Chapitre 32

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De quoi parle-t-elle ? Je fronce les sourcils et hausse les épaules en signe d'incompréhension, ce qui a le don de l'énerver un peu plus encore. Elle se met à fouiller dans le meuble de l'entrée, puis regarde dans mes poches. Je me recule vivement, surprise qu'elle fouine dans mes affaires de cette façon. Qu'est-ce qui lui prend ?

-De quoi parles-tu ? demandé-je enfin.

Cette question la fait réagir aussitôt. Elle redresse la tête et pointe un doigt accusateur dans ma direction.

-Ne fais pas l'innocente, Ivy. Je sais que c'est toi qui les as prises. Rends-les moi.

Elle est devenue folle, je ne vois pas d'autre explication.

-De quoi...

-Les photos ! explose-t-elle. Où as-tu mis mes photos ? C'est personnel, Ivy ! Elles sont à moi, tu n'as pas le droit d'y toucher. Et ne prétends pas ne pas savoir où elles sont. Il n'y a que toi qui as pu les prendre.

Je bloque un instant. Puis cela me revient brusquement en pleine face. Où ai-je mis les clichés ? Je pensais les avoir remis à leur place, au Nouvel An, mais maintenant que j'y réfléchis, après avoir été interrompue par Gemma, j'ai complètement oublié leur existence.

Sans me préoccuper de ma mère, je me rue vers ma chambre et fouille sous mon lit. Elles ont dû glisser en-dessous, ce soir-là, quand j'ai défait mes draps. Et effectivement, parmi des vêtements qui traînent, je les trouve.

-Sale voleuse.

Je me redresse brusquement, me cognant la tête contre le lit au passage. Ma mère se tient dans l'encadrement de la porte, les mains sur les hanches, la mâchoire contractée. Instinctivement, je serre les clichés un peu plus fort contre ma poitrine.

-Rends-les moi, poursuit-elle.

Elle avance d'un pas, tandis que je recule.

-Dis-moi d'abord qui est ce type sur les photos, ordonné-je.

-Tu n'as aucun droit de me faire du chantage.

J'éclate d'un rire jaune.

-Et rappelle-moi la dernière fois où j'ai respecté une de tes règles ? m'enquis-je en arquant un sourcil.

Ma maternelle pince les lèvres, agacée, alors que je jubile.

-Donne-les moi. C'est personnel.

-Qui est-ce ? répété-je d'un ton plus ferme.

-Ne me parle pas comme ça, jeune fille.

« Jeune fille. » Si elle croit me tenir en laisse, avec ses menaces et ses surnoms supposés menaçants, elle se trompe entièrement.

Voyant qu'elle ne réagit pas, je sors mon briquet de ma poche. J'ai craqué, tout à l'heure, et ai fumé une cigarette avant d'aller chez Nate. Mon briquet est donc près de moi, au lieu de se trouver dans mon sac, comme d'habitude. Et je dois avouer qu'à cet instant, cela m'est utile.

Mon doigt coulisse, et la flamme qui émane du petit gadget vient éclairer mon visage.

-Dis-moi qui est-ce, dis-je une nouvelle fois.

A cet instant, si je me voyais de l'extérieur, à menacer les photos de ma mère de cette manière, je me ferais peur. Mais j'ai réellement besoin de ces informations, et s'il n'y a que par les grands moyens que je peux les obtenir, eh bien, je les utiliserai. Cela ne m'effraie pas.

-Tu ne le connais même pas, riposte ma mère d'une voix sèche.

Cependant, malgré le ton qu'elle emploie, elle ne quitte pas les clichés des yeux, comme si elle craignait qu'ils ne disparaissent en fumée devant elle. Sa respiration se fait un poil plus forte.

HOMELESS (Tome 1)Where stories live. Discover now