais encore je n'étais tombée amoureuse d'une personne en si peu de temps. Car oui, même en une fraction de secondes, je savais que ce que j'éprouvais était fort et incontrôlable. Elle ne me regarda qu'un instant, un instant involontaire où elle ne se rendit même pas compte de ce qu'elle avait provoqué en moi. Elle ne se rendit pas compte que je continuais toujours à la regarder, que je n'avais pas baissé mon regard. Je m'envolais si loin dans ses yeux et sa personne que les filles m'avaient entièrement perdue. Je ne les écoutais plus, je ne les entendais plus. Pendant un instant j'avais cessé d'entendre tout le bruit et le brouhaha de cette salle remplie de rires et de discussions en tout genre. Ce fut un des plus gros trous noirs de ma vie car même en y repensant, je n'arrive pas à expliquer ce qui m'est passé par la tête. Rapidement, Karina, qui avait remarqué mon égarement, tourna sa tête en direction de mon regard puis la retourna vers moi en me chuchotant d'une manière rassurante:

-"Elle s'appelle Annah et elle est en seconde 7."

Cette phrase me tira subitement de mes pensées car je compris que les filles avaient deviné, mais je compris aussi qu'elles m'acceptaient comme telle, ce qui me mit instantanément en confiance.

-"Annah comment?

-Carl

-Annah Carl" répétai-je silencieusement..