Chapitre Soixante-et-onze

Depuis le début
                                    

03:15 - RAIN : J'espère qu'il ne m'en voudra pas, parce que je vais le réveiller. Quant à toi, vilain garçon, réponds-moi avant que je ne mette la police à ta recherche. Je m'inquiète et je me trouve idiote pour ça.

Je mets mon portable en veille.

- Calvin, eh Calvin, réveille-toi.

Calvin ronfle tellement fort que ça me fait frissonner. Je suis assise à côté de lui en me donnant un air bienveillant. Lui, il ressemble a un enfant insouciant et calme. J'ai presque de la peine de devoir le réveiller. Déjà que je me sens super coupable d'avoir allumé la lumière...

- Hou hou, Calvin ?

Je secoue ses épaules. C'est incroyable comme elles sont chaudes et muclées ? Son corps doit être entré dans un sommeil profond et lourd parce qu'il ne bouge pas d'un pouce. Ce n'est pas trop mon type d'agresser les gens (et encore moins pendant leur sommeil), mais parfois il faut s'avoir distinguer la bonne manière, et la meilleure manière. Les possibilités se réduisent à mesure que je l'observe.

Je cours vers sa salle de bain pour remplir un verre d'eau. Etant donné que je n'en trouve pas, je remplie un vaporisateur transparent d'eau. Au début, je lui vaporise le visage avec. Ça provoque certaines mimiques faciales chez Calvin qui ont pour effet de me faire lâcher quelques rires. Des rires étranges parce qu'ils sont mêlés à un désir réel de ne pas faire de bruit. Je suis idiote ou quoi ? Du bruit, c'est de ça dont j'ai besoin ! C'est pour cette raison, que je dévisse la tête du spray pour vider le flacon d'eau sur le visage ensommeillé de Calvin. Tout à fait logique, Rain.

Aussitôt, il a une réaction plus officielle que son marmonnage indistinct. Ses yeux s'ouvrent avec effort en comparaison avec son corps qui, lui, se raidit à ma vue. S'il a les esprits embrouillés, il va croire que je suis une tarée qui s'introduit dans la chambre des autres pour le fun.

- En voilà des manières de réveiller les gens ! Tu es tarée ou quoi ?

J'ai envie de réfléchir à la question. Suis-je tarée ? Probablement beaucoup. Mais ce n'est pas pour ça que je suis ici.

C'est la première personne que j'entends parler après le discours de Fiorella Torres. Leurs voix n'ont rien en commun. Celle de Fiorella est un doux chant printanier pendant que celle de Calvin me ramène à la réalité sans ménagement. Elle est beaucoup plus grave que tout à l'heure quand nous avons parlé. Et beaucoup plus terrifiante.

- Désolée, Calvin, c'était pas mon intention de te réveiller.

Bien sûr.

Ses mains passent plusieurs fois sur son visage avant qu'il dirige son regard vers moi. On dirait qu'il s'est shouté à quelque chose de très fort. Sinon, je dirais qu'il gère bien la situation.

- Tu m'as balancé une bouteille d'eau à la figure. Ça ne fait aucun doute, tu voulais que je reste endormi encore bien bien longtemps

- En fait, c'était un vaporisateur transparent, mais on s'en fiche, tu crois pas ?

Il me toise en haussant un sourcil. Puis il éclate de rire. Un rire grave, plein de gaieté. Comment fait-il pour rire alors que je viens de troubler son sommeil sans presque aucun scrupule ?

- On s'en fiche bien, lance-t-il en virant la couette épurée de l'hôtel de ses jambes.

C'est là que je découvre qu'il dormait en slip. Bon, la moitié des hommes dorment en slip, et sans doute plus. Ça n'empêche que je détourne quand même le regard. On va arrêter de violer l'intimité de Calvin quand même.

HunterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant